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- Style : Van Der Graaf Generator, Art Zoyd, Univers Zero
- Membre : Tri Yann, Michel Berger , René Werneer , Stella Vander

MAGMA - Wurdah Ïtah (1974)
Par AKS le 21 Juillet 2015          Consultée 2885 fois

Wurdah Ïtah : Mort à la Terre. Deuxième tableau de la trilogie Theusz Hamtaahk : Le Temps de la Haine. Derrière ces dénominations aussi violentes que signifiantes se terre la profonde meurtrissure de son compositeur autant à l'échelle planétaire que personnelle. L'humain ne sait décidément que détruire. Une seule solution semble se faire jour : le néant, vu comme un recommencement. Ainsi, s'extraire du monde des humains et trouver une autre incarnation : en route pour Kobaïa...Le premier mouvement sorti en 1973 est MDK*, et c'est en fait... le troisième mouvement de la trilogie. Le plus guerrier, et le plus impitoyable aussi, le titre se suffit à lui-même, le mouvement de la haine était alors enclenché, et cette fois-ci, en route pour l'Apocalypse...et la réincarnation : "Les chants de ce peuple étaient si beaux qu'il s'évanouit dans l'espace".

La deuxième partie, l'objet présent donc, baigne dans un élan martial nimbé d'une atmosphère de rites initiatiques, d'une marche vers le destin, d'une quête spirituelle, et tout cela dans un déferlement percussif et un déchaînement de vagues grondantes, la musique de l'univers jouée à coup d'ondes telluriques implacables. Wurdah Ïtah est une musique à la force rythmique inouïe et elle est tout autant puissamment lyrique. Quatre membres de la Zeuhl Wortz : le chant, le piano, la basse, la batterie et un enregistrement...en trois jours. Pourquoi cette urgence ? Moins de deux ans auparavant, fin 1972, Wurdah Ïtah était en construction dans le cerveau de son créateur et le groupe d'alors avait répété et enregistré une première mouture ; un cafouillage et la bobine se retrouve chez le géniteur du film essayiste "Tristan & Iseult", le mythe revu et réalisé par Yvan Lagrange donc. Votre serviteur, n'ayant vu que des bribes dudit film, nous ne saurions préjuger de la qualité d'icelui, néanmoins, il faut selon toute vraisemblance s'accrocher à son fauteuil et à sa volonté pour cerner cet ovni cinématographique à la narration semble-t-il strictement visuelle. Le réalisateur a cru bon s'arroger les droits de piocher dans les bandes pour orner son film de la musique. Christian VANDER exigea qu'on lui donnât la possibilité de l'enregistrer dans sa version définitive, chose faite un peu plus d'un an plus tard, dans l'urgence, en trois après-midi de séances studio, et de surcroît, pour une sombre histoire de contrat le liant à une maison de Disque, le 33T sorti chez Barclay sera un disque Christian VANDER, le nom du groupe ne trônera pas au dessus du sigle griffe (c'est pourtant MAGMA que l'on voit en écoutant la musique !)

les douze titres en kobaïen sont traduits sur la track list de l'édition CD, sauf le 10 et pour cause..."Malawëlëkaahm" (Incantation) donne le ton, la grande marche débute, chaque pas est scandé, la batterie martèle la cadence, dans ce balancement propre à la musique de MAGMA, un rythme qui bascule, bien ancré autour de son centre de gravité, une assise implacable pour la longue marche vers la révélation... il y a du mystique à cette époque de MAGMA, la foi immense, la ténacité qui animent le compositeur à travers principalement le prisme de John COLTRANE jaillit littéralement dans cette musique.

