Grand Funk Railroad fait partie de ces groupes qui n'ont connu le succès que brièvement, mais qui ont su inscrire leur nom au panthéon du rock grâce à une popularité immense à un moment donné de leur histoire.

Encore assez ignorée en Europe, cette formation a surtout connu le succès aux USA, où chacun de ses albums se vendait par millions à la fin des années 60, et au début des années 70.
Pas super-inventif, développant un proto-hard minimaliste, aux influences diverses allant de Led Zeppelin au Rythm and Blues noir américain, Grand Funk Railroad a su profiter de l'engouement populaire pour le rock bruitiste après la fin du flower power pour se faire une place au soleil.
S'il est aujourd'hui difficile de retenir un seul titre, un seul album dans leur foisonnante discographie, le trio n'ayant jamais eu de véritable hit en dehors des USA, quelques albums méritent tout de même l'attention, notamment leur premier : "On Time", paru en 1969.

Composée de dix titres, cette galette est une des meilleures du Railroad, une des pièces-maîtresses de ce que l'on nommait "le rock de Detroit" (la ville de l'automobile ayant livré quelques excellents groupes à cette époque : The Stooges ou les fabuleux MC5, puis Kiss), c'est à dire une musique binaire, mais crue, souvent bruyante, sans l'inspiration géniale des groupes anglais de l'époque (Led Zep, Sabbath, Deep Purple...) aux guitares saturées, à la batterie tapageuse, et à la basse pachydermique. Comment décrire une chanson du Grand Funk Railroad ?
Simplement : les rythmes sont tour à tour légers ("High on a Horse"), pesants ou dévastateurs ("Are you Ready ?"), les riffs de guitare s'étirent jusqu'à l'agonie, le tout formant une sorte de "longue improvisation organisée", articulée autour d'un thème central auquel viennent se greffer des changements de rythmes prévisibles, et des cassures assez sympathiques pour rompre la monotonie de l'ensemble ("Anybody's Answer") avec des refrains parfois répétés inlassablement ("Heartbreaker").
Les influences blues sont bien évidemment très présentes ("Time Machine"),tant et si bien que les arrangements rappellent parfois Canned Heat ou le rock sudiste (Allman brothers, Lynyrd Skynyrd).
Comme il était de coutume à l'époque, tout bon album se devait de comporter un solo de batterie, et c'est chose faite au milieu de "T.N.U.C.", un solo qui est à l'image de l'album, sympa mais pas transcendant, auquel il manque l'étincelle qui transforme le bon en génial (un hit du style "Stairway to Heaven", "Paranoid" ou "Smoke on the Water"), celle qui distingue les groupes appartenant au patrimoine du rock de ceux qui en sont les plus belles pièces.


A cause de chansons parfois trop lassantes, voire totalement dénuées d'inspiration ("Into the Sun" ou "Can't be Long"), certains critiques ont même après-coup accusé le groupe d'avoir "tué le rock n'roll"...
Nonobstant tout ce qui précède, Grand Funk Railroad parvient quand même à séduire l'auditeur, à se laisser écouter, preuve que la foi dans la musique ainsi que le charme typique des groupes de l'époque peuvent faire oublier un temps le manque d'originalité.

Grand Funk Railroad, un groupe convenu, mais pas incongru.