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Freddie KING - Freddie King Is A Blues Master (1969)
Par LE KINGBEE le 23 Novembre 2016          Consultée 3147 fois

Ah … … Quel pied! Voici le genre de disque adéquat à écouter aujourd’hui. Le Groove, la subtilité de l’œuvre, le phrasé de guitare, sans parler du velouté des arrangements et de l’orchestration parviennent à effacer l’arrière goût désagréable que certains n’auront certainement pas manqué de ressentir en ce jour d’élection présidentielle. Les américains viennent d’élire leur 45ème Président, un certain Donald. On peut penser que beaucoup lui préfèreront Donald Duck, le célèbre canard râleur parfois colérique inventé par Dick Lundy au milieu des années 30.

Fermons cette triste parenthèse pour revenir à nos moutons et à la musique. Nous sommes en 1968, Freddie KING est revenu dans son Texas natal depuis quelques temps. Le guitariste n’a plus rien enregistré depuis plus de trois ans, soit à la fin de son contrat avec le label King de Syd Nathan. Certes le label a bien édité depuis deux ou trois singles sur sa sous-marque Federal (il faut bien vivre comme disait l’autre), mais le dernier disque de Freddie King remonte à 1965. King (le label) s’était mis en tête de lui faire enregistrer 11 instrumentaux inspirés de la série télé Bonanza. Il est vrai que l’Industrie du Disque marchait déjà sur la tête depuis quelques temps.

A la fin des sixties, le nom de Freddie KING revient à l’ordre du jour. Il faut dire que de nombreux bluesmen anglais ne jurent que par lui, à commencer par John MAYALL, Eric CLAPTON. Johnny WINTER, l’albinos texan, déclarait à cette époque que Freddie demeurait sa plus grosse influence. Donc en 1968, si Freddie KING se produit toujours dans les grands festivals, il a complètement disparu des studios d’enregistrements. King CURTIS, célèbre saxophoniste, arrangeur, directeur artistique et producteur de la maison Atlantic, lui propose d’enregistrer un album sur la filiale Cotillion Records. Nouvellement créé, Cotillion a édité près d’une vingtaine de 45 tours (Otis Clay, Brook Benton, Lou Johnson) et entend se lancer dans le marché du 33 tours. Freddie KING est donc recruté fin 68 sur l’insistance de King Curtis, son compatriote texan.
Le guitariste est envoyé à New York dans les studios d’Atlantic, là où Cream, Aretha FRANKLIN et LED ZEP viennent d’enregistrer. Entouré d’une nouvelle équipe placée sous la houlette de King Curtis, le guitariste grave 12 titres d’anthologie. Dans un premier temps, Cotillion se fait la main avec un single regroupant « Funky », un instrumental coécrit par King et Curtis, et « Play It Cool » une merveille de blues lent. Le single se vendant correctement, cela incite les dirigeants d’Atlantic à sortir un album complet issu de cette session. Il faut dire que les trois premiers albums publiés par Cotillion (le premier n’est même pas sorti) n’ont pas cassé la baraque. Brook Benton avec « Do Your Own Thing » et le groupe de Rock Psyché Mr. Flood Party avec un album éponyme ont fait chou blanc. Il faut donc taper fort avec un nouveau disque, d’autant qu’il n’est jamais facile de connaître le succès quand un label vient de se monter.

King Curtis décide de faire appel à une nouvelle équipe dont les membres sont davantage orientés sur le Jazz, la Soul et le R&B. On est donc loin ici des configurations du Texas Blues souvent très énergiques. On retrouve ici Billy Butler, guitariste attitré du label Prestige, ancien accompagnateur d’Illinois Jacquet, Memphis Slim, Jimmy Smith et équipier de Bill Doggett. Une section rythmique d’enfer avec le bassiste Jerry Jemmott, une découverte de King Curtis (il vient d’officier auprès d’Aretha FRANKLIN, George BENSON, Nina SIMONE) et le batteur débutant Norman Pride (futur Bernard Purdie, Yusef Lateef, Gil Scott Heron). Pour adoucir la sauce, Curtis a enrôlé deux organistes : James Booker, pianiste de la Nouvelle Orléans (ex Fats DOMINO, Lloyd Price et Smiley Lewis) et Gary Illingworth (ancien membre de Washington D.C.’s, des Shondells de Tommy James, et accompagnateur pour Aretha FRANKLIN, Jackie De Shannon et du jazzman Freddy Hubbard). Afin d’apporter une consistance plus cuivrée, plus représentative du répertoire Blues et R&B de la firme Atlantic, Curtis décide d’embaucher une grosse section cuivre avec les saxophonistes Willie Bridge (ex Quincy JONES, Aretha FRANKLIN et membre des Kingpins l’orchestre de Curtis) et David « Fathead » Newman (sax star de Ray CHARLES) et des trompettistes Joe Newman (ex Count BASIE, Johnny Hodges et Illinois Jacquet), Melvin Lastie (ex Big Joe Turner, Sam COOKE, Aretha FRANKLIN et membre des Kingpins) et Martin Banks (ex Count BASIE, Duke ELLINGTON, Jimmy Witherspoon, Ray CHARLES). Alors qu’il ne devait initialement s’occuper que de la production et des arrangements, King Curtis se prête au jeu et décide de venir grossir au sax la section cuivre. Cette liste de sidemen pouvait laisser envisager le meilleur et 48 ans après la sortie de cette pépite, il convient d’avouer que King Curtis et Freddie King ne se sont pas trompés sur le choix des titres et des différents accompagnateurs.

