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Nolwenn LEROY - Ô Filles De L'eau (2012)
Par MARCO STIVELL le 21 Juillet 2014          Consultée 2968 fois

Que penser de Nolwenn LEROY ? Phénomène médiatique prétextant une couleur musicale "régionale", avec la bénédiction des médias français (mais pour combien de temps ?), elle a attiré les foules depuis la sortie de son album Bretonne, en 2010, et provoqué l'ire de nombreux fans de musique celtique, les curieux, ceux qui éteignent facilement leur télé et leur radio, qui continuent d'acheter des disques.

L'espoir que ce phénomène permette un élargissement à d'autres artistes actuels, des chanteuses comme Nolwenn Korbell, Cécile Corbel, Gwennyn Louarn, sans parler des anciens toujours bien présents, cet espoir s'est vite tari. On invite Nolwenn LEROY à la télé, on dit qu'elle est belle, qu'elle chante bien. Pas besoin de plus. On parle d'Alan Stivell et de Tri Yann, on les fait également venir, histoire de, en leur réclamant "Tri martolod" et "La jument de Michao" (à croire qu'ils n'ont fait que ça...). Et merci, bonsoir.

Quel cirque, quand on y pense. On est loin de la 3ème vague celtique que certains attendaient... Je voudrais bien éviter de faire l'éternel aigri. Nolwenn avec Voulzy, c'était chouette. Depuis la sortie de Bretonne, mon intérêt pour elle s'est rapidement épuisé. Jugez plutôt, le temps qu'il aura fallu pour pondre cette chronique... Je ressens toujours une sympathie pour Bretonne, l'ensemble s'écoutait gentiment, il y avait une ou deux surprises.

Et donc, Ô filles de l'eau, cinquième album de Nolwenn LEROY, c'est un peu pareil. Passons vite sur la pochette, vantée comme une oeuvre photographique d'artiste australienne, mais qui pourra bientôt figurer aisément dans les recueils de Pires pochettes de l'histoire, section "Montages Photoshop amateurs", pour ceux que cela amusera... Mais bon, on veut un semblant de concept sur la mer, les marins, les sirènes. On a une belle fille (histoire d'être objectif, car elle me laisse indifférent), on la met en valeur.

Par rapport à Bretonne et en ce qui concerne les morceaux, on se rend compte que les réussites sont plus marquées, tout comme les déceptions. À ce titre, on peut aisément mentionner les trois chansons en français du milieu de l'album, qui n'auraient pas détonné sur un album de Céline Dion ou de Lara Fabian (certes, Nolwenn faisait aussi de la variété pure, avant de s'éloigner un peu). Sans honte, il m'arrive d'apprécier cette forme de chanson-là aussi. M'enfin, l'effet jazzy de "À la vie, à la mort", merci bien, tout le monde le fait maintenant, quoi. Et ce son propret, bref...

Puis, surtout, il fallait de ça au milieu du reste. Comme disent mon voisin Gaston et mon cousin Justin : "Le celtique, j'aime bien, mais cinq minutes, quand je bois un coup avec les potes, après ça me gonfle." Ce n'est pas d'eux que Nolwenn parle quand elle dit "Sale ivrogne !" d'une voix mielleuse, sur "Davy Jones", introduction plutôt efficace au demeurant. À notre époque où le beau Jack Sparrow a éclipsé Long John Silver, cela a de quoi séduire.

Les pirates du XVIIème siècle n'ont pas connu le sixième continent, fait de déchets et de toute sorte de pollution dans l'Océan Pacifique, mais quid d'un(e) fan de Nolwenn, aujourd'hui ? Difficile, en écoutant la chanson concernée, de faire le lien avec ce thème. Dommage, tout comme le trop court passage ballade irlandaise, avec la harpe... Le virevoltant "Juste pour me souvenir" ne va pas réconcilier les allergiques du violon couplé aux uilleann pipes, mais il fonctionne bien dans son genre.

Au rang des réussites, on peut d'ailleurs citer les chansons en anglais, "Limitless" ainsi que la composition de James Horner, "Homeland". La jolie "Ophélia" est dédiée au mouvement préraphaélite, toutes proportions gardées. Français, anglais... Ah ça, Nolwenn aurait-elle déjà oublié sa chère Bretagne ? Nenni ma foi, il y a "Ahès", dont le texte est de Gwennyn, qui se voit ici sollicitée entre autres jeunes talents. Le morceau est un petit bijou dans son style, mais avec Gwennyn, le contraire aurait été surprenant : après tout, elle change en or ce que l'on déprécie chez Nolwenn (et pour le coup, la langue bretonne est rarement laissée de côté).

La fin de l'album n'est guère mémorable. Sur le lancinant "D'émeraude", lorsque Nolwenn chante "À nos retenues, à nos marées hautes...", j'ai l'impression que la suite va être "À nos actes manqués !". Et le tout de s'égayer brusquement, de redonner le sourire au public moyen grâce à cette chanson qui, comme chacun le sait, est de M. Pokora. Ne manque qu'un duo avec Pascal Obispo, avant que celui-ci ne l'invite en retour sur un morceau rock variété crado (cherchez l'intrus), où l'on découvre -et lui aussi- qu'il est en réalité fan de Stivell...

Non, sans rire, miss LEROY semble avoir mis beaucoup d'elle dans la confection de cet album, et l'envie de créer après un album de reprises demeure louable. Cependant, là où ce dernier se laissait écouter agréablement, Ô filles de l'eau donne le sentiment d'un produit à gros moyens mais aseptisé, ponctué de rares surprises. Belle gosse et musique pour masses, une convention que l'on sait établie dans nos contrées, jusqu'à ce que l'on trouve autre chose (pas gagné...). Ce n'est pas une déception en soi, après tout les sirènes comme Nolwenn m'ont rarement séduit. Je préférais largement Voulzy et le Cheshire Cat...

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1. Davy Jones
2. Juste Pour Me Souvenir
3. Ophélia
4. Sixième Continent
5. Homeland
6. J'ai Volé Le Lit De La Mer
7. À La Vie, à La Mort !
8. Aux Filles De L'eau
9. Limitless
10. Ahès
11. Sur Mes Lèvres
12. Tout A Une Fin
13. D'émeraude



             



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