Je sais ce que vous allez rétorquer : encore une tournée d’un vieux dinosaure du rock en recherche d’argent ou d’une gloire perdue… C’est vrai que ces temps-ci les artistes poussiéreux ressortent leurs instruments pour envahir les stades, en ressassant sans cesse les mêmes hits. Ils n’apportent rien de neuf si ce n'est leurs rides et fausses notes (vous voyez très bien de quels artistes je parle).

Néanmoins, il existe des papys rockeurs créateurs et qui démontrent que longévité peut encore rimer avec qualité. Roger Waters nous livre un show apocalyptique, abracadabrantesque, qui laisse sans voix. Je n’ai pas eu la chance d’y assister en direct (que Dieu m’en pardonne) mais j’ai eu l‘occasion de la voir au cinéma, avec grand écran et un gros gros son, rendant l’expérience encore plus jouissive.

Le visuel est tout simplement à couper le souffle, un mur géant qui se construit progressivement durant le show, un crash d’avion, des feux d’artifices, des marionnettes gigantesques et j’en passe… Les jeux de lumières et le travail effectué avec la vidéo sont tout simplement éblouissants. De plus, tous ces procédés sont démesurés mais ne rendent pas le tout indigeste. Le gigantisme se marie à merveille avec la prestation. Une forte cohérence se dégage de ce live. Tout est au service de l’immersion du spectateur dans l’univers de Pink (personnage principal de The Wall qui est inspiré de Waters lui-même).

Roger s’est entouré de musicos de talent, certains jouant avec lui depuis des années comme Snowy White déjà présent avec le Floyd à la fin des 70’s. Le groupe sur scène (comprenant également Harry le fils ainé de Waters) est impeccable, même pas un quart de fausse note, une vraie synergie.
Et que dire de Roger? A 72 ans, il possède un enthousiasme sincère pour mener à bien cette tournée mondiale de plus de 2 ans. Il porte le live sur ses épaules en incarnant Pink à merveille.

Ce DVD est plus qu’un somptueux concert, il est également porteur d’un message politique. Il critique de façon intelligente le totalitarisme et l’impérialisme, dénonçant les grandes multinationales capitalistes, les gouvernements belliqueux, les religions monothéistes… Roger Waters était déjà connu pour ses engagements politiques. Notamment en soutenant publiquement le boycott culturel d’Israël en proclamant lui-même lors d’une interview : « Israël, Etat voyou qui bafoue depuis bientôt 70 ans le droit international ».

Enfin le live est entrecoupé de parties filmées et scénarisées mettant en scène le deuil de Waters et sa recherche spirituelle. Ce film permet une plongée encore plus profonde dans l’oeuvre du bassiste.

Je conseille cette oeuvre à tous les fans de Pink Floyd, à tous les admirateurs de The Wall, mais plus généralement à tous les passionnés de musique, voire même à tous les curieux.