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- Style + Membre : Albert King & S.r. Vaughan , Wattstax, Booker T. Jones , Booker T. & The Mg's

Albert KING - Lovejoy (1971)
Par LE KINGBEE le 21 Août 2017          Consultée 1668 fois

En 1971, Albert KING, l’un des 3 King avec BB et Freddie, enregistre son septième disque pour la firme aux doigts qui claquent. Ancien élève de Robert Nighthawk, Albert Nelson (aka Albert King) est à l’apogée de sa carrière. Depuis son arrivée chez Stax Records, le gaucher a gravé de nombreux singles et accumule les succès. Avec BB King, Little Milton et Muddy Waters à Chicago, Albert demeure l’un des rares bluesmen à conserver sa popularité auprès du public noir. Mais le vétéran est également parvenu à conquérir le public blanc américain ainsi qu’une assistance internationale.
Si trois ans auparavant, le label Stax a bel et bien failli couler suite à la fin de sa collaboration avec Atlantic et la perte d’une grosse partie de son catalogue, le label de Memphis est plus ou moins retombé sur ses pattes grâce à l’ingéniosité d’Al Bell et Don Davis. Stax et ses sous-marques (Volt et Enterprise) sont toujours des acteurs majeurs de la Soul et de la musique noire. Isaac Hayes vient de faire un carton avec la bande originale du film « Shaft » et « Hot Buttered Soul ». En 1971, la firme de Memphis vient de publier les Staples Singers, Rufus Thomas et Booker T. & MG’s et décide qu’il est grand temps de renvoyer le colosse King en studio.
Le guitariste enregistre donc un nouvel album lors de deux sessions et surtout avec deux nouvelles équipes distinctes. Exit Steve Cropper, Al Jackson, Andrew Love et Wayne Jackson. A la lecture de ces quelques informations, on pourrait se dire que tout va bien, mais la réalité est tout autre. Stax, petite entreprise familiale à la sonorité bien définie, est devenu une grosse boîte dans laquelle viennent désormais se presser plus de 200 employés, souvent étrangers à Memphis. Le label commence à délocaliser ses enregistrements n’hésitant pas à expédier ses artistes à Detroit (sur les terres de la Motown), à Muscle Shoals en Alabama, à la Nouvelle Orleans ou à Hollywood. L’esprit de famille qui caractérisait le petit label semble s’être perdu en route et le groupe d’accompagnateurs attitrés au label semble s’être désagrégé, bouffé par des luttes intestines et l’appétit vorace du label.

« Lovejoy » est donc issu de deux sessions, la première provient du Skyhill Studios à Hollywood en Californie (future fabrique du label Scepter), tandis que la seconde se déroule en Alabama au Muscle Shoals Sounds Studio. En fait, Stax s’est reposé totalement sur le dos de l’arrangeur producteur compositeur Don Nix pour cet album. Le bonhomme s’est fait connaître comme saxophoniste au sein des Mar-Keys (il n’est pas resté longtemps) avant de se lancer vers d’autres domaines plus lucratifs. Et son frangin Larry était assistant de studio chez Stax. L’esprit familial n’a peut-être donc pas totalement disparu. Toujours est-il que sur les 9 pistes de l’album, Don Nix se taille une part royale. Il a composé ou coécrit pas moins de 7 titres. Le Grand Albert s’est donc contenté de poser sa guitare et sa voix sur les compositions d’un étranger. Le guitariste bénéficie d’un accompagnement presque aux petits oignons : d’une part, outre le bassiste Donald « Duck » Dunn, le claviériste débutant John Gallie (ex Daughter Of Albion et futur équipier de Freddie King), le batteur de session Jim Keltner (ex Gabor Szabo, Harry Nilsson, Joe Cocker et futur Ry Cooder), le guitariste Jesse Edwin Davis (ex Taj Mahal et futur Leon Russell). La seconde session (5 titres) voit la participation des anciens musiciens du label Fame, (The Swampers). Ces derniers ont monté leur propre studio (le MSSS) concurrençant celui de Rick Hall, leur ancien patron. Seul point commun à ces deux séances, la présence du Mt. Zion Singers, un ensemble de gospel inconnu et de Jeanne Greene, une choriste blanche ayant officié sous plusieurs pseudos et brève choriste d’Elvis.

