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ZEUHL  |  STUDIO

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- Style : Van Der Graaf Generator, Art Zoyd, Univers Zero
- Membre : Tri Yann, Michel Berger , René Werneer , Stella Vander

MAGMA - Zëss (2019)
Par TARTE le 25 Novembre 2019          Consultée 4231 fois

Dans la mythologie kobaienne, Zëss est probablement l’œuvre la plus singulière. Jamais capturée en studio jusqu'à aujourd'hui, cette créature de scène hantait certains concerts que donnaient le groupe et laissait derrière elle un public médusé par sa puissance, sa violence, son inénarrable urgence, son incontrôlable folie, sa beauté absolue. La présente édition nous donne enfin l’occasion de parler de cette pierre angulaire et anthologique de l’œuvre de MAGMA. Accrochez vos ceintures.

Monstre de près de 40 minutes né en 1977 - originellement écrit pour batterie, basse, guitare, claviers, chant et petit ensemble de cuivres - Zëss a connu plusieurs mues en changeant d’instrumentation et de structure, plusieurs témoins audio et vidéo en attestent.

Il y a d’abord eu le concert enregistré à Bobino en 1981 que les claviers abrasifs présents notamment sur Attahk, accompagné d’effets vocaux sur le chant de Vander, rendent encore plus viscéral. Autre version capturée lors du concert "Les Voix" en 1992, uniquement interprétée par les chants et un clavier offre un souffle plus lyrique à l’œuvre ; sa structure est remaniée et le morceau en sort moins percutant. Bien plus tard, le coffret "Mythes et Légendes : Epok IV" présente la version la plus connue avec une prise de son et d’image aux petits oignions, une interprétation proprement explosive et qui, de surcroît, a pu maturer avec le temps dans ses moindres détails.

Zëss est une Œuvre charnière. Écrite pendant la production de Attahk, elle assimile le passé du groupe et annonce son futur. Harmonies cryptiques d’abord, hymnes incantatoires, litaniques, rythme effréné, mélange de langue, chants aériens, dimension jazz par le dialogue voix / guitare, des couleurs de gospels, une reprise de "Ëhn Deïss" transfigurée dans la dernière partie… tel une carotte géologique, Zëss montre toute la complexité et la richesse de l’univers du groupe.

Pour la présente version, si l’écriture du morceau a encore évolué, c’est l’instrumentation qui a subi le plus grand bouleversement. MAGMA a fait appel à un orchestre symphonique pour sa musique, poursuivant ici jusqu'à son stade ultime une évolution lente, celle d’intégrer progressivement des instruments orchestraux dans ses rangs (cuivres, violon, vibraphone etc.). La musique de MAGMA atteint donc un autre stade de métamorphose, touchant cette fois au céleste, et non au terrestre. Il n’en fallait pas moins pour cette Œuvre qui dépasse de tous les cadres. C’est donc un MAGMA grandiose et proprement merveilleux qui s’offre à nous, mais qui toutefois n’oublie pas son caractère sauvage.

Vander quitte sa place de batteur pour celle du chant et des incantations en français puis en kobaïen. La section rythmique, assurée par Morgan Ågren, ne s’illustre pas ici par des orages de roulements et des éclairs de cymbales, mais par un ostinato ininterrompu de trente minutes autour duquel la musique va développer toute son envergure. L’orchestre a bien sûr une place centrale et a disposé du plus gros travail d’arrangements. Le dialogue des instruments sied parfaitement à l’urgence de l’Œuvre et à son caractère définitif. Ses lentes respirations accompagnant l’invocation des « Maîtres » d’abord, puis se déploie dans toute sa richesse. Couleurs des accords, changements de modes, escapades mélodiques, dialogues entre les types d’instruments… Les éléments virevoltent de tous côtés mais restent en cohérence, en harmonie.

Les fins connaisseurs ont sans doute été déroutés par l’apparente douceur de la production. Ceux qui ont pu assister à Zëss en concert peuvent en témoigner. L’œuvre est avant tout un déluge, une tempête scénique, une énergie folle qui vous est envoyée en pleine face. Mais ici, si le morceau est en apparence moins percussif, sa violence est décuplée par le travail d’arrangement de l’orchestre et des musiciens du groupe (faire sonner un orchestre est un travail titanesque, et il est d’autant plus impressionnant lorsque les séances de travail entre ce dernier et le groupe n’ont durées qu’une journée). L’usage des modes, des intervalles, les chants majestueux offrent à l’œuvre une puissance sous-jacente qui semble tout anéantir autour d’Elle.

Car Zëss est apocalyptique, dans le sens biblique du terme. En plus d’exprimer un cataclysme tant métaphysique que musical, c’est un levé de voile sur les 50 années de MAGMA qui a souvent été prédit comme l’œuvre ultime du groupe. Des mots de son créateur, la Zeuhl n’a pas à s’accommoder aux éphémères phénomènes de mode, c’est une musique qui tends vers un but, un idéal, une perfection. Relier le Ciel à la Terre, dépasser toutes les préoccupations bassement matérielles, toucher au Divin. Zëss pourrait bien marquer la fin de MAGMA, comme une Œuvre si puissante que son créateur lui-même ne serait pas épargné par son ampleur ; A ce titre, la question de "l’après" Zëss rejoint poétiquement celle de la Vie après la Mort, de nos espérances profondément humaines et de leur caractère instantané et ostentatoire.

Zëss est-elle cette Œuvre ultime ? Le temps nous le dira. Néanmoins, il s’agit sans nul doute d’une pièce majeure, incontournable et il n’est pas surprenant qu’il fallut 40 ans de gestation pour la produire. Une Œuvre proprement magistrale qui transcende son propre support et qui atteint… disons, « autre chose ».

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   TARTE

 
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- Christian Vander (chant solo)
- Stella Vander (chant solo, chants)
- Morgan Agren (batterie)
- Simon Goubert (piano)
- Philippe Bussonnet (basse)
- Rudy Blas (guitare)
- Isabelle Feuillebois (chants)
- Hervé Aknin (chants)
- Julie Vander (chants)
- Sandrine Destefanis (chants)
- Sylvie Fisichella (chants)
- Laura Guarrato (chants)
- Marcus Linon (chants)
- The City Of Prague Philharmonic Orchestr
- Adam Klemens (direction)
- Lucie Svehlova (premier violon)
- Rémi Dumoulin (orchestration)


- zëss
1. Ẁöhm Dëhm Zeuhl Stadium (hymne Au Néant)
2. Da Zeuhl Ẁortz Dëhm Ẁrëhntt (les Force
3. Dï Ẁööhr Sprašer (la Voix Qui Parle)
4. Štreüm Ündets Ẁëhëm (pont De L’en-delá)
5. Zëss Mahntëhr Kantöhm (le Maître Chant)
6. Zï Ïss Ẁöss Štëhëm (vers L’infiniment)
7. Dümgëhl Blaö (glas Ultime)



             



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