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Freddie KING - My Feeling For The Blues (1970)
Par LE KINGBEE le 22 Octobre 2016          Consultée 3371 fois

Neuvième album studio pour le plus âgé des 3 King (Albert, B.B. et Freddie parfois appelé Freddy). Véritable force de la nature, Freddie Myles (son vrai nom) a connu une enfance pauvre, il pourrait représenter l’image que l’on se fait parfois du pauvre noir s’escrimant dans les champs de coton. Il échappe quelque peu à cet univers éreintant en se mettant à la guitare dès six ans au contact de son oncle, Leon King, et se sa belle mère. Au tout début des fifties, contrairement à la tradition voulant que les sudistes aillent grossir les rangs migratoires en Californie, c’est à Chicago qu’il s’installe pour bosser dans une aciérie. Là, il côtoie Robert Lockwood, Eddie Taylor, Memphis Slim, Willie Dixon, Jimmy Rogers, joue brièvement dans l’orchestre d’Howlin’ Wolf. Longtemps influencé par le jeu de guitare de T. Bone Walker, le jeune Freddie fait évoluer son répertoire au contact des nouveaux musiciens du West Side (Otis Rush, Luther Allison, Magic Sam). En 1953, il grave son premier single pour le label Parrot. Cinq ans plus tard, il est embauché grâce au pianiste Sonny Thompson par Syd Nathan, patron du label King, (cela ne s’invente pas !) qui veut concurrencer en Blues les nouveaux groupes instrumentaux (Ventures, Shadows) qui commencent à inonder les ondes.

La carrière du géant va rapidement décoller. Certaines de ses chansons se transformeront en hits. En 1961, pas moins de six singles rentrent dans les hits parades Pop (« Hide Away », « San-Ho -Zay », « I’m Tore Down »), fait rare à l’époque pour un artiste noir. Au début des sixties, il s’établit à Dallas. C’est à cette époque que le guitariste incorpore divers éléments (vocaux et rythmiques) propres au répertoire de BB King. Alors que son succès s’estompe peu à peu, son contrat le liant à King Records s’achève en 1966, le guitariste va rebondir chez Cotillion, une filiale du label Atlantic, par le biais de King Curtis. Mais du milieu des sixties jusqu’au début de la décennie suivante, l’influence du guitariste sur les nombreux groupes de Blues et de Blues Rock anglais n’aura jamais été aussi grande. L’influence de Freddie King sur les jeunes blancs becs anglais va s’accentuer dès 1969 avec l’arrivée de Jack Calmes, un manager blanc qui contribuera à programmer le guitariste au Texas Pop Festival et dans les plus grosses tournées. Désormais, Freddie se produit sur les mêmes affiches que Led Zep, Ten Years After, BB King ou Sly And The Family Stone. Freddie King est redevenu une vedette.

Embauché par Atlantic Records, c’est chez Cotillion filiale axée principalement sur les registres Blues, Soul, mais aussi sur la Pop Rock que Freddie King met en boite son second album. L’année précédente le disque « Freddie King Is A Blues » Masters s’est bien vendu. Là, l’ambiance est curieuse dans les studios d’Atlantic, il faut dire que Lord Sutch vient de mettre en boite un album en compagnie de Jimmy Page, John Bonham et Jeff Beck. Chez Atlantic on n’est pas trop habitué à ce genre de sonorité qui tiendrait plus du brouhaha que de la mélodie jazziste ou bluesy classieuse. Epaulé par une équipe choisie et triée sur le volet par King Curtis, Freddie va conclure son second et dernier album pour la firme en beauté. Tout semble délié, huilé comme la meilleure des machines, un vrai papier millimétré. Hormis un titre arrangé par King Curtis (le sax est très pris), les dix autres faces bénéficient du soutien de Donnie Hathaway. Le guitariste peut compter sur une solide troupe rivalisant de feeling et de groove. On retrouve ici les sax George Coleman (ex BB King, Chet Baker, Miles Davis), Frank Wess (ex Count Basie, Gene Ammons, Johnny Hodges ou Milt Jackson), Trevor Lawrence (sideman pour Paul Butterfield, Roberta Flack et King Curtis), Willie Bridges (ex King Curtis, Aretha Franklin, John Hammond), les trompettistes Ernie Royal (Duke Ellington, Count Basie, Illinois Jacquet ou Aretha Franklin) et Martin Banks (Dexter Gordon, Ellington, Hampton, Ray Charles) mais également le pianiste George Stubbs (ex Sam Cooke, David « Fathead » Newman) le bassiste Jerry Jemmott (Aretha, King Curtis, Nina Simone, Howard Tate) le batteur Kenneth Rice (Ex King Curtis, Harry Belafonte), le guitariste Cornell Dupree (ex Esther Phillips, Wilson Pickett, Lena Horne et Gabor Szabo) et enfin de l’harmoniciste Hugh McCracken (ex Left Banke, Laura Nyro, BB King) sans oublier l’ami King Curtis intervenant sur deux morceaux. Bref ces différents curriculums pourraient remplir un bottin. Si les membres de la section cuivre sont d’éminents accompagnateurs de Jazz, l’entente et la corrélation avec le guitariste s’établissent dès la première note. Sur la pochette dorsale, Freddie King explique qu’il considère T. Bone Walker et BB King comme ses grands maîtres, mais insiste aussi sur le jeu de guitare de Kenny Burrell. Le guitariste explique aussi qu’il frotte sa six cordes avec des bagues et des médiators, une bonne chose pour un colosse qui avait des doigts aussi épais que des saucisses, de manière à ne pas avoir les doigts trop endoloris.

