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FOLK-ROCK CELTIQUE  |  STUDIO

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Nolwenn LEROY - Bretonne (2010)
Par MARCO STIVELL le 4 Janvier 2011          Consultée 6151 fois

Je sais bien ce que vous êtes en train de vous dire dans votre petite tête. "Putain il est encore en train de nous casser le c*** avec ses chanteuses variété de merde". En réponse, je dirais que je n'éprouve pas (ou plutôt plus) le besoin de me justifier, j'aime Nolwenn LEROY et j'aime la musique celtique, donc même si je connais l'image qu'ont de chacune (et préfèrent garder) beaucoup de gens, je ne ressens aucun regret d'en parler.

Bretonne. La musique celtique a son lot de fans, mais qui pour certains ne l'aident pas toujours à se sortir de son "ghetto folklorique" tant ils trouvent des raisons pour médire de ceux qui la font évoluer (Alan Stivell en tête) ainsi que des artistes venus d'ailleurs (souvent de France) et qui tentent de se "l'approprier", avec une forte dose d'a-prioris. Donc lorsque l'on annonce que la belle (son physique est d'ailleurs la seule qualité "qu'on" lui reconnait bien souvent) Nolwenn va publier un album consacré à des chansons-phares de la musique celtique, non seulement ce sera pas bon parce que "Star' Ac et variété française = merde", mais aussi parce que, en voyant la liste des titres choisis, on sent bien qu'il n'y a aucun effort. Rendez-vous compte : "Dans les Prisons de Nantes", "Tri Martolod", "La Jument de Michao", "Mnà Na hEireann" ("Women of Ireland" pour les intimes), "Suite Sudarmoricaine"... "Bro Gozh Ma Zadoù", l'hymne breton ! Là c'est trop, elle touche au Sacré des Saints, et en plus elle s'est vraiment pas foulée.

Nolwenn a certes choisi des tubes de la musique celtique, mais avant l'image que l'on tente de donner à une chanson que l'on reprend, il y a l'attachement personnel à la chanson, et la chanteuse a choisi ces morceaux-là parce qu'elle les a entendus, réentendus, aimés depuis l'enfance. Aimer ou ne pas le résultat est propre à chacun, mais quand Alan Stivell en a fait la même démarche pour Brian Boru, personne ne lui en a tenu rigueur. Et Loreena McKennitt, lorsqu'après des albums aussi "altruistes" elle revient à ses premières amours en choisissant des tubes comme la "Brian Boru's March", "The Wind That Shakes the Barley" ou "Down By the Sally Gardens", on se tait et on écoute là également. Alors Nolwenn avait le droit d'en faire autant, comme AC/DC auront le droit de faire du post-rock quand ils le décideront.

Et la réussite d'un album de reprises ne réside pas ou du moins pas complètement dans ce que la reprise peut apporter par rapport à "l'originale" sur le plan ornementation musicale, il y a la démarche, et surtout l'émotion que l'artiste arrive à faire passer. Nolwenn chante la Bretagne à la bretonne et à la française, l'Irlande, et elle le fait bien. Ces chansons, on les a entendues et réentendues, mais imaginez un peu dans l'absolu que ce soit la chanteuse qui ait eu l'idée de les interpréter alors que personne ne l'a fait avant elle ? Nolwenn n'a pas la prétention d'inventer quelque chose, elle est au contraire humble, remercie Alan Stivell "qui a ouvert la voie", Tri Yann pour les "bons moments passées ensemble en studio il y a quelques années", bref elle se sent bretonne, heureuse ainsi et on ne peut que lui donner raison. D'autant plus que ce disque, très agréable, est conforme à ce que, pour nous qui l'aimons, pouvions attendre d'elle. Mis à part trois chansons issues de la variété française dont une (parmi les deux de Miossec, "Brest") qui en garde les sonorités rock, Nolwenn rend hommage à l'anglais ("Greensleeves"), au gaélique ("Mnà Na hEireann", dont la prestation est déjà acclamée par les irlandais qui parlent couramment cette langue), et bien sûr au breton, qu'elle fait vibrer avec son accent à elle, dont elle n'a pas à rougir - je ne connais pas tous les secrets de la langue, mais ça fait longtemps que je l'apprécie -. Musicalement elle s'accompagne des instruments naturels plus qu'obligés, à savoir la cornemuse (par Michael McGoldrick, le sonneur du groupe écossais Capercaillie), la harpe celtique, le violon, le bouzouki et les whistles irlandais, tout cela agrémenté de petites programmations et de fines nappes de claviers. Un vrai régal pour les oreilles.

