Rares sont les comebacks réussis, je veux dire de façon pérenne, avec la dignité haut perchée et pas planquée au sous-sol à picoler en attendant que ça passe. Mais plus rares encore sont les comeback ratés ou passés inaperçus, mais où l'on sent que des efforts ont été déployés. Si le retour à la musique de Samantha FOX en 2005 ne se sera soldé ni par un tube légendaire, ni par un... album suivant, l'écoute attentive de cet "ange qui se laisse pas marcher sur les pieds" montre une artiste, car c'en est une, qui se sera acquittée dignement du premier commandement d'un musicien : ne pas se foutre de la gueule du public.

On peut reprocher beaucoup de choses à ce disque. Sa prod parfois très cheap, à cause d'un peu d'indolence et aussi à cause, c'est flagrant, d'un budget étriqué. Ses parties vocales, nous y reviendrons. Ses concessions à un son typé dance, encore qu'icelui soit plutôt pas mal intégré et surtout jamais envahissant. Mais on ne peut en aucun cas remettre en cause l'implication de Samantha qui a produit le disque, écrit et composé beaucoup plus que pour n'importe quel autre de ses albums, et dont la personnalité irradie l'album, que vous aimiez ou pas.

Déjà, c'est un détail mais il a son importance car nous parlons d'une artiste connotée dance-floor en 2005 : il n'y a pas d'autotune sur ce disque. Pas. D'autotune. Ou s'il y en a, je ne l'ai pas entendu, ce qui revient au même, et qui m'étonnerait beaucoup car un des plus gros défauts du disque est que certaines parties vocales sont purement et simplement... fausses. La toute première phrase de l'album, "You and me" anecdotique mais qui aurait pu s'en sortir sans ce problème, les choeurs de "Cause an Effect" un peu limites, et surtout, surtout, le refrain de "To be Heard" catastrophique : non, Samantha n'est pas autotunée, et si elle l'est, c'est foiré dans les grandes largeurs. Cette faiblesse vocale n'est pas un atout, faut pas déconner non plus, mais rajoute de la sincérité à un album qui n'en manque pas.

On sent son implication tout du long, et notamment une espèce de reprise en main de son style : les chansons sont très largement plus mélodiques et pop que sur ses trois derniers albums, et que la prod soit axée techno / dance / house, version soft, n'y change rien. Le meilleur titre se trouve être le premier, sorte d'exorcisme de ses démons (notamment envers son défunt père) avec une intro magnifique. Assez magnifique pour vous donner envie d'écouter tout l'album, et, s'il n'est franchement pas inoubliable, il risque de vous surprendre. Il y a un nombre certain de refrains pop et assumés comme tels, des détails comme le rythme techno de "I Give Myself to You" qui semble avoir été enregistré à la main, et donc pas tout à fait parfait - ce qui rajoute au charme, des chansons assez incroyables comme "Breathe" qui joue carrément la carte de l'ambiant (c'est la "Even in the Darkest Hours" de 2005) avec une TRES longue intro instrumentale, et surtout, il n'y a presque rien de honteux dans cet album.

Presque, bon, OK, on ne peut pas passer sous silence la batterie et les guitares de "The Power" qui sonnent comme de la merde, n'ayons pas peur d'Emo (comme dirait FALL OUT BOY), on ne peut surtout pas effacer du disque la bonus track (présente sur tous les pressages) "Time" qui fait baisser le Q.I. plus vite que Jacques Delors fait baisser la pression sanguine dans les chibres turgescents d'une partouze à Neuilly. Mais avec des choeurs suaves, des refrains plutôt bien fichus, des synthés parfois amusants et surtout, surtout, une identité qu'elle essaie vraiment de développer ("Move me"), Samantha FOX accouche, dans la douleur certes et dans un petit hôpital de province sous-chauffé, d'un album qui n'a pas grand-chose à se reprocher et se montre largement au niveau de I Wanna (dont il reprend les meilleurs moments) ou Just One Night. Une vraie tranche de vie musicale "sans fard et sans bluffer" et qui tente tout pour rester digne : le "Strip-Tease" de la pop music des années 2000.

Et croyez-moi, les mots "Samantha Fox" et "Strip-Tease" dans la même chronique, ça va rameuter du liseur ça mon coco.