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Freddie KING - Texas Cannonball (1972)
Par LE KINGBEE le 20 Décembre 2020          Consultée 1144 fois

En 1972, Freddie KING enregistre son second disque pour l’écurie Shelter Records fondée par le pianiste Leon Russell et le producteur Denny Cordell. Depuis deux ans et l’arrivée d’un nouveau distributeur (Capitol) le label essaie de se faire connaitre dans le monde du Rock. Si la maison de disque sert de tremplin à Leon Russell et si JJ CALE a enregistré deux albums "Naturaly" et "Really", la figure de proue du label se nomme toujours Freddie KING.

Enregistré en deux parties, une première à Memphis aux célèbres Ardent Studios, et une seconde aux Skyhill Studios de Los Angeles, le propre studio d’enregistrement de Russell basé sur les collines d’Hollywood, ce disque étonne par son orientation Rock. Si "Getting Ready" ne proposait aucune composition du guitariste, le colosse a pris soin cette fois d’en apporter une dans ses bagages. A la lecture de ces lignes, on pourrait croire que le bon Freddie ne s’est pas foulé, mais notre bonhomme est sans cesse sur la route, il se produit environ 300 fois à l’année et ses créations sont de plus en plus rares, faute de temps.
Dans l’urgence le batteur Chris Blackwell et Russell écrivent deux titres s’accréditant au passage les mérites de "Big Legged Woman" ⃰, en réalité un titre d’Israel Tolbert enregistré en 1970 pour le label de Memphis Warren Records. Leon Russell a cependant l’idée et le temps de concocté un autre titre avec "I’d Rather Be Blind". Afin de compléter l’album, Freddie King, Russell et Cordell décident de reprendre trois titres issus des standards Blues. De manière à coller aux tendances de l’époque et compléter le disque, les deux producteurs intègrent trois faces dédiés au Rock et à la Soul. Choix surprenant mais destiné aux nombreuses stations de radio FM. C’est que Freddie King, après quelques années d’essoufflement à partir du milieu de la décennie antérieure, est devenu une vedette incontournable, adulée par de nombreux bluesmen britanniques (CLAPTON, GREEN, WEBB).

Pour épauler le guitariste, Russell et Cordell font appel au batteur maison Chuck Blackwell, au guitariste Don Preston ° et au bassiste Carl Radle (ex Derek & The DOMINOS), trois musiciens ayant collaboré avec Joe COCKER sur l’album "Mad Dogs & Englishmen" et sessionmen attitrés du label Shelter. L’organiste maison John Gallie (ex Albert King) vient aussi se greffer sur les cinq premiers titres.
Dès les premières notes, l’orientation s’ancre dans une sonorité Rock. Si l’intro de piano de "Lowdown In Lodi" pouvait évoquer un Rag Boogie, la guitare prend vite les rennes de l’attelage, le chant volontaire et le jeu de guitare du colosse sont les meilleurs atouts du titre, l’accompagnement manquant de finesse. Si le titre de FOGERTY a été repris entre temps par moult countrymen, l’interprétation de Freddie ne fait pas oublier l’original et nous parait même en dessous de celle d’Al Wilson. Grand succès de Lowell Fulson, "Reconsider Baby" a fait l’objet de multiples essais souvent mal transformés. Le King PRESLEY en donnait une version un brin enfantine spécial midinettes; Ici Freddie nous balance un excellent slow down blues bien velouté, les notes sont souvent tranchantes et visent la cible plein centre au bon moment, quel dommage que la seconde guitare ne parvienne pas à suivre la cadence s’intercalant mal entre la guitare du texan et l’orgue de Gallie. Une version inférieure à celles de Junior PARKER, Al King ou des anglais de CHICKEN SHACK. "Big Legged Woman" pourrait à lui seul servir de synthèse à cette face A. Si le phrasé de guitare du géant frise encore une fois les sommets, l’accompagnement manque de souplesse et surtout de délicatesse. Cette session hollywoodienne s’achève sur deux compo de Russell: "Me And My Guitar" vaut essentiellement pour son jeu de guitare, quoi de plus normal avec un tel titre. Repris par Tommy Castro, le titre semble toujours tendance, Peter FRAMTON le reprenant dans son dernier recueil. Cette face A se termine bien mieux qu’elle avait commencé avec "I’d Rather Be Blind", un mid tempo dans lequel les accompagnateurs se contentent de jouer sans en rajouter.