Si « Funky » et « Plat It Cool » ont eu les faveurs de Cotillion pour figurer sur l’unique single de cette session, cet album propose d’autres pièces de choix. Hormis « Hideaway », grand succès du guitariste, celui-ci n’est pas venu les mains vides : il a composé deux nouveaux titres « Play It Cool » et l’instrumental « Wide Open » auxquels viennent s’ajouter les compositions de King CURTIS écrites spécialement pour le disque : les instrumentaux « Hot Tomato », « Sweet Thing » et « Let Me Down Easy », titre sans rapport avec le succès de Bettye LaVette. On rajoutera l’excellent « Funky », une chanson coécrite par Curtis et le guitariste. A noter que Cotillion aura plus ou moins regroupé ces différents titres sur une même face.
La face A est presque exclusivement composée de reprises. Freddie King s’attaque au « That Will Never Do », un titre gravé par Little Milton en 1958 pour le label Boppin. Si cette chanson a connu de belles interprétations (Hip Linkchain en 1981, Otis Rush et Jimmy Johnson en 1994) celle de Freddie KING gardera notre préférence avec une guitare qui touche la cible à chaque note, un chant inspiré et la grosse ligne de basse de Jerry « Groovemaster » Jemmott. « It’s Too Late, She’s Gone », une ballade sucrée mise en boîte par Chuck Willis en 56 pour Atlantic, bénéficie d’une relecture nettement moins guimauve et pour tout dire plus attractive et plus moderne que les soupes de Roy ORBISON, des Crickets ou de Ted Taylor. A noter que cette piste sera aussitôt reprise dans les semaines suivantes par Derek & The Dominos dans l’album « Layla And Other Assorted Love Songs ». Bonne pioche que l’old time « Blue Shadows », une vieille compo du pianiste Lloyd Glenn pour Lowell Fulson gravée en 1950 pour Swing Time Records. Là, il faut avoir l’oreille bien propre pour reconnaître le titre d’origine tant la guitare cristallise l’attention. Une orchestration, un chant bien en place et un groove d’une limpidité rare suffisent parfois à redonner vie à une antiquité. Même impression avec « Today I Sing The Blues », un titre old time de Curtis Lewis gravé dès 1948 par Helen Humes et repris par Sam Cooke et Aretha dans des versions trop sirupeuses. Dernière bonne pioche avec le standard d’Allen Toussaint « Get Out Of My Life, Woman », titre popularisé par Lee Dorsey et cuisiné à toutes les sauces (Blues, Soul, Rock British, Rock Psyché), dont la présente version nous paraît supérieure à celle de l’autre King, Albert. On signalera néanmoins la version phénoménale de Mel Brown enregistrée en 2000.

Ce disque, véritable référence en matière de Blues seventies, n’offre pratiquement que des chefs-d’œuvre, tout semble huilé à la perfection et aucun grain de sable ne vient enrayer cette formidable machine. Le titre de l’album n’a rien ici de présomptueux et Freddie KING prouvait encore ici toute l’étendue de son talent et de son feeling. Dernière précision, on ignore la date exacte d’enregistrement de cette pépite, elle n’est curieusement pas répertoriée dans la sessionography d’Atlantic et aucune indication ne figure dans le disque. On peut supposer que King Curtis a réuni ce beau parterre de musiciens les 6 et 7 février 68 profitant d’une séance personnelle.

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- Freddie King (chant, guitare)
- Billy Butler (guitare)
- Jerry Jemmott (basse)
- Norman Pride (batterie)
- David 'fathead' Newman (saxophone)
- Willie Bridges (saxophone)
- King Curtis (saxophone)
- Martin Banks (trompette)
- Melvin Lastie (trompette)
- Joe Newman (trompette)
- James Booker (claviers)
- Gary Illingworth (claviers)


1. Play It Cool.
2. That Will Never Do.
3. It's Too Late, She's Gone.
4. Blue Shadows.
5. Today I Sing The Blues.
6. Get Out Of My Life, Woman.
7. Hideaway.
8. Funky.
9. Hot Tomato.
10. Wide Open.
11. Sweet Thing.
12. Let Me Down Easy.



             



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