Alors, il parait extrêmement complexe de ressortir un titre plus qu’un autre. Ici c’est un peu comme dans le cochon … tout est bon, à tel point qu’on s’en ferait péter la panse. Dès les premières notes de « Yonder Wall », un titre gravé par Elmore James, on se rend compte que le guitariste dépasse les frontières du Texas Blues et de Chicago pour asséner une sonorité dont lui seul avait le secret. La guitare nappée de cuivres fait des étincelles et relègue au second rang les précédentes interprétations de Little Junior Parker ou d’Earl Hooker (pourtant canon). Freddie reprend le « I Wonder Why » de l’autre King (BB) et parvient à nous faire dresser l’épine dorsale. Quel Feeling !
Grand classique de T.Bone Walker, « Stormy Monday » a connu au fil des années de superbes interprétations (Don Hines, Them) mais la version feutrée du géant relègue à des années lumières celle de Little Milton ou de Mayall et ses Bluesbreakers. Là on n’est dans un autre monde. Il faut bien tendre l’oreille pour reconnaitre « I Don’t Know », l’un des rares hits de Willie Mabon, rien à voir avec la future reprise des Blues Brothers. On ne compte plus la kyrielle d’artistes qui s’est attaqué au « What’d I Say » hit interplanétaire de Ray Charles. S’il fallait retenir les meilleures versions, nul doute qu’outre l’originale du Genius, celles de Jerry Lee Lewis, Clifton Chenier et Barbara Lynn en duo avec Joe Young figureraient dans le peloton de tête. Et bien la présente relecture est d’un niveau similaire. King se montre encore dans son élément en reprenant dans une version feutrée« Ain’t Nobody’s Business What We Do » de Jimmy Witherspoon, une variante d’un vieux vaudeville d’Anna Meyers & The Original Memphis Five. Histoire de ne pas paraitre trop partisan, on peut préférer la version Live que le texan donnera en 74 à l’Electric Ballroom. Freddie rend encore un bel hommage à BB King avec une relecture savoureuse du vieux « Woke Up This Morning » issu d’un single RPM de 53. Le classique « Things I Used To Do » a beau avoir été rabâché, Freddie King y apporte une démarque rurale qui contraste avec le reste du disque. Autre grand moment avec « My Feeling For The Blues » qui donne son titre à l’album et aurait mérité une ou deux minutes supplémentaires. S’il fallait désigner la pièce faible de l’album, on pourrait se retourner sur « You Don’t Have To Go », le standard Vee Jay gravé par Jimmy Reed en 54 qui n’apporte rien d’exceptionnel. Serions-nous devenus d’un coup trop exigeant ?

Avec cet album, Freddie King marquait en fanfare la nouvelle décennie. Un disque enregistré il y a presque un demi-siècle n’ayant pas pris une ride, tant au niveau des arrangements, de la production que du phrasé et du feeling incroyable de ce géant du Blues.

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- Freddie King (guitare, chant)
- Cornell Dupree (guitare rythmique)
- Kenneth Rice (batterie)
- Jerry Jemmott (basse)
- Goerge Coleman (saxophone)
- Frank Wess (saxophone)
- Trevor Lawrence (saxophone)
- Willie Bridges (saxophone)
- Ernie Royal (trompette)
- Martin Banks (trompette)
- George Stubbs (piano)
- King Curtis (saxophone 2, marimba 6)
- Hugh Mccracken (harmonica 8 -10)


1. Yonder Wall.
2. Stumble.
3. I Wonder Why.
4. I Don't Know.
5. What'd I Say.
6. Ain't Nobody's Business What We Do.
7. You Don't Have To Go.
8. Woke Up This Morning.
9. The Things I Used To Do.
10. My Feeling For The Blues



             



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