La machine est lancée, le rappeur du New Jersey nous a conquis avec l'univers festif de son premier album, il va donc logiquement poursuivre dans cette solide voie. Si l'équipe d'E.P.M.D l'avait largement épaulé pour produire son premier L.P, il est pratiquement seul à l'œuvre tout le long de ce projet nommé Dare Iz a Darkside. Pour les réticents qui avaient eu du mal à se faire à l'ambiance déjantée du grand frère, rassurez-vous, même s'il contient 20 pistes, cet album est bien plus facile d'accès.

Fait déterminant à la compréhension de ce projet : REDMAN l'a écrit pendant une période noire. Au fond du trou, le rappeur enchaîne les prises de drogue et décrit cette période comme la plus sombre de sa vie. Cela explique le changement d'ambiance évident depuis le projet précédent qui était bien plus festif et coloré. Preuve en est, le morceau "Rockafella" proposé comme premier single n'est ni plus ni moins qu'une chanson en hommage à un de ses amis ayant perdu la vie, frappé à mort dans la rue. REDMAN à travers ce titre aux paroles crues et douloureuses nous rappelle les conditions de vie médiocres qui persistent dans certains quartiers. Fort heureusement, le second single proposé se montre plus lumineux, "Can't Wait" est dans une ambiance g-funk omniprésente à l'époque.

L'album, s'il est bien plus accessible au grand public que son prédécesseur, n'en ressort pas pour autant plus réussi. En effet, la spontanéité du premier skeud lui a valu son trophée de classique que Dare Iz a Darkside n'atteindra jamais, même si la réussite commerciale a été bien plus évidente, celle-ci étant surtout causée par un premier album intemporel. "Bobyahed2dis" va d'ailleurs nous montrer avec justesse la principale facette de cet album, c’est-à-dire des mélodies légèrement plus présentes qu'avant, des paroles bien plus sombres : le rappeur commence en scandant "You are now about to enter the psychotic mind of Redman". Les dés sont lancés, l'ambiance est sombre. Ceci n'empêche pas REDMAN de faire ce qu'il maîtrise à travers des morceaux tels que "Journey throo da darkside" ou "A Million and 1 buddah spots" en nous exposant sa technique sur des instrumentations typée underground.

Cependant, REDMAN tente aussi la carte de l'évolution, notamment avec des titres comme "Noorotic" et "Cosmic Slop" qui évoquent une ambiance chill dans laquelle il ne s'était pas aventuré jusqu'alors. Pour le second titre, REDMAN invite les rappeurs avec qui il forme le Def Squad, ce qui n'est pas pour nous déplaire car les deux collaborateurs permettent de diversifier les interprétations. Le reste de l'album compte de bonnes surprises telles "Green Island", "Winicumuhround" ou encore la suite de son storytelling "Sooperman Luva 2".

Aucun doute, REDMAN s'impose par sa technique et son attitude déjantée. Peu de concurrents maîtrisent le bombardement de mots aussi bien que lui. Son aisance d'interprétation est totale, et il gagnerait à diversifier ses productions pour nous emmener vers d'autres horizons. Dare Iz a Darkside reste une pièce solide de sa discographie qui souffre principalement d'être survenue après le grand classique Whut Thee Album.