Il y a toujours un moment dans la carrière d'un groupe où on finit par sortir un album décevant. Dans le cas de CHIC, on ne peut qu'admirer que cela n'arrive qu'au bout de sept albums en autant années.

Believer est une déception, en tout cas une pomme de discorde pour les fans. Disparaissant progressivement des ondes et des charts, CHIC doit se rendre à l'évidence : il est en train d'être oublié. Believer est une tentative de garder la tête hors de l'eau en essayant de nager différemment. Puisque le disco est ringard, on regarde ce qui fonctionne : la new-wave, la pop. Et l'inclassable PRINCE.
Revanchards, Nile Rodgers et Bernard Edwards remplacent les cordes par des synthés et une batterie artificielle. Si, comme moi, ce n'est pas votre tasse de thé, cette dernière phrase a dû vous faire frémir d'horreur. Mais attendez encore un peu avant de recycler ce disque en frisbee (si vous suivez les conseils de WalterSmoke, vous savez que les meilleurs frisbees sont faits à partir des disques de JENIFER).

Le single "Give Me the Lovin'" n'est pas trop mauvais. C'est très eighties, mais il a du charme avec ce mélange de new-wave et de pop qui constitue le gros de l'album. De charme justement, l'autre single "Party Everybody" (sorti en single uniquement en Allemagne, aux Pays-Bas et au Canada) n'en manque pas, pour un morceau de hip-hop ! Cette courte excursion dans les terres reprend tous les éléments du hip-hop de l'époque : le son scratché, le chant, les samples. Comme quoi, on se prend à rêver qu'un album entièrement de ce genre par CHIC n'aurait pas été forcément mauvais. Pour le troisième et dernier single de l'album, "You Are Beautiful" (sorti uniquement en single en France, dans les pays scandinaves et encore une fois au Pays-Bas, qui furent bien lotis niveau singles), on retient la très courte intro au vocodeur et le chant féminin, l'arme fatale de CHIC qui fait toujours son petit effet.

Mais, une fois le tour des singles effectué, il n'y a pas grand-chose de consistant à se mettre sous la dent. On a vite l'impression de tourner en rond et d'écouter le même morceau encore et encore. Malgré l'excellence du chant d'Alfa ANDERSON et de Luci MARTIN, la musique se fait répétitive, uniquement basée sur les synthétiseurs et les boîtes à rythme. Si, comme je l'ai dit, quelques chansons sont sauvées par leur charme désuet, pour le reste ça a quand même mal vieilli. Le plus frustrant reste l'impression d'écouter un disque uniquement pour coller aux standards du moment sans chercher à conserver ce qui faisait l'identité du groupe.

Pas grand-chose à sauver de ce Believer, et surtout pas sa pochette ratée. L'album passe quasiment inaperçu à sa sortie, la seule anecdote d'importance à en dire étant qu'il s'agit du dernier album comprenant le line-up original de CHIC, le groupe finissant par se séparer en 1985. De même, l'album solo de Nile Rodgers, Adventures in the Land of the Good Groove (tout un programme !), sorti la même année, ne fait pas de vagues. Que l'on se rassure néanmoins sur le sort du génial leader en rappelant que 1983 est aussi l'année où un certain Anglais aux yeux vairons fit appel à lui pour assurer la production de son prochain opus.