Il faut encore 3 ans aux Rois de l’AOR pour offrir un successeur à Agent Provocateur. Il faut dire que si ce dernier, hésitant entre des titres mielleux qui pourrait servir de pièges à abeilles et des hard rock abrasifs pas très très réussis, n’a pas été une vraie réussite artistique, le succès du tube interplanétaire (il a probablement fait danser bien des slows dans les bals de Coruscant) « I Want To Know What Love Is » a probablement mis le groupe à l’abri du besoin pour quelques temps.

Le nouvel album est-il lui aussi victime de ce déséquilibre ? La réponse est non. FOREIGNER assume enfin pleinement d’être un groupe FM (y’a pas de sous métier ma petite dame), et livre un album beaucoup plus cohérent et équilibré au niveau du style, un AOR pur jus, mélodique, qui sait parfois aussi muscler le ton, mais sans jamais faire le grand écart de son prédécesseur, n’en déplaise à JCVD.

Le titre d’ouverture est une bonne synthèse de l’album, avec un hard rock mélodique à refrain qui se veut tubesque. Il s’agit d’un bon titre et la qualité est loin d’être absente, mais ce n’est cependant pas un grand morceau. On touche d’ailleurs du doigt le problème principal de cet album. On ne passe jamais de mauvais moments, mais aussi trop rarement de moments vraiment enthousiasmants.

L’album a le bon goût, ce qui n’est pas toujours le cas chez les groupes FM, de ne pas s’engluer dans une guimauve trop présente, et si les mid tempos sont assez présents, il n’y a que deux véritables ballades : « I Don’t Want To Live Without You » dominée par des claviers languissants et franchement pas très intéressante (en même temps rien que le titre, on nage dans l’originalité comme un manchot dans les rapides), et « Out Of The Blue » un peu plus intéressante, mais pas de beaucoup.

Les tempos vraiment élevés sont tout aussi rares, mais ils sont plus réussis, que ce soit « Counting Every Minute » ou « A Night To Remember » qui clôture l’album, les deux sont entraînants et efficaces, menés par une guitare bien rock et rentre-dedans (en même temps, rentre-dehors, ça voudrait rien dire, me signalent les linguistes).

Le reste, c’est du mid-tempo d’une bonne qualité globale, dont on retiendra surtout « Say You Will », seul morceau vraiment tubesque de l’album et très réussi, et bien sûr le morceau titre, avec son ambiance si particulière dans la musique du groupe, un truc très rythmé et urbain qui ne souffre que de quelques sons un peu datés, mais dont il faut saluer l’originalité et l’efficacité. Un des meilleurs morceaux de l’album, et ayant l’avantage non négligeable d’apporter de la variété au milieu de la galette, comme le fait la petit intro à la guitare acoustique de « The Beat Of My Heart ».

J’ai le plaisir sur Inside Information de voir que Jones a abandonné son style abrasif et déstructuré de l’album précédent, pour un jeu de guitare toujours rock mais plus fluide et mélodique, bien plus agréable à l’écoute. La base rythmique est également solide, et la batterie s’en sort très bien pour un album des années 80, même si certains sons éclaboussent un peu. Quant aux claviers, ils sont évidemment bien présents, mais moins dominants qu’ils pouvaient l’être sur Agent Provocateur. Ils sont également parfois un peu datés, et il ne faut pas être allergique aux 80’s pour apprécier l’album.

En définitive, s’il est plus réussi et plus cohérent que celui d’avant, Inside Information ne dépasse pas le statut d’album sympa, la faute à trop peu de morceaux vraiment excellents et trop de morceaux un peu passe partout. On est à des années lumières de l’efficacité de leur magistral 4.