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Freddie KING - Burglar (1974)
Par LE KINGBEE le 13 Février 2017          Consultée 2478 fois

Nous sommes en 1974 et les choses vont bien pour Freddie KING. Le colosse mange toujours autant, s’adonne à sa passion (le bloody mary), distribue les interviews avec sa gentillesse légendaire, et surtout il n’arrête pas de tourner, se confrontant ainsi aux différents fuseaux horaires. Le guitariste est devenu une attraction bluesistique que tout le monde s’arrache mais notre super guitariste passera malheureusement dans l’essoreuse à salade deux ans plus tard. Trop gentil, trop-bon-trop-con, comme on dit ! On ne m’ôtera pas l’idée que la santé du bluesman américain n’était pas la préoccupation première des tourneurs et des grands décisionnaires de sa maison de disque. Après son passage chez Shelter Records, Freddie atterrit chez RSO Records, le label de Robert Stigwood, à l’instigation de Clapton, l’un de ses fans parmi les plus fervents. Hormis un titre, tout est enregistré au Chipping Norton Studios à Oxford chez les rosbeef. Il s’agit en fait du second studio du label Blue Horizon du producteur Mike Vernon. C’est dans ce même lieu que Gerry Rafferty enregistrera Baker Street et les Quo In The Army Now.

C’est sous le chaud climat d’Oxford, au nord ouest de Londres, que le père Freddie KING vient poser sa guitare. Le pauvre gars est venu tout seul comme un grand. L’australien Robert Stigwood, installé en Angleterre depuis une vingtaine d’années, a décidé que Freddie serait épaulé par une troupe d’Anglais. Il faut bien convenir qu’économiquement parlant, cela se résume dès le départ à quatre ou cinq billets d’avion gagnés. Et oui, on commence déjà à rogner au maximum. Et puis, cela permet aussi de faire plaisir à quelques copains du terroir qui joueraient presque des coudes pour accompagner le Texan. Cela se comprend.

Revenons à notre album. On a fait appel à une troupe d’Anglais solide et cohérente. La mise en place est au demeurant aisée, la plupart de ces gars jouent ensemble au sein de Gonzales, l’un des premiers groupes anglais de Funk et de R&B. Les gars viennent de servir de backing à Slade et à Nektar (un groupe de Rock Prog). On a donc là des musiciens qui peuvent plus ou moins évoluer sous plusieurs registres. Malgré un a priori peut-être mal placé, il faut bien convenir que ces Anglais ne font pas plus mal, loin s’en faut, que l’équipe Shelter de Leon Russell. Les Anglais ont bien compris qu’il fallait rester simples, la meilleure façon de lancer Freddie KING sur de bons rails, car c’est bel et bien la guitare et le chant du Texan qui intéressent les auditeurs.

Grand seigneur, le bon Freddie reprend "Pack It Up", le titre de gloire de Gonzales, dans une version moins funky que l’originale. On ignore si cette reprise a été imposée ou s’il s’agit d’un geste de remerciement de la part du guitariste envers les Anglais, toujours est-il qu’on a le droit à une excellente reprise, peut être la meilleure avec celle de Tab Benoit & Louisiana Leroux. Postérieurement, plusieurs groupes reprendront le morceau (Pat Travers, Joanna Connors, Michael Burks, Pat Travers ou Joe Bonamassa), mais aucune version ne vaut, à notre humble avis, celle de Freddie KING. CQFD, on n’est pas un King pour rien. Cette bonne mise en bouche annonce les prémices de bons moments : l’humoristique "My Credit Didn’t Go Through", une compo de General Johnson leader de The Chairmen Of The Board, laisse une bonne impression. On notera que le dit General n’enregistrera sa chanson qu’après Freddie KING. Le Texan s’attaque ensuite au standard de JJ CALE "I Got The Same Old Blues". Si la basse est bien ronde et la guitare souvent aérienne, de nombreux lecteurs resteront attachés à la version originale ou à celle de Lynyrd SKYNYRD. La cadence décélère avec "Only Getting Second Best", une petite pépite de slow blues entrecoupée par un solo dévastateur portant la pâte du KING.

