Même s'il fait de nombreuses apparitions cinématographiques et sur les albums de ses collègues, REDMAN n'a aucunement l'intention de lâcher sa carrière solo. On peut remarquer avec quelle régularité le rappeur nous propose de nouveaux projets, et en 2010 il en est à son septième album solo avec Reggie. Après le très réussi Red Gone Wild, le rappeur nous revient avec une version un peu plus commerciale de son art.

L'un des éléments qui frappe directement à la découverte de cet album, c'est sa longueur. Une première pour REDMAN, l'album ne dépasse pas les 20 titres. Ici, ça sera 13 pistes seulement pour environ 45 minutes d'écoute. Le rappeur est en manque d'inspiration ou le choix d'un album plus concis est-il calculé ? Si l'on en croit le morceau introductif "Reggie", l'intensité est toujours belle et bien présente, et même si le rappeur peine à se renouveler en termes de paroles, force est de constater que sa qualité d'interprétation et son esprit déjanté n'ont pas disparu.
Cependant, l'introduction, partie voyante de l'iceberg, nous cache un album fort décevant. En effet, le rappeur nous propose à travers des titres tels que "That's Where I B" ou "Def Jammable" de grandes déceptions. Même si les paroles du second nous rappellent que REDMAN est plein d'humour, le refrain jonché de vocodeur ne convient pas une seconde à un rappeur ayant trouvé ses marques dans l'underground. Malheureusement, les productions de mauvaise qualité s’enchaînent, le rappeur peinant à trouver son style dans cette innovation qu'il a voulu tenter. Penchez-vous sur "Full Nelson" qui illustre parfaitement ma désillusion. REDMAN a voulu voir plus loin que ses instrumentations basiques et son flow déjanté qui le caractérisaient, mais cela se traduit en une production bourrée de synthétiseurs pour le moins irritants et de voix retouchées qui n'ont rien de qualitatives.

Pour ceux qui espéraient trouver en cet album de REDMAN une pièce classique à laquelle le rappeur nous avait habitués, il est temps d'arrêter les frais. Vous ne trouverez pas votre compte avec ce Reggie, et il est inutile d'aller jusqu'au bout pour ne pas risquer de vous dégoûter d'un artiste qui a su faire de si belles choses dans le passé. Pour les curieux et autres aventuriers aimant risquer les écoutes, quitte à être déçus à l'arrivée, ne traînons pas car il reste encore la moitié de l'album. Vous trouverez en "All I Do" l'un des titres les plus maîtrisés de l'album, retournant vers des terrains soul que REDMAN connaît bien et sait nous sublimer. Le constat est plutôt similaire avec "Cheerz", chanson assez satisfaisante dans l'économie générale de l'album. Cependant, ce n'est pas le cas de "Lemme Get 2" à l'ambiance que ne maîtrise pas notre rappeur. Il en est de même de "Mic, Lights, Camera, Action" encore une fois truffé de synthétiseurs convenant fort peu au style du rappeur qui ne sait vraiment pas comment agir sur ce genre d'instrumentations.
Nous finissons par un "Rockin' Wit Da Best" qui possède une bonne énergie, un "Lite 1 Witcha Boi" totalement oubliable, un "Whn The Lights go Off" à supprimer de la discographie du rappeur tant ce morceau ne lui va pas, et un "Tiger Style Crane" qui nous ferait presque croire que REDMAN n'a jamais voulu innover avec cet album.

Nous pouvons voir en Reggie un dérapage qui peut arriver à tout artiste durant sa carrière. Pour le cas de REDMAN, il est même étonnant que ce ne soit pas arrivé plus tôt tant cet énergumène ne s'impose aucune limite quand il s'agit de création musicale. Mais, pour ce qui est de notre album, la déception est énorme et nous allons tout faire pour l'oublier au plus vite.