A la lecture de ces lignes, on pourrait croire que tout est réuni pour faire un super disque : un guitariste de légende au phrasé incomparable, des accompagnateurs qui feront parler d’eux (ceux de la seconde session sont connus depuis longtemps), un label qui a un son et une aura des plus parlantes, une majorité de nouvelles chansons en lieu et place des sempiternels standards bluesistiques et un répertoire mêlant Blues à des zestes de Soul du meilleur tonneau. Oui, tout est réuni sauf une production mollassonne et un chanteur trimballé sur près de 2800 kilomètres d’ouest en est du territoire pour participer à deux séances alors qu’il était si simple d’enregistrer le tout dans un même lieu et avec une même équipe, cela aurait facilité la montée de la mayonnaise. On peut du reste se demander si la pochette sur laquelle trône l’avant d’un vieux bus de tournée n’est pas un clin-d’œil à cette expédition tortueuse.

Toujours est-il que l’album s’ouvre sur une reprise convaincante de « Honky Tonk Woman », grand succès des STONES qui atteint la première place des charts à la fin de l’été 69. Si Albert délivre une partie de guitare relativement sobre, le chant semble correspondre au minimum syndical. On prête parfois plus l’oreille à la choriste Jeanne Greene. Mais malgré ce constat, l’interprétation nous semble supérieure et bien plus captivante que celles proposées précédemment par Joe Cocker, Ike et Tina Turner ou les countrymen Charlie Walker ou Waylon Jennings (on ne peut que conseiller la future version des Pogues). Cette mise en bouche n’est pas anodine, le label Stax avait l’habitude de faire reprendre à ses vedettes des succès issus de la Pop blanche, une manière de consolider les ventes. Seconde et dernière reprise avec le standard de Taj Mahal et Yank Rachel « She Caught The Katy And Left Me A Mule To Ride » popularisé dix ans plus tard par les Blues Brothers. La section rythmique bien en place permet au guitariste d’asséner de bons solos, mais le chant aurait peut être mérité plus d’engouement. Pour rappel, il s’agit d’un titre humoristique évoquant l’histoire d’un bonhomme qui se fait larguer par sa belle, celle-ci prenant le train (the Katy est une ligne de chemin de fer reliant le Missouri au Texas) et ne laissant à l’éconduit qu’une pauvre mule à monter. Là encore, on ne saurait que conseiller la version de Wet Willie.
Les compositions de Nix s’avèrent sans grosses failles, mais Albert King semble comme émoussé, même si le phrasé de guitare propre au musicien est toujours implacable. L’autobiographique « Bay Area Blues » sonne comme le parfait prototype du blues californien. Même impression avec « Corina Corina » dans lequel le vétéran ne semble pas s’investir totalement. « For The Love Of A Woman » reprend les schémas qui faisaient la verve des titres de l’album « Born Under The Bad Sign » avec une guitare plus incisive. Le chanteur se montre plus impliqué sur « Lovejoy, Ill. », titre dans lequel il plaisante au sujet d’une bourgade du Tennessee et d’un trajet, tout un programme ! Mais c’est dans le domaine du slow blues que le guitariste se montre à son avantage avec « Everybody Wants To Go To Heaven » (futures reprises de Tommy Castro et Jon Lord). Si la guitare est parfois économe, le guitariste imprime une ambiance éthérée de première bourre. Autre pièce intéressante avec « Like A Road Leading Home » dont le tempo oscillant entre Gospel et Soul voudrait nous emmener sur le chemin de la spiritualité.

Si chaque morceau demeure intrinsèquement inattaquable, il n’en demeure pas moins que le chanteur paraît fatigué et moins concerné par le répertoire. Un disque largement un ton au-dessous des albums « Live Wire Blues Power », « Born Under A Bad Sign » ou du futur « I’ll Play The Blues For You » mais il est vrai que ces deux derniers font toujours office de disques de référence.

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   LE KINGBEE

 
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- Albert King (chant, guitare)
- Jesse Edwin Davis (guitare 1-2-5-7)
- Tippy Armstrong (guitare 3-4-6-8-9)
- Wayne Perkins (guitare 3-4-6-8-9)
- Donald 'duck' Dunn (basse 1-2-5-7)
- David Hood (basse 3-4-6-8-9)
- Jim Keltner (batterie 1-2-5-7)
- Roger Hawkins (batterie 3-4-6-8-9)
- Sandy Konikoff (percussions 1-2-5-7)
- John Gallie (claviers 1-2-5-7)
- Barry Beckett (claviers 3-4-6-8-9)
- Jeanne Greene (chœurs)
- The Mt. Zion Singers (chœurs)


1. Honky Tonk Woman.
2. Bay Area Blues.
3. Corina Corina.
4. She Caught The Katy And Left Me A Mule To Ride.
5. For The Love Of A Woman.
6. Lovejoy, Ill.
7. Everybody Wants To Go To Heaven.
8. Going Back To Iuka.
9. Like A Road Leading Home.



             



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