Vous vous souvenez du petit Jordy ? Il chantait « Dur d'être un bébé » dans les années 90. Certaines carrières commencent au berceau, d'autres à l'âge de la retraite ! Et oui ! Voyez donc celui de notre loustic : 64 ans ! Bien sûr qu'il n'y a pas d'âge pour bien faire ! Il faut dire que notre colosse traîne depuis quelques dizaines d'années au beau milieu des artistes, après une vie faite de bric et de broc.
Natif d'Oakland, il quitte le toit familial vers 13 ans et commence à vivre d'expédients sur la route, voyageant dans les trains de marchandise comme dans les films. Clodo donc pour une grande partie de sa vie, difficile, très difficile... Il rapporte d'ailleurs ses expériences dans les deux « Story » qu'il narre avec son accent ricain inimitable. Puis, il débute dans la musique, roadie, tech, puis musicien, puis ingé son... Il croise au cours de son existence Joni MITCHELL. En Europe, il finit par se prendre au jeu et débute comme artiste solo. Ce Cheap est sa première contribution. Tantôt blues, parfois folk, très blues rock, immédiatement identifiable, vous allez voir, ce gars est très attachant.

C'est vrai, je vous dois une explication pour cette histoire de Seasick ! Notre ricain s'est marié avec une norvégienne et pour des raisons qui nous échappent doit prendre régulièrement le bateau dans la contrée des vikings. Il se trouve qu'il a tout le temps le mal de mer. Légende urbaine, vérité ou coup marketing, « Steve au mal de mer » est resté !

Allez, je vous envoie fissa écouter les morceaux essentiels de cette première livraison. On débute par « Xmas prison blues » où l'on retrouve l'essentiel de ce qui fait les compos du old man : du blues crasseux fait avec trois bouts de carton et une ficelle - rigolez pas, on est pas loin du cut -, sa voix de grandpa super identifiable, parfois des riffs à la ZZ TOP, parfois des ambiances à la Calvin RUSSELL, le bourbon et la dope en moins. Ce titre superbe est lent et sépulcral, symbolique. Alors bien crasseux, presque boueux, je vous conseille « Rooster blues », malgré la démarche un brin marketing du gars, pas de doute ça sonne roots, ne confondez pas avec Rooster les gars , ça veut dire « coq ». De même « Hobo blues » narre les aventures des clochards , c'est donc aussi bien dégueulasse, On est loin de Joe BONNAMASSA pour sûr !

On croirait donc par instant la voix du révérend Willie G from Texas comme sur la sympa « Levi song ». Et le blues rock est omniprésent, l'éponyme « Cheap », le musclé « rockin chair » ou « 8 ball » sont tous honnêtes et sans fioritures. Guère de solo de gratte cependant, ce gars joue dans la catégorie des branleurs tout court, pas dans les branleurs de manche. La réminiscence avec le grand révérend du southern blues n'est pas fortuite, voyez donc ce « Sorry Mr Jesus » où l'on retrouve le seul et unique Djizeus, le gonze qui se trimballe de Chicago à la Nouvelle Orleans si l'on en croit l'évangile selon William GIBBONS, petit titre polisson qui se laisse bien écouter, c'est qu'on y prend du plaisir en plus, la classe ! Le petit rythme nonchalant de « Love thang » rappelle à nouveau les géants du Lone star state.

Pour un premier essai, le jeune artiste ne s'en sort pas si mal. Il y a même de chouettes choses à retenir pour l'avenir. Du blues, du blues rock, du folk, une personnalité forte et évidente. L'oiseau de mer a de beaux jours devant lui, même à son âge avancé ! Pas le meilleur de sa disco, mais très honorable. Recommandé pour tous les bobos parisiens qui souhaitent se mettre au bluzzzzzz, c'est easy listening et plutôt roots !