Love Songs, c'est ce qu'on appelle une double dose de séduction dans son apparat le plus simple et efficace : Vanessa PARADIS, chansons d'amour. Il n'en faut pas davantage pour attirer un public conquis depuis belle lurette.

Après une nouvelle période dédiée au cinéma, y compris un doublage pour le film d'animation Un Monstre à Paris, collaboration avec -M-, la belle change un peu de cap et met le grappin sur Benjamin "Everywhere, Everytime" BIOLAY, à moins que ce soit lui qui ait enfin succombé aux charmes de la sirène.

Un album long voit ainsi le jour, avec une durée étalée sur pas moins de 20 morceaux ! Le concept, on en a parlé, il vient de différentes plumes allant d'Adrien Gallo à Mathieu BOOGAERTS en passant par BIOLAY bien sûr, Johnny Depp et la petite Lily-Rose (!), Vanessa PARADIS enfin, un peu. Si l'amour est le thème qui réunit l'ensemble des pistes, il y a, on s'y attend, une récurrence mêlée à une diversité qui procurent autant d'enchantements que de déceptions.

La belle chanteuse ne démord pas de son affection pour les années 50 et 60, les ballades légèrement "oldies" (vieille époque) comme le rock à tendance garage. BIOLAY déploie son talent d'écriture et d'arrangement, faisant intervenir des cuivres comme pour lui-même depuis son double album La Superbe (2009). C'est un critère positif, jusqu'à un certain point, c'est-à-dire le moment où on commence à penser que limiter ces mêmes cuivres à jouer une note sur le deuxième temps et une autre sur le quatrième de chaque mesure pour plusieurs chansons folk jazz, c'est tourner en rond.

Et c'est bien le problème de Love Songs. Les meilleures chansons sont au début, les six premières en fait, et très ponctuellement, on a ensuite la dixième, l'avant-dernière et celle juste avant l'antépénultième (autrement dit, "Être Celle"). Ce qui fait un petit album très bon et le reste agréable ou alors monotone. "The Dark It Comes", composition de l'artiste britannique Carl BARÂT et duo avec lui, peine à convaincre dans un style slow sombre. L'autre duo, "Les Roses Roses" avec BIOLAY, termine gentiment l'album, sans faire de vagues.

Si l'emploi de tempo reggae, latino et soul ne surprend pas à côté de la folk et de la pop habituelles, il y a une cohabitation quelque peu surprenante de titres acoustiques purs et de tempos électro, à grand renforts de synthétiseurs emphatiques joués par BIOLAY, un autre excellent point de l'album. On les entend dans "Love Song", "Mi Amor" surtout, efforts un brin isolés. Vanessa fait plus preuve de sensualité que de piquant, avec son timbre grave et légèrement voilé, ou comme sur "C'est Quoi ?" d'une clarté rare et qui lui sied mieux encore.

Les musiciens, Nicolas Fiszman, BIOLAY et Carl BARÂT aux guitares, habillent le tout avec une certaine classe, le vétéran Denis Benarrosch donne la plus belle leçon de batterie sur un album de Vanessa PARADIS, et quelques cordes sont ajoutées. On aime "Au-Delà", au pas lent et à la guitare western. On aime que la chanteuse prenne sur "Tu Vois C'que J'vois" une coquetterie et un charme latino/antillais qu'on avait eu le temps de ne plus espérer depuis "Manolo Manolete". Sans parler de son chant en italien sur le sympathique "Tu Si Na Cosa Grande", reprise de Domenico MODUGNO ; monsieur BIOLAY, le fan d'Anthony PHILLIPS vous remercie d'avoir sorti de vos placard la boîte à rythmes Roland TR-808 sur ce titre !

Au rang des belles surprises, "Les Espaces et les Sentiments", "Tu Pars Comme on Revient" et "Être Celle" avec sa poésie imprégnée de nature sont vraiment de très belles chansons. Et gros coup de coeur, "La Chanson des Vieux Cons", délicate, fragile, suffisamment étirée comme ses choeurs qui font "mmmh". Au contraire de la durée de cet album par rapport à l'inspiration et la manière dont les idées sont exploitées. Bien sûr, c'est un avis personnel, un fan de Vanessa PARADIS s'en trouvera sans aucun doute ravi !