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- Style + Membre : Albert King & S.r. Vaughan , Wattstax, Booker T. Jones , Booker T. & The Mg's

Albert KING - I Wanna Get Funky (1974)
Par LE KINGBEE le 3 Décembre 2022          Consultée 758 fois

Nous sommes en 1972, Albert KING, un colosse dont la taille avoisine le double mètre, vient d’enregistrer I Play The Blues For You, un album dit de référence. A peine le disque dans les bacs, le guitariste retourne en studio, bien décidé à ancrer cette fois son répertoire dans un décor plus funky comme en atteste clairement le titre. Tout est dit ou presque : suite aux problèmes que connaît la Stax, la firme au logo avec les doigts qui claquent ne publie la galette que deux ans plus tard.

Surnommé le 'Bulldozer' en raison de sa stature mais aussi parce qu’il mania l’engin dans une plantation pendant plus d’une décennie avant de se consacrer totalement à la musique, Albert KING n’est pas ici représenté avec son éternelle pipe et encore moins avec une cigarette, mais un nuage de fumée semble sortir de sa bouche. Second constat, la pochette le représente maniant une Fender Telecaster en lieu et place de sa fidèle Lucy. En dehors du titre mettant en avant la notion de Funk, c’est à peu près les seules indications que laisse transparaître le visuel.

Parmi les neuf titres du disque, seuls deux proviennent de la plume du guitariste. La galette s’ouvre avec "I Wanna Get Funky", une compo de Carl Smith, déjà contributeur d’une chanson sur l’album précédent. C’est un orgue comme on en entend dans certaines églises du Sud qui débute sa mélopée avant que la guitare n’entre en scène. Comme toujours, le phrasé demeure limité, presque radin, mais comme d’habitude KING va à l’essentiel. Contrairement à certains virtuoses du manche, le Mississippien n’a pas pour habitude de balancer une cascade de notes quand trois ou quatre suffisent à créer une toile de fond suffisamment éthérée pour nous surprendre à chaque accord.
"Play On Me", compo de Sir Mack Rice, auteur des classiques "Mustang Sally" et "Respect Yourself", pourrait à lui seul synthétiser le répertoire du guitariste : un onctueux mélange de Blues et de Soul patiné du son Stax. "Walking the Back Streets and Crying", une compo de Sandy Jones aussi connue pour "Laundromat Blues", avait été préalablement enregistrée par Little Milton pour le même label. Belle occasion de découvrir la différence qui se situe principalement autour du jeu de guitare. KING étant gaucher accordait son instrument à l’envers, jouant ainsi d’avant en arrière, utilisant son pouce en guise de médiator, d’où ce son unique. Certains trouvent que cette version demeure la plus moëlleuse, à chacun son idée. Le titre sera repris par plusieurs virtuoses (Magic SLIM, Otis RUSH, Byther Smith) avec des essais plus bluesy valant le détour. La gent féminine s’attaque également au morceau par le biais d’Etta JAMES et Koko TAYLOR, auteures d’excellentes covers.

La frontière entre le Blues et la Soul est parfois aussi mince qu’une feuille de papier à cigarette, la preuve avec "Til My Back Ain't Got No Bone", une collaboration d’Eddie FLOYD et d’Al Bell, enregistrée par William Bell. Le chant du colosse débutant sous la forme d’un monologue n’hésite jamais à flirter avec l’humour. Encore une fois, la qualité des arrangements et l’accompagnement des Bar-Kays et de la Memphis Horn Section prodiguent au titre une onctuosité incomparable, bien dans l’esprit de la Stax, même si le titre aurait mérité d’être raccourci d’une bonne minute. Rien à voir avec les tentatives peu fructueuses d’Esther Phillips et de Tom JONES.
A contrario, un fort sentiment de déception et de mélancolie se dégage de "I Can't Hear Nothing But the Blues", un véritable hymne dédié au Blues. Le premier couplet laisse percer une perception de tristesse : My mother and father were great people - Oh what a beautiful memory of them - I guess I'm just a man with a different mood - Ah Lord, oh I can't hear nothing but the blues. Son Seals, son ancien équipier, reprendra le morceau dans une interprétation moins mielleuse reposant sur un jeu de guitare plus agressif. En clôture, "That's What the Blues Is All About", une compo du tandem Bobby Patterson/ Jerry Strikland, nous renvoie à une excellente mixture de Soul Blues accommodée à la sauce Funky. Preuve de cette orientation résolument ancrée dans le Funk, le guitariste nous offre une nouvelle version de "Crosscut Saw", titre figurant dans son premier album Stax Born Under A Bad Sign avec une intro tout simplement ébouriffante.

Deux originaux viennent fleurir l’album : "Flat Tire" *, à a basse pleine de rondeur et à l'orchestration à cheval entre Blues et Soul, aux confins d’un style Disco plein de discrétion, s’offre longtemps comme une spoken song dans laquelle le chanteur se lamente de la mauvaise tournure que prend sa relation avec sa bien aimée, qu’il voyait sous un autre jour. Un titre qui sous une bonne couche d’humour cache un paquet d’amertume. "Travelin Man" ♦, peut-être le titre le plus funky du disque, nous conte l’histoire d’un musicien disposant d’une petite amie dans chaque ville où il se produit, un artiste voyageur qui veut garder son groove. Un titre qui n’a rien d’autobiographique, Albert n’étant ni originaire du Texas, pas plus que de l’Arkansas.

Peut-être moins marquant que Born Under A Bad Sign(fi] et I’ll Play The Blues For You, ce huitième disque studio n’en constitue pas moins un opus des plus recommandables. La présence d’Henry Bush et d'Allen Jones, deux producteurs chevronnés, d'arrangeurs de talent, Lester Snell et Dale Warren déjà présents dans le recueil précédent, de l’une des meilleure sections cuivre du moment, d’un orchestre hors-norme et enfin d’un guitariste inspiré fait de cette galette un mets de gastronome.


*Titre homonyme au R&B composé par Willie Dixon et Clyde Otis.
♦Titre homonyme à ceux de Jerry Fuller, Pink Anderson et Bob Seger.

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- Albert King (chant, guitare)
- Donald Kinsey (guitare)
- Errol Thomas (basse)
- James Alexander (basse)
- Willie Hall (batterie)
- Ronnie Gorden (orgue)
- Isaac Hayes (claviers)
- Andrew Love (saxophone)
- Joe Arnold (saxophone)
- Harvey Henderson (saxophone)
- Wayne Jackson (trompette)
- Ben Cauley (trompette)
- Jack Hale (trombone)
- Pat Lewis (choeurs)
- Diane Lewis (choeurs)
- Rose Williams (choeurs)
- Henry Bush (choeurs)


1. I Wanna Get Funky
2. Playing On Me
3. Walking The Back Streets And Crying
4. 'til My Back Ain't Got No Bone
5. Flat Tire
6. I Can't Hear Nothing But The Blues
7. Travelin' Man
8. Cross Cut Saw
9. That's What The Blues Is All About



             



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