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- Style : Terence Trent D'arby

Sam COOKE - Cooke's Tour (1960)
Par LE KINGBEE le 22 Septembre 2017          Consultée 1128 fois

Album historiquement important pour le plus grand chanteur noir du début des sixties avec « Cooke’s Tour » puisqu’il s’agit ici du premier disque édité par la firme RCA Victor. Après avoir débauché Elvis Presley à Sun Records, la RCA dispose de deux des principaux porte-drapeaux de la musique populaire américaine. L’un est blanc, l’autre noir. Second constat, il est évident qu’il est hors de question pour RCA que l’ancien chanteur de Gospel fasse du chant religieux. Dans l’esprit des dirigeants de la firme, COOKE doit devenir un chanteur de variété et vendre du disque. Et oui, cela risque de rapporter un max en termes de vente. Troisième observation, contrairement à ce que pourrait laisser suggérer le titre, « Cooke’s Tour » n’est pas un disque Live, mais un disque enregistré en studio lors de trois sessions mises en boîte au Studio RCA de Manhattan (New York) les 2 et 3 mars 1960, cette dernière date donnant lieu à une séance matinale et une seconde l’après midi. Hormis l'inamovible guitariste Clifton White et le batteur fourre-tout Bunny Shawker, ayant accompagné Billie Holiday, Louis Armstrong et la rockeuse Janis Martin, les musiciens des deux dernières séances ont complètement changé. Il faut dire qu’à cette époque, le studio RCA ne connaissait pas la récession et que les accompagnateurs devaient pousser comme des champignons.

Dès les premières notes, on se rend compte que Sam COOKE a viré sa cutie. Fini les chants d’églises et place à une Pop aux confins de la romance et de la ballade bienveillante et bien proprette sans la moindre coloration Soul. On ne parle pas (enfin juste un peu) des arrangements et de l’orchestration qui sonnent vraiment old time. Il est clair que la RCA a transformé l’ancien chanteur de gospel en un gendre que toute bonne ménagère américaine de la classe populaire s’arracherait.

D’entrée de jeu, les violonnades sirupeuses donnent le ton. Ah, c’est sûr, l’auditeur qu’il soit blanc ou noir (pour la RCA c’est pareil, ce sont tous des acheteurs en puissance ou en devenir) ne risque pas de s’attraper un tour de rein et encore moins d’élever sa conscience. La RCA via le tandem de producteurs Hugo Peretti/ Luigi Creatore a concocté un répertoire sur mesure pour le chanteur, du cousu-main qui ne risque pas d’effrayer la Censure. « Far Away Places », une ballade insipide du couple Alex Kramer/ Joan Whitney, ceux-là même qui adapteront en américain « Clopin Clopant », compo de Bruno Coquatrix chantée par Henri Salvador, ouvre les hostilités. Autant dire qu’en terme d’hostilités la chanson peut se targuer d’être l’une des plus calmes jamais entendues. Certes, la version de Sam COOKE demeure par le chant bien supérieure à celle des crooners italo-américains Vic Damone ou Perry Como ou bien encore de Dinah Shore, mais cela ne suffit pas à nous faire sauter au plafond. On se prend à rêver sur les premières mesures de violons de « Under Paris Skies », l’adaptation américaine de « Sous le Ciel de Paris » immortalisé par Anny Gould, Juliette Gréco, Maurice Chevalier et Jean Bretonnière (dans le film du même nom) une pièce de notre patrimoine issue des plumes d’Hubert Giraud et Jean Drejac. L’adaptation américaine de Kim Gannon connaîtra de beaux jours, chantée par Georgia Gibbs ou Paul Anka et deviendra même un standard du Jazz joué par Duke Ellington. COOKE nous en délivre ici une version pas désagréable mais loin de nous faire tourner le bourrichon. Pour un peu, on en viendrait même à préférer les interprétations d’Aimable, Verchuren ou Larcange, nos rois du flonflon. Changement de cap avec une nouveauté... mais des années 30, avec « South Of The Border (Down Mexico Way) », œuvre du duo Michael Carr/ Jimmy Kennedy. Repris à toutes les sauces (Como, Mel Tormé, Gene Autry sans parler de multiples versions orchestrales), le titre sera chanté chez nous par Rina Ketty et Tino Rossi sous l’intitulé « Sérénade Près de Mexico ». Ne croyez pas que les Américains nous prennent tout, on leur en pique aussi pour notre argent.
Si vous êtes amateurs de titres entraînants, dynamiques, vous donnant envie de vous rouler par terre, de jeter une canette à travers la fenêtre, il ne faut pas compter sur « Bali Ha’i », tiré de la comédie musicale « South Pacific », popularisé epar Juanita Hall, Bing Crosby et Frank Sinatra.

