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BLINK 182 - Cheshire Cat (1995)
Par T-RAY le 27 Novembre 2017          Consultée 1350 fois

Il n’est pas exagéré de qualifier les années 1994-95 d’explosion Punk Rock. Jamais, depuis la fin des années 1970 et le tout début des 80’s, le genre n’avait été aussi audible en termes d’exposition médiatique. Et jamais il n’avait été autant joué en radio, ni été aussi populaire, non pas au sens propre, mais au sens de “célèbre dans une large frange de population”. Mais là où le Punk des 70’s avait New-York et Londres pour bases principales, la vague des mid 90’s avait pour unique base d’importance… la Californie ! La misère est peut-être moins pénible au soleil, mais l’ensoleillement californien n’a pas empêché des The OFFSPRING, des NOFX, des RANCID de s’engager en chansons, et même en tubes en 1994.

Il faut toutefois le reconnaître : le West Coast Punk Rock, tel qu’on peut le désigner en un terme chapeau, est plus un son qu’un état d’esprit protestataire, contrairement à son aîné des 70’s, d’ailleurs beaucoup plus varié sur le plan musical. Et ce son riche de power chords simples, de mélodies évidentes qui font mouche, de chant lui aussi plus mélodique a davantage servi de rampe de lancement à l'expression d'inquiétudes, de soucis mais aussi de joies et de potacheries adolescentes. Un terrain qui a permis à des GREEN DAY ou des BLINK-182, sans doute les deux combos à s’être le mieux sorti de cette vague, de fleurir tout autant que les trois groupes précités. 1994 fut l'année de tous ces groupes, à des degrés certes différents, mais chacun a profité de l'incroyable tremplin de la scène West Coast Punk Rock.

GREEN DAY et The OFFSPRING ont décroché la timbale avec "Dookie" et "Smash", offrant à coups de millions d’albums vendus dans le monde une exposition inédite au Punk californien… voire au Punk tout court. Derrière eux, NOFX et RANCID, avec respectivement "Punk In Drublic" et "Let’s Go", ont été pour la première fois de leur carrière certifiés Gold par la RIAA. Le succès énorme de ces formations a même relancé celui de leur aîné californien BAD RELIGION, pourtant pionnier de la scène Punk dans le Golden State, et certifié Gold lui aussi pour la première fois avec "Stranger Than Fiction". Reste BLINK-182... Des suiveurs pour beaucoup, des faux punks pour pas mal d’autres, des sales gosses pour tout le monde. Auquel on ne peut pas donner tout à fait tort.

Oui, c’étaient des sales gosses, surtout aptes à évoquer les blagues scato de lycéens, les amours et fantasmes sexuels adolescents, à tourner en dérision la parentèle, à se foutre du monde des adultes. Et, en cela, ils tiennent beaucoup de l’esprit RAMONES, dont l’irrévérence crasse ne tenait pas au départ de l’engagement politique et social d’autres pionniers du Punk. Oui, c'étaient des suiveurs, car s’ils ont profité parmi les premiers de l'explosion du West Coast Punk Rock, ils ont sorti leur premier véritable album, le "Cheshire Cat" ici chroniqué, début 1995, après que les formations suscitées, qui avaient déjà toutes au moins deux albums à leur actif, n’aient changé la donne en 1994.

Non, ce ne sont pas de faux punks, pour leur proximité d’esprit avec celui des RAMONES et d'autres, et aussi pour leur maîtrise musicale des fondamentaux du Punk Rock. Et ça n’est pas l’hyper mélodicité de leur style qui fait d’eux des “false” pour autant. "Cheshire Cat" en rend compte de la façon la plus brute qui soit, car cet album est très peu poli, dans tous les sens du terme. On y trouve les parties de basse et les plans de batterie simples et directs typiques du Punk Rock, les suites d’accords de puissance énergiques caractéristiques du genre sur les refrains, le palm muting de guitare sur les couplets… et des voix tout sauf travaillées, un chant tout sauf bien interprété. C'est on ne peut plus vrai sur des saletés comme "Fentoozler", "Strings", "Toast And Bananas", "TV", "Depends"... qui ne sont pourtant pas désagréables et dont les refrains basiques et simplistes parviennent à ne pas se faire oublier.

