Il est surprenant que notre camarade et serial-rédacteur Erwin n'ait pas relevé ce qui est sans aucun doute l'information la plus importante relative à ce nouvel album de RAMMSTEIN. En effet, sa photo de couverture est l'oeuvre de Brian Adams (une autre corde à mettre à l'arc de l'artiste canadien), qui propose ici un cliché poétique autant qu'énigmatique. Pour le reste, ce huitième album des industriels germains ne se fait pas particulièrement riche en surprises. Cet album est massif, imposant, mais se fait étrangement peu exubérant, favorisant semble-t-il la richesse des mélodies plutôt que la force de frappe sidérurgique.

Ce choix artistique donne naissance à quelques morceaux de belle envergure. "Zeit", le premier présenté au public, est sans nul doute un phare, une vigie, vers laquelle tout converge. Il y a sur ce titre une puissance et une force, de même qu'une intensité mélodique qui ne se retrouve au même niveau sur aucun autre morceau de l'album. Celui qui s'en rapproche, sans l'égaler, est sans doute le théâtral "Adieu" qui clôture l'album avec brio.

Globalement lents, presque lancinants, et très expressifs dans cette modération rythmique, les morceaux doivent ainsi compter sur d'autres atouts pour s'imposer. Le début de l'album peut paraître un peu faiblard, "Armee der Tristen" et "Giftig" ne marquant pas vraiment les esprits (constat particulièrement cruel pour ce dernier, anodin et souffrant de tentatives expérimentales au vocoder assez malheureuses).

Le milieu de l'album se révèle le plus intéressant, puisque quelques morceaux tels que "Meine Tränen" (au refrain remarquable), le malsain "Angst" et le magistral "Dicke Titten" tirent "Zeit" vers le haut, en proposant des clins d'oeil bien sentis au passé du groupe. De "Zick Zack", on retient en effet plus la force du clip que la richesse du morceau, tandis que le plat "OK" est rapidement oublié. En fin d'album, "Lünen" parvient à séduire par sa construction mélodique audacieuse, même si Lindemann joue encore du vocoder sans parvenir à convaincre.

Ainsi, Zeit flambe moins que son prédécesseur à l'allumette, mais propose tout de même une bonne poignée de morceaux qui viennent s'ajouter à la légende. Un bon album des Allemands.