Viennent ensuite s’enchaîner deux titres coécrits par Freddie et les Anglais, "Texas Flyer" et "Pulp Wood", deux pièces dynamiques dans lesquelles la guitare endosse le costume du premier rôle. Autre grand passage de slow soul avec "She’s A Burglar", une œuvre de Jerry Ragavoy gravée par Howard Tate. Le chant s’avère plus virulent que celui de Tate mais se retrouve parasité par des chœurs qui ne semblaient pas indispensables, tandis que la guitare qui se fait stridente touche sa cible à chaque note.
Bien évidemment, CLAPTON s’intègre à l’album le temps d’un titre (le seul produit sous la houlette de Tom Dowd) avec "Sugar Mama", une vieille compo de Mel London écrite pour Muddy WATERS en 1955. Outre CLAPTON, on retrouve quelques-uns de ses futurs accompagnateurs: le claviériste Dick Sims, le bassiste Carl Raddle (ex Derek & The Domino), le batteur Jamie Oldaker (ex Bob Seger et futur Ace Frehley) et le guitariste George Terry. Le titre le moins captivant de l’album faisant office de remplissage.

Le colosse s’attaque à "I Had A Dream", un inusité gravé par Johnnie Taylor pour la Stax. La présente version propose une version plus orientée sur la partie guitare. Le piano de Brian Auger se fait discret par rapport à l’original. L’album se clôt avec l’envoûtant "Let The Good Times Roll". Ce titre prête parfois à confusion, il existe en effet deux homonymes avec les compostions du tandem Shirley & Lee et celle de Louis Jordan. La reprise dont il est ici question est en fait celle de "Come On", œuvre d’Earl King pour Imperial. Cette chanson reste principalement connue grâce à la reprise de Stevie Ray Vaughan & Double Trouble. Il suffit d’écouter la version de Freddie KING pour savoir à qui SRV a repiqué certains plans de gratte. Le morceau a connu au fil des ans de bonnes interprétations (Pee Wee Crayton, Jimi Hendrix Experience, jusqu’au récent massacre de Steve Miller Band) mais le colosse et ses potes anglais nous en délivrent une version enthousiaste.

Burglar, l’antépénultième album de Freddie KING, nous paraît un brin supérieur aux précédentes productions Shelter. L’équipe anglaise qui épaule le guitariste n’en rajoute pas, les sidemen se montrent cohérents, jouent simple en se laissant guider par le phrasé fantastique du Texan. Résultat, un excellent album de Texas Blues, malgré un manque de compositions.

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- Freddie King (chant, guitare)
- Bobby Tench (guitare rythmique)
- Eric Clapton (guitare rythmique 8)
- George Terry (guitare rythmique 8)
- Delisle Harper (basse)
- Steve Feronne (batterie)
- Jamie Oldaker (batterie 8)
- Ron Carthy (trompette)
- Chris Mercer (saxophone)
- Mick Eves (saxophone)
- Steve Gregory (saxophone)
- Bud Beadle (saxophone)
- Ray Davies (claviers)
- Brian Auger Orgue 4-7-9)
- Dick Sims (orgue 8)
- Pete Wingfield (piano 2-5-6-7-9-10)
- Mike Vernon (percussions 1-3-5-6)
- Pat Arnold (chœurs 2-7-10)
- Misty Browning (chœurs 2-7-10)
- Vie (chœurs 2-7-10)


1. Pack It Up.
2. My Credit Didn't Go Through.
3. I Got The Same Old Blues.
4. Only Getting Second Best.
5. Texas Flyer.
6. Pulp Wood.
7. She's A Burglar.
8. Sugar Sweet.
9. I Had A Dream.
10. Let The Good Times Roll.



             



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