Dix secondes suffisent pour s’apercevoir que la seconde face va nous proposer des pièces plus captivantes au niveau de l’orchestration et du feeling. Petite pépite méconnue de Deep Soul, "Can’t Trust The Neighbor" une compo du tandem Hayes/Porter avait été enregistrée par Johnnie Taylor dans une veine issue du meilleur tonneau. Là avec une autre équipe, Freddie King se réapproprie carrément le titre. Tout ici semble huilé comme une formidable machine, avec une rythmique d’enfer et un Russell qui n’en fait pas trop restant sous la bonne garde d’Al Jackson et "Duck" Dunn, la rythmique maison du label Stax. Arrive enfin l’unique composition du guitariste et le moins qu’on puisse se dire c’est qu’il ne s’est pas trop emmerdé le Grand Freddie, ii a changé un mot d’un titre d’une chanson du Soulman ZZ Hill, modifié les arrangements et quelques accords et le tour est joué. Il n’en demeure pas moins que King et ses sbires nous balancent là une petite pépite de Texas Blues pleine de douceurs. Succès d’Howlin’ WOLF (alias Chester Burnett), "How Many Years More" valait par le duel d’harmonica et de piano auquel se livraient le Loup Hurlant et Otis Spann. Ici sous un rythme bien tempéré, King superbement accompagné avec sobriété nous offre une démonstration de guitare. Le guitariste nous surprend encore là où on ne l’attend pas via le best seller de Bill WITHERS "Ain’t No Sunshine", un Folk Soul baignant ici dans une sauce bleue du meilleur effet, d’autant plus que le titre archi rabâché ne s’éternise pas. Le disque se clôt sur "The Sky Is Crying", compo d’Elmore JAMES, l’un des rois de la slide. Alors que les repreneurs s’acharnent à nous assener des démonstrations de guitare ou de slide, c’est presque à celui qui en mettra le plus parterre, Freddie nous balance une version hyper douce, les notes touchent à chaque fois et vont à l’essentiel. Une fois encore l’accompagnement reste irréprochable.

La pochette de Jim Franklin ▪ illustrée de plusieurs Pangolins censée nous orienter vers un disque de Blues tendance Psy peut s’avérer trompeuse, on a entre les mains un bon disque alliant Texas Blues et un Blues patiné de Rock. Si la première face déçoit avec un accompagnement qui ne nous semble pas à la hauteur du talent de cet immense guitariste, la face B remet les pendules à l’heure avec la crème des musiciens de Memphis et de la Stax. Ajoutons que la production de Denny Cordell plus soignée et plus sobre que celle de Leon Russell parait mieux correspondre à la palette sonore de Freddie King. Alors si la face A vaut un tout petit 3, la seconde mérite un bon 4, d’où une notation générale de 3,5.

⃰ Titre homonyme à ceux de Johnnie Temple et Jimmy Williams.
° Homonyme au claviériste membre des Mothers Of Invention.
▪ Jim Franklin doit faire une fixette sur le pangolin, l’animal figure sur quelques une de ses pochettes réalisée pour Commander Cody, Black Grass et Shiva’s Headband et John Reed.

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   LE KINGBEE

 
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- Freddie King (chant, guitare)
- Don Preston (guitare 1-2-3-4-5)
- Carl Radle (basse 1-2-3-4-5)
- Donald 'duck' Dunn (basse 6-7-8-9-10)
- Chuck Blackwell (batterie 1-2-3-4-5)
- Al Jackson (batterie 6-7-8-9-10)
- Jim Gordon (percussions 1-2-3-4-5)
- Leon Russell (piano, orgue 1-2-3-4-5)


1. Lowdown In Lodi
2. Reconsider Baby
3. Big Legged Woman
4. Me And My Guitar
5. I'd Rather Be Blind
6. Can't Trust Your Neighbor
7. You Was Wrong
8. How Many More Years
9. Ain't No Sunshine
10. The Sky Is Crying



             



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