Les deux chansons écrites par Miossec représentent pour l'une une franche réussite du disque, et pour l'autre l'un des rares (et légers) "moins". "Brest" et son rock variété dénotent un peu aux côtés du doux folk-rock celtique mais la chanson reste très sympathique. Quand à "Je Ne Serai Jamais ta Parisienne", si avec un tel titre on pouvait s'attendre à quelque chose de malicieux musicalement parlant, le résultat a de quoi tempérer aussitôt car c'est une composition très folk dont le célèbre pianiste breton Didier Squiban est responsable (merci à lui). Pour continuer dans les "minorités", la version de "Greensleeves" est très jolie, et "Mnà ne hEireann" toujours aussi enchanteresse. La belle chanteuse n'innove pas encore une fois, mais quand les sens sont ainsi éveillés, qu'a t-on à faire d'une recherche superflue ? On en vient à ces fameux tubes "bretons", mot que je mets entre guillemets puisque si leur origine est à chacun indéniable, il ne faut pas oublier que certains ont été écrits en français. Cherchons encore après cela l'opposition des cultures. Le "Bro Gozh Ma Zadoù" de Nolwenn LEROY vient s'ajouter à toutes les versions de qualité que l'on connait, moins magistral que celle de Stivell mais porté par les instruments et bien sûr la voix de la chanteuse. "Tri Martolod", qui au départ peut sonner bizarre quand on connait la version, que dis-je les versions d'Alan Stivell, se révèle vite attachante, tout comme "La Jument de Michao" qui elle en revanche nous parle fortement à l'instant même où on l'entend. Disons au moins que c'est très rafraîchissant, et à ce titre, le final du disque fait très fort. Après un doux "Karantez Veo", arrive une chanson non-bretonne, "Le Bagad de Lann-Bihoué", mais Alain Souchon et Laurent Voulzy sont salués et décrits par Nolwenn comme des "bretons de coeur et de toujours". Cette version de la chanson (courte, bien évidemment) est on ne peut plus réjouissante avec ce son neuf, et le final est une grande réussite. Puis "Dans les Prisons de Nantes" nous convie à la fête, ainsi que le font les Tri Yann depuis le début des années 70...

Et on parlait de recherche précédemment. Que ceux qui doutent encore de la sincérité et de l'effort de Nolwenn se concentrent un peu sur la dernière chanson. Qui connait "Rentrer en Bretagne" ? Comment décrire l'idée de génie qu'a eue Nolwenn lorsqu'elle a pensé à reprendre cette chanson perdue sur un vieil album d'Alan Stivell, méconnu lui aussi et personnellement celui que j'aime le moins ? La chanson en revanche a toujours été magnifique, et Nolwenn, en plus de l'excellente idée de la placer à la fin, la rend au moins aussi touchante.

Bref, voilà un disque très agréable et une vraie réussite, ou devrais-je dire victoire sur la longueur. Nolwenn LEROY, bretonne de sang et de coeur (c'est encore plus fort quand on est les deux) tient là une oeuvre superbe grâce à laquelle elle prouve ce qu'une fille fière de son pays et de sa culture porte en elle, et qui a de quoi, encore plus que les albums précédents, réconcilier toutes les Nolwenn avec leurs prénoms, et qui peuvent être fières de leur figure de proue (c'est valable pour les autres bretons)...

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   (3 chroniques)



- Nolwenn Leroy (chant, choeurs)
- Emre Ramazanoglu (batteries, percussions, programmations, claps)
- Matt Johnson (claviers, programmations, piano)
- John Paricelli (guitares, bouzouki, mandoline)
- Ruth Wall (harpes celtiques)
- Michael Mcgoldrick (cornemuse et flûtes irlandaises)
- John Mccluster (violon irlandais)
- Eddie Hession (accordéon)
- Fabien Waltmann (programmations additionnelles)
- John Kelly (basse, orgue)


1. Tri Martolod
2. La Jument De Michao
3. Suite Sudarmoricaine
4. Greensleeves
5. Brest
6. Bro Gozh Ma Zadoù
7. Mnà Na Heireann
8. Ma Bretagne Quand Elle Pleut
9. Je Ne Serai Jamais Ta Parisienne
10. Karantez Vro
11. Le Bagad De Lann-bihoué
12. Dans Les Prisons De Nantes
13. Rentrer En Bretagne



             



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