Copieux double-album, j'avoue m'être longtemps cassé les dents sur cette Anne de Bretagne pourtant sympathique.

Présenté comme un opéra-rock, l'album assume son côté "comédie musicale" en mettant en valeur la performance vocale de chaque protagoniste. De cette manière, le leader de Ange, Christian Descamps, nous offre une excellente mise en condition avec "Messire le Duc". Les Jean de Tri Yann ne sont pas en reste, ni Laurent Tixier qui incarne le prince d'Orange. Et bien sûr, il faut évoquer Cécile Corbel, qui prête sa voix à ladite Anne de Bretagne, tout en mélancolie.

L'aspect rock est proportionnellement en retrait, malheureusement, et il faut parfois attendre les intermèdes instrumentaux, qui mélangent avec bonheur cet aspect et la musique celtique pour trouver son compte. Le trop bref "St. Aubin du Cormier" prouve pourtant qu'on peut produire des riffs mordants tout en respectant la dimension traditionnelle de la musique.

Le concept en lui-même est ambitieux et à mille lieues des histoires infantilisantes qu'on nous sert d'ordinaire dans les comédies musicales (qui s'adressent, il est vrai, plutôt à ceux qui n'ont pour seule ressource culturelle que les émissions de TF1). Ici, nous sommes plongés dans le grand bain de l'Histoire, avec ses luttes de pouvoir, ses conspirations et où le destin individuel d'une femme n'est que peu de choses en comparaison des enjeux politiques qui la surplombent.

Il est à noter que le livret de l'album présente une série de caricatures des éléments du récit, ce qui montre, s'il le fallait, que l'opéra-rock n'est pas parfaitement oeuvre sérieuse mais également réalisation ludique.