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SUPERTRAMP - Some Things Never Change (1997)
Par MARCO STIVELL le 11 Octobre 2018          Consultée 4634 fois

Je me souviens très bien du retour de SUPERTRAMP en 1997, venu faire la promotion de son dernier single en date dans une émission française de variété dont le nom m'échappe. Je n'aimais alors pas du tout (trop de saxo !) le tube entendu à la radio, à savoir "You Win, I Lose" au son vieillot et au riff de guitare déplaisant. Autant dire que c'était mal parti entre le groupe de Rick Davies et moi ! Plutôt Rick Davies seul d'ailleurs, la réunion du line-up classique de SUPERTRAMP n'ayant pas pu se concrétiser, contrairement à certaines espérances, et notamment celle d'avec Roger Hodgson au milieu des années 90.

Deux chansons avaient été écrites pour l'occasion, dont le fameux "You Win, I Lose", et cela s'entend. À lui seul, ce titre essaie de faire oublier la période Free as a Bird, revenant au son des grands tubes du groupe. Esprit pop malicieux, piano électrique Wurlitzer en avant, de même que les instruments à vent de John Helliwell (ici la clarinette), batterie solide de Bob Siebenberg (le troisième membre historique restant), et bien sûr la voix de Rick Davies, autant d'éléments-clé qui composent ce son depuis fort longtemps. C'est pourtant la partie qui cache l'iceberg.
En fait, "You Win, I Lose", succès mineur en Allemagne ainsi qu'au Canada, reste la qualité moindre de Some Things Never Change, album qui, effaçant dix années de silence, se montre d'une qualité sans faille réelle, pas même en terme de durée (presque 70 minutes). Avec lui, SUPERTRAMP réalise pour la première fois un effort 'live en studio', les chansons donnant le sentiment d'idées répétées en boucle et imbriquées de sorte à créer des développements comme ressentis sur le moment, avec une couleur d'improvisation. Le plus beau, c'est que cela n'amène que des chansons très travaillées et fort bien écrites.
Si Mark Hart et le joueur de cuivres Lee Thornburg sont de retour, Dougie Thomson, bassiste du groupe pendant presque 15 ans, compagnon fidèle durant la période phare et même encore après Brother Where You Bound, ne reprend pas sa place, cédée à Cliff Hugo, un comparse du guitariste Carl Verheyen venu lui aussi compléter la palette sonore. De façon très ironique, jamais la basse n'a été autant mise en avant chez SUPERTRAMP que durant l'intro du disque. Ça joue fort, et ça joue 'vivant' avec beaucoup de liberté mais également une précision désarmante. Le morceau-titre, funky en diable et cuivres à l'avenant, est un nouveau "Cannonball". "Help Me Down That Road", blues rondement mené par le couple Wurlitzer piano acoustique emploie une production de batterie remarquable.
Certains efforts comme "Sooner or Later", composition de Mark Hart et chantée par lui, peuvent être aisément comparés à du STEELY DAN. Sans parler du final congas/timbales (joués par Tom Walsh) en sus de la batterie, comme un clin d'oeil à SANTANA. Hart, hélas pour lui, est traité comme simplement coupable de reprendre le rôle de Roger Hodgson, en beaucoup plus timide certes, mais le mal est fait. Il est donc facile de passer à côté d'un bel exemple de pop légère et écrite de main de maître, de même que le slow "Live to Love You" de Davies, désarmant de beauté. Il y a quelques shuffles, rythmes blues et jazz bien balancés sur "Get Your Act Together" et "It's a Hard World", des duos trompette-saxophone excellents, des claviers aériens sur "Give Me a Chance", autre sucrerie sans excès du gentil Mark Hart.
Ce dernier moment est le plus fort du disque avec, juste avant, "And the Light", l'autre titre antérieur à l'album (batterie jouée par le percussionniste Tom Walsh) durant la tentative avec Hodgson à qui Davies s'adresse, sans nul doute à l'écoute des paroles. Frissons.

Les relances de "C'est What" et la progression du slow "Where There's a Will" achèvent de nous convaincre que Some Things Never Change est un grand album de SUPERTRAMP. Chose très difficile à reconnaître au départ : la longueur, la linéarité des titres, le caractère improvisateur, et puis le chant de Davies souvent plus théâtral que réellement mélodique. C'est de la belle ouvrage, à prendre comme telle et pas seulement en terme de son, au prix d'écoutes répétées. Même le titre est intelligent, référence à la pochette et aux Anglais qui boivent le thé chaque jour n'importe où, n'importe quand, à l'heure requise et quoi qu'il arrive.

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   MARCO STIVELL

 
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- Rick Davies (claviers, chant)
- Mark Hart (guitares, claviers, chant)
- John Helliwell (saxophones, clarinettes, flûte)
- Cliff Hugo (basse)
- Bob Siebenberg (batterie)
- Lee Thornburg (trombones, trompettes, choeurs)
- Carl Verheyen (guitares)
- Tom Walsh (percussions, batterie)
- Bob Danziger (kalimbas)
- Karen Lawrence, Kim Nail (choeurs)
- Fred Mandel (guitares)


1. It's A Hard World
2. You Win, I Lose
3. Get Your Act Together
4. Live To Love You
5. Some Things Never Change
6. Listen To Me Please
7. Sooner Or Later
8. Help Me Down That Road
9. And The Light
10. Give Me A Chance
11. C'est What?
12. Where There's A Will



             



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