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Kate BUSH - The Kick Inside (1978)
Par BAKER le 25 Novembre 2019          Consultée 1194 fois

Si l'histoire de Kate BUSH, son ascension fulgurante au Top 40 en pleine ère de la new wave froide et du punk, l'empreinte thermonucléaire qu'elle laissera pendant les 40 prochaines années, si tout cela ressemble à un conte de fées, c'est probablement parce qu'elle est elle-même mi-fée mi-sorcière mi-Banshee. Hein ? Ca fait trois moitiés ? Certes, mais c'est une sorcière. Et les sorcières sont capables de tout. D'ailleurs je propose de la poser sur une balance avec en face des églises, des toutes petites pierres, ou des... hein ? Oh mais ta gueule le casqué ! Un canard, l'autre, non mais sérieux...

Bref, si l'histoire de Catherine Bush ressemble à une histoire de princesse, c'est probablement parce qu'elle a connu son prince charmant * en la personne de David GILMOUR. Le PINK FLOYD qui s'apprête à voler en solo se voit en effet confier par EMI la tâche de découvrir quelques jeunes pousses. Le jeu des réseaux amène le prodige à se pencher sur cette demoiselle au talent déjà bien marqué, malgré son jeune âge. Dôtée d'une voix extraordinaire, à la fois mutine, grandiloquente et douce, Kate BUSH possède aussi de très solides dons de compositrice. Se servant d'un piano autant comme instrument de musique que comme terrain de jeu, elle n'a pas peur des harmonies complexes, des créations progressives. Ses chansons ne sont pas que des couplets / refrains, mais de petites saynètes, des tranches de vie parfois surréalistes. Pas étonnant qu'elle noue rapidement une amitié solide avec Peter GABRIEL : les deux partagent ce goût pour les textes abscons mais accrocheurs, les tableaux mélodiques complexes, le surréalisme. Et le Fairlight. Oh oui, le Fairlight. Mais restons-en en 1977, mes amis.

Il y a d'autres personnes avec qui BUSH se lie d'amitié. Son talent inné est tel que son entourage ne peut qu'en profiter, pas dans le sens libéral du terme, mais par le rayonnement (NdManu : tu as dit ruissellement ?) qu'elle dégage. Son frère multi-instrumentiste world fait partie de sa bande, les musiciens dénichés par GILMOUR aussi, son bassiste finira par l'épouser, même son prof de mime et danse, art auquel elle commence à s'intéresser de près, sert de sujet à son premier titre, "Moving". Un titre d'une délicatesse, d'une intelligence hors du commun. Il y a dans ces 4 petites minutes une créativité débordante, une sensualité irréelle, un refus catégorique de toutes les barrières. C'est totalement progressif dans sa construction, jazz dans ses harmonies et pop dans son approche de proximité du public. En une chanson, Kate BUSH s'impose. Elle sera grande ou ne sera pas. Et faire imiter par la guitare le feulement de Raymond Barre pendant une séance de l'assemblée, c'est faire allégeance à PINK FLOYD quelque part. Ce qui est signe de bon goût.

L'album dans son ensemble souffre cependant de disparité, la demoiselle, alors encore très jeune rappelons-le, se cherchant. Pas par manque de maturité, mais par tâtonnements divers entre le grand public, ses envies, ses possibilités techniques (qui sont, on va être franc, extrêmement larges) et ce qu'elle a envie d'exprimer. Plusieurs de ses chansons se montrent ainsi assez bancales, mélangeant un onirisme brillant et mutin, et le sentiment que ces chansons n'en sont pas tout à fait, plus des tranches de vie musicales foutraques et propices à un jeu du chat et de la souris entre sa voix lead et tout le reste, y compris ses propres choeurs (parfois diablotins) et parties de claviers. "Saxophone Song" avec son solo de... oui, et son final "Riders on the Storm", "Strange Phenomena" qui vient d'une autre planète, le cinglé "Kite" qui doit largement plus à GENESIS période Foxtrot qu'à Joni MITCHELL, autant de titres pas tout à fait secs, jusqu'au point de non-retour avec "Room for the Life" qui tourne en rond et ne méritait peut-être pas sa présence sur un album déjà chargé. De même pour "Ooh To Be in Love" dont les orchestrations semblent un peu pompières - et croyez-moi, pour que JE le remarque, c'est grave. "L'amour Looks..." fait quant à lui best-of expéditif de l'album : charmant, mais franchement pas indispensable. Ca a une qualité. Nous en sommes aux trois-quarts d'un premier album, et déjà une chanson arrive à capter l'essence d'un genre totalement nouveau, d'un son identitaire et difficile à imiter.

