Je sais, j’ai largué SASICK STEVE lorsque j’ai découvert que ce coquin d’intrigant avait fomenté de se vieillir de 10 ans pour les besoins de son compte en banque ! Il n’en demeure pas moins vrai que l’artiste en est un et que son talent est indéniable. On va donc faire gaffe a tenir sa nana en approchant le loustic, on surveille tout c’est pas compliqué, ce mec est capable de tout pour un billet vert même à l’effigie de Benjamin Franklin ! Nous en sommes déjà à son 14eme opus mais il est toujours difficile de le suivre l’animal ! Allez, tenez bien vos nanas les gars, ce grandpa est dangereux et a de gros biscotos !

"Move To The Country" sonne Stevie Ray VAUGHAN avec une guitare bien sur moins volubile, un état d’esprit qui mixe soul et blues pour une fusion que ne renierait pas Johnny WINTER dans les seventies….mais qu’et ce donc que ce bridge country en plein milieu ? Sacré STEVE, toujours prompt a nous tromper sur la marchandise, et cette lap steel guitar ? A mourir de rire si ce n’était pas si agréable. On repart sur un crossroad avec "Soul Food", les riffs et licks se succèdent avec une pointe de modernité alliée a ce son si raw et roots puis le refrain de "Cryin Out Loud" répété jusqu’au bout se tient fort bien.

On se croirait avec les dingues du ciboulot de PRIMUS sur "Internet Cowboys", STEVE aligne les riffs et on sent toujours cette folie latente, prête a sortir par toutes les cordes de ses grattes amputées. Et voyez donc cette vidéo avec le grandpa sorti d’un roman de Faulkner si vous connaissez Tandis que j’agonise. Et quand on a vécu comme lui la révolution du flower power à Frisco, "San Francisco Sound 67" est un hommage a cette époque bénie des dieux, entre l’Airplane et Janis JOPLIN, alors ce blues lent est à la gloire de cette folle année, on y chante les concerts à Fillmore, les soirées au Hungry I du KINGSTON TRIO… Ouais… The voice n’existait pas encore … Super cool.

Il y a d’ailleurs pas mal d’influence texane a la Stevie Ray VAUGHAN sur cet album du voyage ! On reste dans un blues très lent et groovy avec "Let The Music Talk", le genre qui a fait la renommée de l’artiste à la barbe blanche ! Il la chante en toute décontraction tel le grand pa qu’il n’a jamais cessé de camper ! On y signale une chouette montée en puissance sur la coda. L’ambiance reste texane du coté de Houston avec des sonorités typées ZZ TOP époque pré cyber boogie sur "Backbone Slip", la barbe le fait, les sons aussi, et tout ça swingue bien comme il se doit, avec plein de bécane dans la vidéo. Le son évoque le révérend Billy GIBBONS sur "You Don’t Know", la voix… aussi… le grave rocailleux du kingbilly en moins, mais qui chante comme Billy ?

"Funky Music" sonne-t-elle comme le titre le laisse penser ? L’orgue tressaute comme chez sa majesté SLY le défoncé, la vibe est cool avec juste ce qu’il faut de cuivre pour se sentir cool. Le refrain sur le blues la soul le funk avec de superbes backing est savoureux, et le solo est digne de Eddy Hazel. Evidemment qui ne connaît les titres à rallonge du déconneur sans fond qu’est SEASICK STEVE ? Voici donc l’éponyme "A Trip A Stumble", une basse ronde, et une gratte bien lumineuse à la DIRE STRAIT, un petit instant de quiétude dan toute cette débauche ! L’identité est soul avec ses backing très blacks.

Les licks de "This Way" nantis de cet orgue statique évoquent un rocksteady plein de substance hallucinogènes, presque du Bob MARLEY dans le texte, l’oiseau de mer n’en est pas son premier spliff comme vous vous en doutez le coquin ! Et Luther Dickinson de donner dans le solo bien déjanté ! Enfin, on se retrouve sous le porche d’une vieille baraque pourri du fin fond de l’Alabama sur "Elisabeth", une complainte amoureuse comme SEASICK sait les créer avec un talent consommé. L’harmonica jointe a sa voix sensible fond du refrain un must complet que vous ne devez rater sous aucun prétexte, le titre de l’album, une merveille absolue !

Bref, je me suis encore fait enfler par ce bluffeur de première, j’ai perdu toute mon attention entre les chœurs soul et ces grattes terriblement attachantes un peu partout alors que "Elisabeth" m’a bien traumatisée. Est ce qu’il rajeunit l’enfoiré ? Allez savoir peut-être qu’il nous trompe aussi la dessus, il en serait capable ! J’ai laissé ma nana a la maison pour aller découvrir ce nouvel album, on ne sait jamais. Avec sa voix déglinguée et ses grattes pourris ce mec est capable de tout. C’est un 4 joliment troussé, et chaudement recommandé !