Venant des Hauts de Seine, banlieue ouest de Paris, avec un titre tel que Ouest Side, BOOBA se la joue à l'américaine en revendiquant une appartenance géographique. Se servir de 2PAC ou NOTORIOUS BIG comme exemple, on a vu pire, me direz-vous. Le plus ricain des rappeurs français en est à son troisième projet solo maintenant, ceci étant son impact dans la musique française est extrêmement important et la concurrence a du mal à se faire une place. Pour prouver s'il le fallait son penchant hardcore dans sa musique, BOOBA nous propose une pochette inspirée d'une célèbre photo d'un certain Malcolm X. Non, notre rappeur n'est pas venu pour la "passive résistance" mais bien pour combattre.

Au fil des années, BOOBA a acquis une réputation digne de ce nom, jusqu'à pouvoir se targuer d'être écouté à l'échelle internationale. Ouest Side est encore une fois une preuve du talent du rappeur. Pourtant, tout ceci n'avait pas démarré très fort : le titre choisi pour nous donner envie d'approcher le projet n'est autre que "Garde la pêche". Si l'interprétation du rappeur est presque irréprochable – comme tout le long de l'album d'ailleurs – le message véhiculé manque d'ambition et de personnalité, on ressent en effet une énorme influence américaine sur ce genre de morceau.
A contrario, la sortie du projet nous rassure fortement puisque l'on trouve des petites pépites sur Ouest Side. "Pitbull" est un pari osé d'emprunter la nostalgie de "Mistral Gagnant" de RENAUD pour en faire un morceau bien plus ambitieux que la version originale, avec un vrai retour sur le passé de BOOBA qui se décrit tout le long du texte comme un battant. Bien entendu, "Boulbi" est un incontournable qui a fait office de morceau référence de BOOBA directement à la sortie de cet album. Le rappeur touche dans le mille quand il s'agit de produire des morceaux truffés de testostérones, de gros bas et d'égo-trip. Le titre "Au bout de mes rêves" nous propose une douce instrumentale reggae, et a reçu un certain succès grâce à une promotion que BOOBA a pu faire sur le média Star Academy. Il n'empêche que c'est un titre caractéristique des tendances rap/r'n'b français de l'époque, et notre rappeur est l'un de ceux qui le fait le mieux.

Les apparitions dans cet album donnent beaucoup de crédit à BOOBA. Il prouve qu'il commence à imposer ses choix dans le monde du hip-hop, et ceci implique d'aller chercher des collaborateurs américains pimenter les projets. Notre rappeur le fait sur "Gun in Hand" où AKON, artiste au plus haut de sa carrière à cette époque, vient poser sa voix. Le rendu est relativement satisfaisant, mais pas autant que lorsque Dj MEHDI vient donner un coup de main sur "Couleur ébène", titre aussi surprenant qu'intéressant et plein de qualités. La collaboration avec MAC TYER sur "Ouais ouais" se met plus en retrait par rapport aux autres morceaux cités, ceci étant elle n'est pas en reste, encore une fois truffée d'influences rap américain. L'intervention de INTOUCHABLE sur "Au fond de la classe" nous rappelle la qualité d'écriture d'un DEMON ONE trop méconnu en France et de son compère DRY.
La qualité de "Mauvais Garçon", "Le Duc de Boulogne" et son instrumentale pour le moins originale, et "Le météore" nous assurent le talent d'un rappeur qui prend de plus en plus d'ampleur, de manière fort méritée. Tristement, quelques titres jouent en la défaveur de l'album, notamment "Boîte vocale", le morceau éponyme "Ouest Side" qui propose une instrumentale trop peu accrocheuse, et un "92 izi" trop faible pour convaincre.

Avec Ouest Side, BOOBA affiche clairement ses volontés : se rapprocher peu à peu de ce que proposent les rappeurs américains. Il est le meilleur représentant en France pour ce faire, et il fait mouche. Ceci étant le manque d'inspiration sur certains titres freine la qualité générale de l'album. Ouest Side n'a pas à pâlir dans la discographie du rappeur, mais la cohérence de l'ensemble des morceaux proposés se récoltera, comme il le dit dans "Au fond de la classe", la réflexion "Peut mieux faire".