Mais il n'y a pas que des ratés sur cet album. Oh que non ! Très loin de là. Déjà, deux futurs classiques en live se montrent absolument charmants : "Them Heavy People" naïf et cabaret, du pur BUSH dans sa folie joyeuse, et "James and the Cold Gun', première incursion de la brune bouclée dans le monde du rock, dans une version malheureusement très inférieure au live qui portera ce titre western-commando aux nues. Plus dépouillé, "Feel It" est l'unique chanson piano-voix, un exercice périlleux et auquel Kate ne se pliera que très rarement. Rarement mais avec une créativité débordante. Même là, ce n'est pas votre ballade piano-voix habituelle, c'est autre chose. Une ambiance, un spectre.

Et lorsqu'elle change son équipe, faisant feu de tout bois, Kate BUSH s'associe avec ce qu'il convient d'appeler une dream team. Qui dit PINK FLOYD dit Dark Side. Qui dit Dark Side dit Alan PARSONS. Et la toile de se tisser... Pour agrémenter le sublime "The Man with the Child in his Eyes" (et quelques autres), Kate fait appel à Andrew POWELL. Le jeune compositeur contemporain rajoute à une chanson déjà somptueuse des orchestrations de toute beauté, glorifiant le second couplet. Pas étonnant que ce soit peu ou prou la chanson préférée de Greg Mackintosh de PARADISE LOST : c'est beau, c'est mélodique, c'est très sombre, et c'est terriblement anglais. Mais la vraie surprise viendra du plus gros tube de Kate. Perdu à la fin de la face A, "Wuthering Heights" fait appel non seulement à POWELL, mais aussi à tout le backing band du ALAN PARSONS PROJECT, pour une chanson simplement irréelle. Complexe, originale, touffue mais parfaite dès la première mesure, cette chanson est un miracle. Elle stupéfie de par sa qualité intrinsèque, mais aussi par sa façon d'être totalement universelle tout en ne reniant aucun des fondamentaux. Même la voix de Kate est différente, plus perçante, plus criarde, plus théâtrale. Dire qu'en Grande-Bretagne, en 1977, des musiciens ont joué à la fois sur ce titre et sur "Some Other Time" et "Don't Let It Show", si ce n'est pas la définition de la rebellion...

Le disque se finit sur le morceau-titre, nostalgique, en forme d'au-revoir prolongé, peut-être définitif. Et il est encore une fois d'une grande qualité, avec juste ce petit élément de saudade qui fait penser que si l'aventure vinyllique de Kate BUSH en restait là, ç'aurait déjà été une belle épopée. Mais malgré ses petits sauts d'humeur, ce premier album laisse entrevoir un avenir encore plus radieux, plus intéressant. Kate BUSH n'est, déjà à l'époque, pas une star d'un jour, pas une enfant prodige, pas une incongruité qu'on laisse passer entre les mailles du filet mainstream. C'est une force créatrice dévastatrice qui cache bien son jeu et arrive, grâce à ses convictions, à imposer "Wuthering" en tant que single qui va cartonner partout dans le monde. Adulée chez elle, adulée au Japon (terre sacrée de la musique depuis le début de la décennie), Kate est une bombe thermonucléaire qui n'attend que d'exploser. Vivement la mort alors, tiens !

Note finale : 3,5 / 5 montée évidemment à 4 parce qu'à 17 ans, la plupart d'entre nous se battent avec Super Biactol à nos côtés, font des tests d'endurance des diverses marques de mouchoirs ou essaient de trafiquer le tilt du flip' du bistrot à Dédé, mais écrire "Wuthering Heights", je vais être franc, hein, ça nous arrive assez rarement.

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* On se souviendra du célèbre faux blog de Roger Waters avec cette entrée ô combien culte : "Mardi 16 décembre 1987. Il pleut. Je déprime. Quel bonheur. Hier soir j'ai fait livrer deux douzaines de roses au domicile des Gilmour avec une petite carte signée Kate Bush pour le remercier de la merveilleuse nuit passée ensemble. C'est Polly qui a ouvert la porte, comme prévu."

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   MARCO STIVELL

 
   BAKER

 
   (2 chroniques)



- Kate Bush (chant, piano, choeurs)
- Stuart Elliott (batterie, percussions)
- David Paton (basse, guitares, choeurs)
- Ian Bairnson (guitares, choeurs)
- Duncan Mackay (piano électrique, synthétiseurs, orgue, clavinet)
- Barry De Souza (batterie)
- Bruce Lynch (basse)
- Paul Keogh (guitares)
- Alan Parker (guitares)
- Andrew Powell (claviers, basse, célesta, synthétiseurs)
- Alan Skidmore (saxophone ténor)
- Morris Pert (percussions)
- Paddy Bush (mandoline, choeurs)
- David Katz (orchestrations)


1. Moving
2. The Saxophone Song
3. Strange Phenomena
4. Kite
5. The Man With The Child In His Eyes
6. Wuthering Heights
7. James And The Cold Gun
8. Feel It
9. Oh To Be In Love
10. L'amour Looks Something Like You
11. Them Heavy People
12. Room For The Life
13. The Kick Inside



             



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