A peine huit mois, c'est ce qu'il faut au rappeur BOOBA pour donner suite au solide album D.U.C. Les idées fusent, et l'opportunité de titiller la concurrence (en l'occurrence l'ennemi juré ROHFF) en sortant l'album le même jour que lui est trop alléchante. Ceci donne naissance à Nero Nemesis. Le projet est beaucoup plus hip hop que les précédents, feintant un retour aux sources mais il n'en est rien puisque le rappeur reste dans son envie de création et d'évolution. Même si BOOBA n'a pas à rougir de son album lâché quelques mois plus tôt, cette nouvelle mouture rappelle la domination du rappeur.

Maintenant totalement implanté aux Etats-Unis, c'est là-bas qu'il va enregistrer Nero Nemesis. A notre grande surprise, aucune figuration de gros pions américains comme on pouvait le constater sur les projets précédents (on se souvient de P. DIDDY sur "Caesar Palace" ou d'AKON sur de nombreux morceaux douteux). Fini donc la technique d'appeler des renforts ricains pour booster les ventes et la crédibilité, BOOBA change son angle d'attaque. Il devient d'ailleurs la grosse pointure qui pistonne les autres, et cela donne naissance à DAMSO, un artiste belge de grande qualité qui vient poser ses rimes sur "Pinocchio".
Les productions de qualité fusent sur ce projet qui trouve très vite sa place dans un décor rap peu mirobolant en 2015. La puissance des paroles de "Attila", doublée d'une production sans aucun faux pas, donne un rendu proche de la perfection pour l'une des grosses bombes du projet. L'autoproclamé Duc frappe très fort avec ce morceau géré au millimètre, bien plus convainquant en termes de hip hop pur que le premier single proposé pour cet album, "Validé", qui ne montre pas la même facette du rappeur. La claque prise sur "Attila" repointe son nez avec "Génération Assassin", morceau revendiquant la bonne période dans laquelle le rappeur a évolué, aux côtés des pointures comme ASSASSIN, groupe phare des débuts du hip-hop français. Impossible de passer à côté du tube qu'est "4G", plein d'énergie et de hargne dans les propos, sur une instrumentation typée trap qui rend hommage à un rappeur voulant constamment évoluer.

Si le titre "U2K" avec l'anecdotique présence d'un TWINSMATIC fait office d'ovni sur un projet maîtrisé, il sera vite rattrapé par des productions telles que "92i veyron", "Charbon" ou encore "Comme les autres", qui ne sont qu'un échantillon de la qualité générale de cet album. Car si BOOBA ne recherche définitivement pas à être un rappeur engagé, ses points forts se trouvent à bien d'autres endroits que dans les textes. Voyez par vous-même l'attitude testostéronée sur "Talion" ou "Habibi", qui sont les reflets de l'image du rappeur.

Nero Nemesis est l'aboutissement de la longue recherche d'une nouvelle image que BOOBA a effectuée. Même si sa carrière ne doit à aucun moment être remise en question, le rappeur a subi quelques déboires ces derniers temps notamment avec le projet Futur qui ne tenait pas la route. Il retombe sur ses pattes très facilement avec de nouveaux projets qui sonnent bien mieux, qui convainquent l'auditeur. Tout ceci nous force à admettre une supériorité presque naturelle du Duc, présent depuis plus de vingt années dans le monde du hip-hop, et toujours en évolution.