Si vous pensiez ou espériez que Creatore et Perreti changeraient leur fusil d’épaule, c’est peine perdue ! La suite des pistes se situe dans la même lignée. « The Coffee Song », titre se voulant amusant et parodique et succès de Sinatra et des Andrews Sisters, reste inspiré par « Brazil ». Pour attirer la clientèle d’origine italienne, quoi de mieux qu’une reprise de « Arrivederci Roma (Goodbye To Rome) » œuvre de Renato Rascel immortalisée par Mario Lanza et devenue depuis standard populaire ? Chers lecteurs (surtout chers auditeurs) si vous croyiez être au bout de vos peines, le pire est à venir avec « London By Night », une guimauve de Carroll Coates composée pour Sinatra. Afin de parfaire ce formidable melting pot, RCA transforme le chanteur de gospel en conteur de Calypso avec « Jamaica Farewell » une compo de Lord Burgess popularisée par Harry Belafonte. Excellent chanteur, Sam COOKE a bien du mal à se projeter dans ce folklore caraïbéen, on en viendrait à préférer la version plus amusante du duo Nina & Frederik.
Après les nombreuses fadaises américaines, le titre italien, le calypso, pourquoi pas se lancer dans le pseudo folklore irlandais avec « Galway Bay » composé par le Docteur Colahan et popularisé par Bing Crosby. De l’Irlande, petit détour par Hawaï avec « Sweet Leilani » popularisé par Bing Crosby dans les années 30, mais la température reste toujours aussi froide. Là où il y a de la gêne, il n’y a plus de plaisir, alors pourquoi ne pas se vautrer dans le « made in Japan ». Nos deux producteurs italiens sont des malins, ils recyclent une de leur ancienne production chantée par l’actrice chanteuse japonaise Nancy Umeki avec « « The Japanese Farewell Song » issue du film « Sayonara » avec Marlon Brando. Pourquoi ne pas terminer ce disque avec un titre servant de synthèse au répertoire ? « The House I Live In », une romance mièvre gravée par Sinatra et The Ravens, vient clore le disque comme il avait commencé : mollement, indolemment et tristement.

Plus d’un demi-siècle après sa sortie, ce « Cooke’s Tour » fait peine à écouter. Les deux producteurs italiens et la RCA semblent s’être fourvoyés en nous expédiant un répertoire fabriqué de toute pièce et en voulant transformer Sam COOKE en un chanteur de ballades pour midinette. Les arrangements inodores se situent au niveau de l’orchestration particulièrement archaïque et lisse. Il ne reste que la voix du chanteur. Un 1,5 nous paraît amplement justifié et sera même ramené à 1, pour cause de deux producteurs trompeurs de bout en bout sur la marchandise. Le répertoire digne de la variété internationale peut prêter à discussion quant au classement de ce disque.

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- Sam Cooke (chant)
- Clifton White (guitare)
- Charles Macey (guitare 3-9-10-11)
- Al Hanlon (guitare 3-9-10-11)
- Al Charnett (guitare 1-2-4-5-6-7-8-12)
- Bunny Shawker (batterie)
- George Gabor (percussions 3-9-10-11)
- George Duvivier (basse 1-2-4-5-6-7-8-12)
- Lloyd Trotman (basse 3-9-10-11)
- Hank Jones (piano 3-9-10-11)
- Morris Wechsler (piano 1-2-4-5-6-7-8-12)


1. Far Away Places.
2. Under Paris Skies.
3. South Of The Border.
4. Bali Ha'i.
5. The Coffee Song.
6. Arrivederci Roma (goodbye To Rome).
7. London By Night.
8. Jamaica Farewell.
9. Galway Bay.
10. Sweet Leilani.
11. The Japanese Farewell Song.
12. The House I Live In.



             



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