BOOBA revient après un Temps Mort et une carrière avec LUNATIC à la carrure presque légendaire, qui a sans aucun doute changé le décor du rap français. C'est en 2004 que sort son second effort solo, Panthéon. Loin de ce que l'on connaît aujourd'hui du rappeur à cause des médias, cet album s'inscrit dans la suite de ce qu'il faisait avec LUNATIC. On ressent tout de même au fil des albums une évolution, une envie de prendre le large et de s'enfuir de cette sphère rap underground et hardcore qui lui colle à la peau.

Ce disque est une niche à tubes. L'icône qu'était BOOBA dans le milieu des années 2000 a été régie par ces quelques albums, Panthéon en fait forcément parti, sans souffrir d'un quelconque manque d'inspiration. On y trouve l'excellent, que dis-je, l'énorme "N°10", composition intemporelle d'un discours égo trip bien mené. En effet, sur ce morceau on retrouve tout : la magie d'une instrumentation produite avec les meilleurs outils et en totale coordination avec un rappeur qui emploie des paroles judicieuses dans le registre hardcore pour se faire entendre. On en retient qu'il faut toujours être au top – à l'image du numéro 10 au football – mais aussi et surtout qu'une bonne instru dans un morceau de rap peut totalement changer la physionomie de ce dernier.

La claque que l'on prend avec ce single n'enlève rien à la crédibilité du reste. On trouve une grande majorité de morceaux produits aux petits soins et un BOOBA au meilleur de sa forme, convaincant au possible. "Mon Son" avec son instrumentale rythmée, aussi efficace qu'entêtante, et un semblant de guitare en distorsion derrière nous rentre rapidement dans le crâne. La contradiction entre l'instru posée et le rap rapide de "Hors-Saison" en rend l'écoute intéressante et franchement accrocheuse.

Panthéon souffre de quelques redondances dans les thèmes. Mais le rappeur est ancré dans son style et veut se faire une place dans ce que l'on appelle le rapgame, à savoir une compétition pour déterminer qui sera le meilleur dans sa catégorie, le roi qui détruira tout son entourage avec ses sons de malade. "R.A.P" en donne un exemple probant avec sa dose d'égo-trip assez importante dans les paroles.
Mais cette redondance n'enlève rien à la puissance des morceaux. De "Tallac" à "Avant de Partir", on sent que le rappeur a besoin de montrer qu'il est le patron et de le faire savoir. Soit on adhère au style, soit on passe son chemin. L'intervention de NESSBEAL sur le morceau "Baby" est un pur régal, l'association des deux rappeurs s'avérant d'un grand acabit, tandis que les prestations de BOOBA en solo sur "La faucheuse" et Mon son" prouvent ses qualités d'interprétation et d'écriture. Mention honorable à "Avant de partir" qui dégage l'aspect revanchard dans lequel notre rappeur s'inscrit parfois.

Panthéon est un véritable monument du rap français, et un pilier de la discographie de BOOBA. Les instrumentations sont diverses car il a décidé d'ouvrir ses horizons et de ne plus se fier exclusivement à Fred le magicien, son ancien homme à tout faire derrière les tables de mixage. Les directions que prend BOOBA s'élargissent toujours plus, le rappeur nous prouvant qu'il veut voir plus loin et innover. Panthéon contient des titres ayant marqué les générations ("N°10", "Tallac"). BOOBA signe son deuxième album solo en grande pompes, écrasant tout sur son passage, à l'image de LUNATIC auparavant.