Supertramp est à SUPERTRAMP ce que Trespass est à GENESIS, sorti de plus la même année en 1970. Un album à la fois mordant et bucolique, empreint d'un climat charmeur et d'une maturité que ne possèdent pas les autres albums de leurs discographies respectives, aussi grandioses soient-ils.
Toutes les chansons sont réellement bonnes, mais il est clair que tout cela n'a pas grand-chose à voir avec tout ce qui suivra. Roger HODGSON et Rick DAVIES ainsi que leur acolyte Richard PALMER nous offrent sur le plan composition un rock à tendance plutôt progressive qui conserve la marque des débuts du genre, lorsque tout était à faire et que les talents naissaient de partout, surtout en Angleterre. Supertramp à l'époque en faisait déjà partie, et cela se sent dans l'urgence d'une telle création. Solidement appuyés sur la batterie de Robert MILLAR, le groupe délivre de puissants morceaux rock plus ou moins complexes ("It's a Long Road", "Maybe I'm a Beggar") mélangés à de sublimes titres d'ambiance plus acoustique ("Aubade", "Shadow Song", sans oublier bien évidemment "Surely") et amène le tout à se "marier" avec la plus grande maîtrise, car il n'y a que de cette manière que l'on peut qualifier le fabuleux pavé de 12 minutes "Try Again".
1970 était donc une grande année, même si ce disque ne leur a rien apporté sur le plan financier et qu'il faudra attendre plus de vingt ans pour que l'on commence à en reconnaître la valeur. Les instrumentistes sont en place (l'orgue vrombissant et la guitare de PALMER en particulier), sur le plan composition, tout est impeccable, Roger HODGSON n'avait pas encore de poils sur le menton... (je sais je suis totalement hors-sujet là!) Bref un album unique et en béton plus qu'armé !