C'est l’un des petits miracles du BLINK-182 de début de carrière : cette capacité, malgré des voix de casserole - notamment celle, hyper geignarde, de Tom DeLonge - et un niveau technique plutôt faible (comme souvent dans le Punk) d’accrocher l'auditeur, qui finit par passer outre les nombreuses fausses notes pour aller direct à l’essentiel. Le fun. La spontanéité. La “catchiness”. Hoppus, DeLonge et Raynor sont des jean-foutre, mais qui savent en outre attraper leur public par les sentiments : l'attrait naturel de mélodies immédiatement assimilables. Ce qui allait faire d’eux l'étendard du Pop-Punk à l'orée des années 2000 est déjà présent en force sur cet album. Ces mélodies tantôt clean, tantôt saturées, on les retrouve sur les incontournables "Carousel" et "Peggy Sue", déjà bien Emo dans le texte, et l’hyper second degré (et finalement critique du système sportif universitaire US) "Touchdown Boy", tous trois dotés de riffs imparables.

"M+M’s", le premier vrai tube du power trio qui leur a valu un clip dans lequel ils surjouent leur rôle de crétins post-pubères, est certainement la plus éclatante démonstration de ce savoir-faire inné du duo Hoppus-DeLonge en matière d’impact mélodique. On l’a ou on ne l’a pas et, manifestement doués dans le domaine, les deux amis d’enfance en font un usage déjà très juste. C'est cela et l'urgence avec laquelle ils le mettent en œuvre qui transforment en petit succès international un disque qui n’en avait manifestement pas l’ambition, le label indépendant Cargo Music n’ayant pas les moyens d’un Epitaph sur lequel étaient signés The OFFSPRING, NOFX et RANCID, et encore moins ceux de la major qu'était Reprise Records, aux commandes de la fusée "Dookie" de GREEN DAY.

Oui, un succès international car les Britanniques et leurs anciennes colonies d’Australie et de Nouvelle-Zélande ont été spontanément plus touchés par le style BLINK, valant à "Cheshire Cat" d'être certifié Silver au Royaume Uni. Un paradoxe si l’on considère à quel point BLINK-182 est presque synonyme de Punk californien aujourd'hui, mais pas si l’on prend en compte l’attachement viscéral des Britons et des anciens sujets de Sa Majesté pour la mélodie dans le Rock, et pour les harmonies vocales, auxquelles Hoppus et DeLonge s’essayent timidement déjà sur ce premier album. Ce à quoi ils s’essayent aussi déjà, c’est au traitement un peu plus mature des sentiments amoureux, comme en témoigne le très accrocheur "Wasting Time", qui préfigure déjà bon nombre des hits les plus adultes du combo.

Naturellement la puérilité est archi présente sur 95% de "Cheshire Cat", ce qui rend le disque attachant mais aussi agaçant. Un disque également trop riche en “fillers” faciles, ces morceaux qui permettent de faire le nombre mais sans la qualité nécessaire pour qu’on ne les oublie pas. "Does My Breath Smell?", "Cacophony", "Romeo And Rebecca", "Ben Wah Balls", "Just About Done"... Autant de morceaux dispensables qui ne font qu’ajouter au côté gamin parfois horripilant des trois musiciens à l’aube de leur carrière. Un trait qui était sûrement très frais lors de la sortie de l’album mais qui, plus de vingt ans et une cohorte de disciples plus tard, perd totalement en originalité. Aujourd'hui, on peut se permettre de les passer pour ne conserver que la demi-douzaine de très bons titres, et quatre ou cinq autres bons morceaux, lesquels renferment déjà l’essence de ce qui a fait, fait et fera encore, espérons-le, BLINK-182.

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- Tom Delonge (guitares, chant)
- Mark Hoppus (basse, chant)
- Scott Raynor (batterie)


1. Carousel
2. M+m's
3. Fentoozler
4. Touchdown Boy
5. Strings
6. Peggy Sue
7. Sometimes
8. Does My Breath Smell?
9. Cacophony
10. Tv
11. Toast And Bananas
12. Wasting Time
13. Romeo And Rebecca
14. Ben Wah Balls
15. Just About Done
16. Depends



             



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