BOOBA évolue dans une direction qui divise son public, et ce de plus en plus significativement. Si jusqu'ici, il est passé par une période très LUNATIC avec Temps Mort et Panthéon, puis s'est émancipé musicalement avec Ouest Side et 0.9, le faux retour aux sources de l'album Lunatic annonçait bel et bien la nouvelle vague dans laquelle il décide d'évoluer. Plus aucun doute, le BOOBA des années 2000 n'existe plus, il va falloir se rendre à l'évidence. Il est l'exemple même d'une évolution déterminante, on ira jusqu'à dire qu'un nouvel album de BOOBA est un petit pas pour lui-même, mais un grand pas pour l'industrie musicale.

Cette phrase ne s'applique pas à tous les projets. D'ailleurs, curieusement, j'ai choisi de le dire sur la chronique de ce qui représente probablement son pire projet à l'heure actuelle. Sur Futur, on se contentera de dire que le rappeur a voulu montrer une nouvelle facette de lui, plus commerciale et attentive aux besoins du moment de l'industrie musicale. Cela donne malheureusement un album relativement prévisible, souvent en panne d'inspiration. Même si la production est organisée de façon royale, à la manière de BOOBA qui a maintenant pris l'habitude de s'entourer de ce qui existe de mieux à ce niveau, sans rechigner à devoir aller enregistrer aux Etats-Unis et en France en même temps.

Parlons des bonnes surprises de cet album. L'efficacité de "Tombé pour elle" ne fait plus aucun doute tant elle résonne encore comme l'hymne du rappeur qui assume ses sentiments et veut les crier haut et fort. L'utilisation abusive de l'autotune sur Futur en fait un projet peu équilibré, on aurait forcément aimé qu'il dose un peu plus judicieusement ses utilisations. Parmi les moments forts et maitrisés du projet, nous retiendrons aussi "C'est la vie" avec un 2CHAINZ qui bonifie avec une aisance étonnante la qualité du morceau. L'écoute est tout aussi sympathique sur "Wesh Morray", un morceau plein de testostérone, dans lequel BOOBA s'adonne à un exercice d'égo-trip qu'il affectionne particulièrement.

Futur est néanmoins un projet décevant sur de nombreux points. Le morceau voué à être un single "Caramel", tout comme "Kalash" en collaboration avec l'étoile montante KAARIS, sont des déceptions car notre rappeur nous a prouvé par le passé que dans ce style il était capable de faire beaucoup mieux. Le featuring avec RICK ROSS sur "1.8.7", bien qu'étonnant, n'arrive pas à convaincre car en manque d'inspiration assez flagrant, tout comme le titre d'après "O.G". Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Les prestations de BOOBA sont presque systématiquement très solides, la question n'est pas là. Même si son interprétation nous convainc sur des morceaux comme "Maitre Yoda", "Maki Sall Music" ou "Rolex", il est difficile pour moi de trouver à ce projet quelque chose d'attachant comme j'avais pu en voir dans les albums précédents.
Arrivant à la fin du projet, impossible pour moi de ne pas rester sur ma faim. Les titres comme "Tout c'que j'ai", "2PAC" et "Futur" (qui possède tout de même de bonnes idées) clôturent l'album d'une manière bien pauvre, sans vraiment de point d'accroche.

Au moment de la conclusion, il est nécessaire de faire un point. BOOBA est ancré dans le rap français plus que quiconque, ayant une position proche d'un règne qu'il cultive avec intelligence. Ceci étant, voilà de nombreuses années qu'il peut faire ce qu'il veut, quand il le souhaite. Futur en est l'exemple parfait, BOOBA n'a aucune limite, ayant déjà atteint tous ses objectifs, et cet album s'en voit pâlir par un rendu bien trop prévisible. Non pas que cet album soit dénué de tout intérêt, mais plutôt cette impression qu'en seulement trois morceaux nous avons fait un tour complet du projet.