Lorsque l'on parle de Noir Désir, Du Ciment sous les Plaines est un album que l'on ne mentionne que rarement, il est vrai. Et pourtant, un an avant Tostaky, le groupe signe là une de ses toutes meilleures réalisations.

Effectivement peu accessible au premier abord, cet album finit au fil des écoutes par révéler tous ses charmes. Ces guitares, mordantes mais toujours mélodiques, ces refrains instantanés et parfois torturés, ces instruments "exotiques" pour un groupe de rock (violon, harmonica) apportant une fraîcheur bienvenue, mais aussi ces textes (en anglais et en français) magnifiés par l'excellent Bertrand Cantat sont autant d'éléments qui rendent cet album fort appréciable.

Au petit jeu du classement des morceaux, ce sont les titres les plus directs qui tirent rapidement leur épingle du jeu : l'alambiqué "No, No, No", le mélodique "Charlie", le furieux "Tu m'donnes le mal", l'immédiat "Pictures of yourself" ou le quasi-folk "Holy economic war" sont autant de petites pépites auxquelles il est difficile de ne pas adhérer. Mais le plus sombre "En route pour la joie", qui aurait sans problèmes pu figurer sur Tostaky, ainsi que l'acoustique "Si rien ne bouge" offrent une variété bienvenue à un album qui ne souffre d'aucun temps faible, exception faite de l'imbitable "Chanson de la main" et du redondant "Les Oriflammes". Une première grande cuvée malheureusement oubliée pour un groupe alors en devenir.