Darren Wharton, le jeune claviériste prodige des derniers instants de THIN LIZZY, passe au centre de la scène et conduit un tout nouveau groupe de rock mélodique, le genre qui débute sans prétention mais qui part pour durer. Il y a parfois de ces destins étonnants dans le monde de la musique populaire, des contrastes saisissants dans une carrière qu'on ne peut que respecter, voire admirer, sous toute réserve de scepticisme naturel ou de mépris par jalousie. Un autre exemple, parmi les plus connus, se nomme Phil Collins.

Le parallèle n'est pas incongru, car cette nouvelle étoile se devait aussi de laisser son empreinte à travers ces eighties de tous les excès. Pour le premier album de DARE, la formule est simple. Un groupe dont, outre une rythmique sûre et un son caractéristique, les éléments clés sont des claviers foisonnants et, surprise première, la voix de Wharton, suffisamment chaude et rocailleuse pour ne pas paraître superficielle, loin s'en faut. La guitare fort inspirée de Vinny Burns épouse des mélodies qui ne le sont pas moins.

Héroïques et tubesques, elles capturent et reflètent le meilleur du pop-rock à vigueur hard de l'époque, les ambiances en plus (le superbe « Under the Sun »), quand les synthés ne lancent pas des phrasés aussi évocateurs qu'un riff de guitare : le début de « Into the Fire », à la « Jump » ou « Final Countdown ». « King of Spades » ravira l'amateur de ballades avec duo de guitares superposées (dans le cas présent, cela a toujours un goût d'hommage...). « Abandon » s'ancre en tête tout comme « Don't Let Go », « The Raindance » et « Nothing Is Stronger Than Love ». Bref, on rencontre ici le meilleur dans ce domaine, comme ont pu le faire tour-à-tour Scorpions, Bon Jovi, Toto dans ses élans les moins jazz et virtuoses...

Surtout, DARE se distingue par ce petit quelque chose en plus, sans doute dû à la seule personnalité de son fondateur (au chant comme aux claviers), et qui donne envie de continuer l'histoire. Pour nous, comme pour eux.