Les albums les plus difficiles à chroniquer ne sont pas les plus mauvais, mais les plus dénués d’intérêts. Vous voyez où je veux en venir ? En 2009, Mick Jones se dit qu’il est bien suffisant pour pouvoir mettre le nom de FOREIGNER sur un album en réunissant un tout nouveau line up. Kelly Hansen remplace donc Lou Gramm au chant, et remplace est bien le terme puisqu’on sent la volonté dans sa performance d’émuler le Lou alpha, et tout le reste de l’équipe est nouveau sur la galette. Mick Jones se pose donc en gardien du temple, ce qui se tient étant donné qu’il a toujours été plus ou moins le leader de l’Etranger.

Mais quid du résultat ? L’album n’est pas mauvais en soi, mais la question qui me vient le plus souvent en tête en l’écoutant est « à quoi sert-il ? ». Parce qu’il n’est pas bon non plus. Globalement, on a droit à du FOREIGNER en pilote automatique avec un son plus moderne qui rapproche souvent les refrains du rock alternatif à la THIRTY SECONDS TO MARS en vogue à l’époque (écoutez le refrain de « In Pieces » par exemple). Aucune originalité, aucun éclat, juste une copie de morceaux quelconques pour la plupart, remis au goût du jour par ce son du nouveau millénaire. La performance du chanteur est honorable, mais elle suit la voie de Gramm en faisant moins bien au lieu de chercher une identité propre, ce qui n’est pas à son avantage.

Quelques morceaux surnagent, sans offrir la moindre originalité bien sûr mais tapant plus juste, comme l’énergique « Living In A Dream » ou les ballades « I’ll Be Home Tonight » et « I Can’t Give Up ». Un seul morceau est désagréable à mon sens, l’agaçant « Lonely ». Le reste de l’album est rempli de banalités sympathiques, à l’image du morceau titre qui l’ouvre, un morceau bon mais tout à fait banal de hard FM. En conclusion de la livraison, on a droit à un « Fool For You Anyway », reprise de leur premier album, dénué lui aussi du moindre intêret, puisqu’il s’agit du même morceau en moins bien. A noter qu’une version « Deluxe » de l’album propose un autre CD rempli de remixs des anciens titres, et que je n’ai évidemment pas cherché à l’écouter, faut pas déconner trop longtemps non plus.

Mon côté mesquin me pousse aussi à dire qu’il est bien drôle que le guitariste Jones soit le dernier rescapé de FOREIGNER et le gardien de son identité tant sa performance à la guitare est inexistante sur cet album. Pas le moindre riff qui marque, et à chaque fois qu’on croit qu’un solo va exploser, il nous sort à la place un ou deux plans de débutant à la guitare, de sorte que j’ai personnellement envie de lui beigner le pif (particulièrement sur « I Can’t Give Up » et « Too Late » la frustration est immense).

Du coup, on se retrouve avec un album pas (trop) mauvais, mais qui ne sert strictement à rien. Faut dire qu’on s’y attendait un peu. Parce que c’est un album sans Gramm, et que cent grammes, ça pèse pas lourd (Voilà comme ça je conclus la discographie sur un bon jeu de mot de merde, pour la peine !)