Impossible de passer à côté du phénomène BOOBA. Ses choix artistiques font de lui l'un des rappeurs les plus prolifiques des années 2000, ayant su sortir du moule dans lequel il s'était confortablement placé avec LUNATIC pour nous pondre des petites pépites en solo. Mais voilà, la confiance monte petit à petit le rappeur oublie ses racines artistiques au profit du rêve américain qu'il chéri plus que tout. Avec Ouest Side nous avions eu une mise en abîme, avec 0.9 cela va se confirmer. Notre rappeur sombre dans la facilité, et ceci est regrettable, qu'elle soit financière ou musicale.

Les chiffres ne trompent pas, les résultats commerciaux de cet album sont désastreux, c'est le plus gros flop jamais enregistré pour BOOBA. La cause ? Un manque quasi-total d'originalité, et même de création, il se complaît dans la facilité sur 0.9. Il va jusqu'à pomper en toute sérénité des productions américaines comme "Without Me" d'EMINEM sur son morceau phare "B2oba", en modifiant la phrase culte du rappeur blanc le plus connu du monde "Guess who's back" par "Qui remet ça". Si l'inspiration n'est pas dans l'instrumentation, elle est belle et bien présente dans la façon de rapper et d'amener les thèmes. Ceci étant, n'étant pas totalement flagrante elle ne va pas empêcher "B2oba" de gagner un public et de ressortir comme l'un des gros tubes de l'album.

Il faut le dire, l'album comprend de bonnes idées. S'il est surtout à percevoir comme un passage de "l'ancien BOOBA" au "nouveau" à travers son évolution d'interprétation maintenant souvent mise en place à travers une bonne dose d'autotune, il est aussi un recueil de petites idées. N'étant pas systématiquement bonnes et originales, elles ont le mérite d'orienter BOOBA vers le style qu'il va adopter sur le long terme. Je pense notamment à l'instrumentale sur "Izi Monnaie" qui est amenée sur un tapis rouge, tandis que "0.9" qui clôture l'album utilise la cocaïne pour parler des vrais problèmes de la société, comme BOOBA sait le faire.

Les trois titres dont on parle au-dessus sont bons, aucun doute là-dessus. Le souci vient à l'écoute entière de l'album, où l'on ne peut feindre l'ennui sur "Illégal" et son instrumentale qui rappelle vaguement "My Love" de Justin TIMBERLAKE, ou sur "King" qui ne fait preuve d'aucune originalité. Le malaise continue sur "Izi Life" qui invite pourtant deux collaborateurs qui répondent au nom de BRAMS et MALA et qui auraient pu apporter la touche de diversité tant attendue. Rassemblons "Game Over", "R.A.S" et "Pourvu qu'elles m'aiment" qui ont tous un point commun, à savoir le manque de prise de risque qui rend ces morceaux trop peu accrocheurs.

Quelques morceaux vont s'avérer solides malgré leur manque de spontanéité, notamment "Salade Tomate Oignon" où BOOBA nous expose une manière de rapper plus calme et douce que d'habitude. "Garcimore" propose un couplet unique bien écrit, tandis que "Marche ou crève" est caractéristique des productions de BOOBA et plutôt réussi.

0.9 est, sous un point de vue d'ensemble, un échec. BOOBA expose quelques bonnes idées, mais pourtant les faits sont là : il ressent un besoin d'évoluer, et cet album situé le cul entre deux chaises ne convainc ni son auteur, ni ses auditeurs. Il faudra attendre les prochaines production pour voir un BOOBA qui retombe sur ses pieds et qui brille à nouveau.