En revenant de leur tournée en Inde et en attendant le quatrième album, Matmatah décident de donner quelques nouvelles à leur public. Ce n’est pas brillant.
On s'en doutait déjà à la réédition d'Archie Kramer avec le titre supplémentaire "Comme si de rien n'était", une chanson pop aussi niaise que "Au Conditionnel" qui ne ressemble pas du tout au visage que l'on avait des Brestois. Alors voilà, à nouveau les masques tombent. D'abord ils ont fait du rock à sonorités folkloriques (La Ouache), ensuite ils ont fait du rock un peu plus old school (Rebelote), puis toujours du rock mais avec un mélange de pop-songs un peu mielleuses (Archie Kramer) et à l'aube du quatrième album, ils essaient de mélanger un peu tout ça. Le résultat est un capharnaüm sans nom.

"Comme si de rien n'était", des petites sonorités orientales, des choeurs un peu débilisants, un refrain on ne peut plus ennuyant. Il en va de même pour le texte, apologie du couple qui ne se montre pas, oui c'est mignon, mais bon. Le clip de ce titre, présent sur le disque, est certainement le plus mauvais clip de Matmatah. Incomparable avec les "Emma" ou même "Au conditionnel" qui reste d'une originalité certaine. Ici, non, on voit le groupe qui joue (super original!), des couples qui s'embrassent, et même des singes qui se font des papouilles. Bref, c'est plat.
Le reste de l'EP est de la même trempe, souvenirs d'Inde les compositions explorent de nouveaux sons inconnus pour le groupe mais malheureusement ils restent mal exploités. "Daily Delhi", un instrumental assez plat sans réelle patate nous fait regretter les "Ribett's" ou autre "Out".
"Hyderabad" raconte un peu leur tournée sur le continent asiatique, on sent qu'ils ont ramené des bons souvenirs mais dans cette pop un peu sixties, peu de sensations ressortent, si ce n'est la frustration. Frustration de ce que devient un groupe qu'on aimait bien.
Le désastre se produit quand on écoute "Quitter la route", chanson de vieux rockers qui disent qu'il est déjà temps de laisser la place aux autres. Vu la qualité des autres morceaux de cet EP, on ne peut s'empêcher d'avoir des pensées cyniques à l'écoute de ce morceau (je vous les épargnerai), mais ça fait tout de même un pincement au coeur de se dire que Matmatah songent déjà à arrêter. Surtout quand on écoute le morceau suivant, "Challo Challo", qui est le seul intérêt de ce disque, et quel intérêt! Ici, Matmatah se redécouvrent, un rythme consistant, des nouvelles sonorités, une voix et des choeurs agréablement surprenants, ça reste du rock old school mais cette fois-ci délicieusement prenant. Dommage que le morceau soit si court.
Et enfin, le remix indien du "Souvenir", morceau d'Archie Kramer. On se croirait au Buddha Bar, c'est un peu kitch, le morceau n'est pas vraiment changé si ce n'est les choeurs à la fin qui sont les mêmes que pendant les concerts de la tournée Archie. Mais bon, rien de neuf.

Alors que dire à part que ce disque est frustrant? Que Matmatah se cherchent entre leurs nouvelles influences indiennes et leurs vieilles sources occidentales? Que de toute façon le groupe songe arrêter bientôt? Qu'il y a tout de même un espoir qu'ils reprennent du poil de la bête? On ne sait pas trop, "...and time goes friendly" ne fait que mettre des points de suspension à la discographie de Matmatah qui semble se dégrader un peu en qualité...