Dès lors que vous appuyez sur la touche “play” du lecteur ou appareil que vous utilisez pour écouter cet album et que commence à résonner dans vos oreilles les premières notes de “Infra Riot”, vous savez que vous êtes parti pour un sacré voyage.

Rien n'en annonce la couleur pourtant. La pochette rappelle les heures sombres du Birdmaniax des BYRDS et le dernier album des SOUNDTRACK OF OUR LIVES, Extended Revelations for the Pyschic Weaklings of Western Civilization, a déçu. Pétard mouillé après un premier essai convaincant ?
Non. Nos suédois se sont calmés sur les trips psychés et ont ressorti leurs disques rock des sixties et des seventies pour en tirer les leçons qu'il faut. Et dès lors que commence “Infra Riot” donc, ils nous montrent qu'ils ont effectivement bien appris leurs leçons cette fois-ci : fini les délires sans fin, on se réfrène et on sort les tubes. Parce que tubes il y a ! D'abord “Sister Surround”, gros succès pour le groupe qui leur ouvrira les portes d'abord de l'Europe puis des States. Behind the Music sera d'ailleurs leur premier album diffusé au-delà de leur Scandinavie natale et attirera les oreilles de Noel GALLAGHER qui en fera son énième “meilleur groupe derrière nous” mais les invitera quand même à faire la première partie d'OASIS lors de leur tournée.

Mais alors, qu'est-ce qu'il y a derrière la musique ? Une passion, le feu du riff sacré brûle les fesses de nos musiciens venus du froid qui s'en donnent à coeur joie pour citer pêle-mêle tous les grands noms des deux grandes décennies du rock. Tout y passe : les STONES, PINK FLOYD, LED ZEPPELIN, les BEATLES... C'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure confiture et celle des T.S.O.O.L. aurait pu finir produit de l'année s'ils avaient atterri au rayon confitures de votre supermarché local. D'ailleurs, les médias pour une fois ne s'y sont pas trompés et ont encensé l'album. Il n'y a bien que les blaireaux de chez Pitchfork pour le trouver mauvais, preuve indéniable qu'il s'agit là d'un bon disque.

Avec 15 chansons et presque soixante minutes au compteur, Behind the Music se veut plus concis pour être efficace. Après “Sister Surround” qui invoque les fantômes des STONES de la fin des 60's, voilà Syd BARRETT qui s'invite à la fête sur les interludes “In Someone Else's Mind” et “Mind the Gap”. Plus tard, c'est les STOOGES que nous croisons, occupés à discuter avec Frank ZAPPA sur “Still Aging” et “Ten Years Ahead”... Tout le monde est là, mais au final c'est bien The Soundtrack of Our Lives qui a le dernier mot.
Contrairement aux nombreux groupes dits de “revival rock” qui pullulent depuis quelques années, ces suédois ont quelque chose à dire. En les écoutant, on n'a pas forcément l'impression de savoir où va finir la chanson, et c'est là leur point fort, être capables de continuer à nous surprendre avec des recettes connues. Bien sûr, sur 15 chansons tout n'est pas parfait, mais contrairement à leurs précédents albums, ici rien n'est vraiment à jeter. Si nous devions élaguer, peut-être pourrions-nous retirer “Nevermore” qui sonne trop britpop pour son bien, “The Flood” et “In Your Veins”, mais combien de groupes tueraient pour écrire de telles chansons ?

Finalement, leur succès plutôt confidentiel durera encore le temps d'un album, puis ils disparaîtront. Alors que l'on encense des suiveurs sans inspiration comme les GRETA VAN FLEET en 2019, tout porte à croire que le groupe aurait connu un meilleur succès aujourd'hui. Où était le rock en 2001 ? A regarder les albums sortis en cette année, on y croise MUSE, les WHITE STRIPES ou encore les STROKES... Un rendez-vous manqué mais qui commence à profiter des générations se succédant pour se faire une place tranquille au soleil.