Les cinq premiers morceaux forment une suite, après l'incantation, c'est l'initié qui parle, en kobaïen, progressivement ce climat déclamatoire devient plus pressant, plus emporté pour s'envoler en éclat allant vers la folie d'un chant aigu, lui-même ponctué d'un rire aussi franc qu'acerbe. La machine se remet en marche et ne reprend monastiquement son souffle qu'aux premières minutes de "Fur Dihhël Kobaïa", les chœurs (presque symphoniques) à l'unisson du piano rythmique amènent à "Blüm Tendiwa" (l'âme du peuple), un début comme un moment d'apaisement avec la communion des voix, une lente montée, la puissance vient crescendo à l'arrivée du chant solo de VANDER, une irrépressible et imperturbable volonté de s'élever et de tous se tourner vers le même but s'empare du peuple marchant vers son destin, celui de la destruction de ce qu'il croît être son tyran, peut-être risque t-il, ce peuple, de se retrouver face à lui-même... Cet élan s'apaise, première courte coupure de l'opus, Il faut ensuite retourner au combat, poursuivre le chemin, la longue route, l'esprit guerrier semble s'échauffer et se mettre en branle et se persuader même, avant une nouvelle coupure sur une dernière note de piano tenue jusqu'à l'épuisement du son et balayée par l'imprécation au combat: "Waïnsaht !!!" (en avant), à partir de là, plus de rupture nette, la lutte ne sera pas vaine, car des plaines foulées au pieds par ce peuple en marche, s'élève l'esprit de ce même peuple qui découvre ainsi la vision de la musique céleste "Da Zeuhl Ündazïr". Entre-temps, la lente progression et transition de la lutte terrestre vers l'accomplissement spirituel ou tout au moins, la perception de la vibration, et celle de son propre cri et parallèlement à cette image : la musique, toujours sur une assise bien terrestre s'étend elle aussi vers ces chants célestes, ce superbe chorus hypnotisant dans la deuxième moitié du 10è morceau, seul titre en français, "C'est la Vie qui les a mené là". Puis, en toute fin, avant ces quelques accords inquiétant, le chant articule à peine mais l'on devine l'entendre prononcer : les musiciens du bord du monde. Aux franges de l'immatériel et de l'universel: la substance même du propos ici tenu.

Dépeindre la puissance de MAGMA, c'est souvent passer à côté de l'essentiel : la nuance contenue dans cette puissance, les variations dynamiques. C'est aussi par delà les mots et par delà l'écoute ressentir cette force démentielle délivrée sur scène. La trilogie sera au complet à l'édition discographique du premier mouvement en 1980 sur le double Restrospectiw 1/2, témoignage d'une série de concerts à l'occasion des 10 ans du groupe à l'Olympia. Les éditions ultérieures de différents live remettront dans l'ordre chronologique d'apparition plusieurs autres versions. Wurdah Ïtah se situe bien dans la lignée de MDK, tout en étant différent, même si certains thèmes sont communs, ils font partie de l'architecture de l'univers musical de Christian VANDER, un peu comme la continuité conceptuelle de Frank ZAPPA, il ne s'agit en rien en tous cas d'une redite. MAGMA et son compositeur évoluent, celui-ci à 26 ans et s'apprête quelques semaines plus tard à entrer de nouveau en studio avec trois compagnons de la Zeuhl Wortz supplémentaires pour y graver pour l'éternité le sublime Köhntarkösz.

Note réelle: 4,5

*Mekanïk Destrucktïw Kommandöh

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- Klaus Blasquiz (chant, percussions)
- Stella Vander (chant)
- Jannick Top (basse)
- Christian Vander (piano, piano électrique, batterie, chant)


1. Malawëlëkaahm (incantation)
2. Bradïa Da Zïmehn Iëgah (l'initié A Parlé)
3. Manëh Fur Da Zëss (ensemble Pour Le Maître)
4. Fur Dihhël Kobaïa (pour La Vie éternelle)
5. Blüm Tendiwa (l'âme Du Peuple)
6. Wohldünt Maem Dëwëlëss (message Dans L'étendue)
7. Waïnsaht !!! (en Avant)
8. Wlasïk Steuhn Kobaïa (ascension Vers L'étrnel)
9. Sëhnntëht Dros Wurdah Süms (la Mort N'est Rien)
10. C'est La Vie Qui Les A Menes Là !
11. Ëk Sün Da Zëss (qui Est Le Maître ?)
12. De Zeuhl Ündazïr (vision De La Musique Céleste)



             



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