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MEMPHIS BLUES  |  STUDIO

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- Style + Membre : Albert King & S.r. Vaughan , Wattstax, Booker T. Jones , Booker T. & The Mg's

Albert KING - I'll Play The Blues For You (1972)
Par LE KINGBEE le 20 Septembre 2017          Consultée 3471 fois

1972, l’année durant laquelle Albert KING signe son huitième disque pour Stax Records, la firme aux doigts qui claquent. L’année précédente, le guitariste nous a laissé quelque peu sur notre faim avec « Lovejoy ». On attend plus de ce formidable bluesman. N’oublions pas que ce colosse qui avoisinait presque le double mètre s’est fait connaitre tardivement du public blanc par le biais d’un concert au Fillmore de San Francisco en 1968 en ouverture de Jimi HENDRIX et de John MAYALL. king demeure le dépositaire d’un phrasé et d’un son de guitare assez singulier : gaucher, il joue sur une Gibson Flying V de 1958 (il utilisait une copie lors de ses concerts) et doit donc employer des accords à l’envers, jouant ainsi d’avant en arrière utilisant en guise de médiator son pousse, une véritable gageure qui lui permettra d’obtenir ce son si caractéristique.

Nous sommes donc en 1972, Stax a inauguré l’année précédente une nouvelle série de 33 tours (3000) et vient de publier les Soul Children, William Bell, Melvin Van Peebles et Rufus Thomas par deux fois. Les disques ne se vendent pas aussi bien qu’escompté et le label envoie son géant pour rattraper la donne. Cette fois ci, pas question d’envoyer le guitariste aux quatre coins du pays pour se gaver des sessions faisant office de remplissage, Stax a décidé de revenir à une bonne formule, une session à Memphis en compagnie des Bar-Kays et des Memphis Horns. En musique il en est parfois comme de la vie, le simple a souvent du bon !

En fait le label ne prend pas trop de risque : Albert King à la guitare épaulé par les Bar-Kays c’est un cocktail de réussite assuré à 99%. Rappelons que si les Bar-Kays ont failli exploser en vol (presque tout le groupe était dans l’avion d’Otis REDDING lorsqu’il s’est scratché dans un lac du Wisconsin), le groupe est reparti de plus belle à partir de 1969, enregistrant au passage quelques unes des plus belles pièces des STAPLES SINGERS, Johnnie Taylor, Rufus et Carla THOMAS ou le « Shaft » d’Isaac HAYES. En ouverture, KING nous offre « I’ll Play The Blues For You », une composition que l’auteur Jerry Marlon Beach avait offerte au soulman Geater Davis sans que celui-ci ne parvienne à l’enregistrer, la démo restant au fond d’un tiroir. Pour une première piste c’est le jackpot. Edité en single, le titre devient numéro Un au Billboard. Si le morceau n’a peut être pas la même force que « Born Under The Bad Sign », le chant étant trop en retrait, il n’en demeure pas moins intemporel. Aujourd’hui encore, qui n’a pas entendu: «If you're down and out and you feel real hurt - Come on over to the place where I live -And all your loneliness I'll try to soothe -I'll play the blues for you…»? La guitare bien secondée par une rythmique d’enfer prend le pas sur le chant sur ce standard que reprendront au fil des ans Melvin Taylor, Bryan Lee ou Lurrie Bell. Toute la souplesse rythmique des Bar-Kays resplendit sur « Little Brother (Make a Way) » dont le refrain inspirera certains titres de Clapton.

Troisième bonne pioche avec « Breaking Up Somebody’s Home », œuvre du batteur Al Jackson que reprenait Ann PEEBLES l’année précédente. Là Albert KING diffuse un tempo lancinant aussi groovy que funky. Le titre connaîtra de nombreuses relectures (Bette MIDLER (à éviter), Denise LaSalle, Phillip Walker, MAGIC SLIM) mais on reste assez attaché à la présente version. En fait ce titre proposait alors via la version de PEEBLES et celle de KING deux aspects de Memphis, le premier via Hi Records et le second par la Stax. Petite surprise avec « I’ll Be Doggone », popularisé par Marvin GAYE mais compo des MIRACLES dans une version où un petit public est présent dans le studio. Si ce titre Soul peut exacerber les midinettes au milieu des sixties avouons que la version d’Albert KING lui apporte quelques lettres de noblesse, avec un ajout de groove et un rythme obsédant qui n’a rien à voir avec les reprises de Diana Ross ou des Searchers.

Compositeur peu prolifique, Albert KING n’a écrit qu’un seul et unique titre pour ce disque, « Answer To The Laudromat Blues », un recyclage de « Laudromat Blues », compo de Sandy Jones figurant sur l’album « Born Under The Bad Sign ». Cette petite pépite, véritable pont entre le Mississippi Blues et la Soul funky de Memphis, peut servir de parallèle entre l’accompagnement de Booker T. & The MG’s et celui des Bar-Kays peut être un peu plus souple. Mais ici, c’est bel et bien le jeu de guitare qui marque les esprits ainsi hélas que des paroles machistes issues d’un autre temps. Le colosse reprend un inusité du bassiste Allen Jones, manager des Bar-Kays et songwriter attitré du label Stax avec « Don’t Burn Down The Bridge », l’exemple type du shuffle combinant Blues et Soul, matière première de Stax. Le titre sera repris bien plus tard par le guitariste Joe BONAMASSA dans une version moins gouleyante. Dernier coup de semonce avec « Angel Of Mercy », un slow down blues composé par le tandem Homer Banks/ Raymond Earl Jackson (également à la production et qui périra en fin d’année dans l’incendie de sa maison), où la guitare acérée de King porte sans en avoir l’air le titre vers les sommets du Memphis Blues.

Recommandé par Estelle Axton, Albert KING a ouvert la route du marché du Blues au label Stax. Ce nouvel album, dont cinq titres seront édité en single, n’a probablement pas la puissance de « Born Under A Bad Sign », un album d’exception comme on en enregistre qu’une ou deux fois dans sa vie et comporte de surcroit moins de titres qui deviendront bientôt de grands classiques (« Born Under A Bad Sign », « Crosscut Saw ») mais fait toujours référence auprès des amateurs de Blues. La faillite de la firme Stax viendra mettre un point presque final à la carrière du guitariste, avant qu’il ne rebondisse auprès de Gary MOORE ou Stevie Ray VAUGHAN avec l’album posthume « In Session » publié sept ans après le décès de ce géant (au propre comme au figuré) du Blues. Un bon 4 sur 5.

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   LE KINGBEE

 
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- Albert King (chant, guitare)
- Barry Wilkins (guitare rythmique)
- James Alexander (basse)
- Alvin Hunter (batterie)
- Winston Stewart (claviers)
- Charles Allen (trompette)
- Wayne Jackson (trompette)
- Andrew Love (saxophone)
- Harvey Henderson (saxophone)


1. I'll Play The Blues For You (parts 1 & 2).
2. Little Brother (make A Way).
3. Breaking Up Somebody's Home.
4. High Cost Of Loving.
5. I'll Be Doggone.
6. Answer To The Laudromat Blues.
7. Don't Burn Down The Bridge (cause You Might Wanna)
8. Angel Of Mercy.



             



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