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Joe SATRIANI - Shapeshifting (2020)
Par BRADFLOYD le 22 Avril 2020          Consultée 3130 fois

Il n’est plus nécessaire de présenter Joe SATRIANI, reconnu par l’ensemble de la communauté de la guitare comme le guitar-hero ultime par sa manière de faire chanter sa guitare comme personne*. Hors les disques avec les SQUARES, ceux avec le G3 ou avec les CHICKENFOOT, le 'Satch' a sorti régulièrement des disques studio, en moyenne tous les deux ans, pour un total de 17 disques, l’E.P "Dreaming #11" mis à part. Cependant, après la doublette Surfing with the Alien / Flying in a Blue Dream, chaque sortie fait l’objet de commentaires du type : c’était mieux avant, pas de prises de risques ou le meilleur album depuis…, à charge, pour chacun des fans du maestro, de donner le nom de l’album qui a sa préférence pour affirmer, de manière péremptoire et définitive, que SATRIANI est loin de son âge d’or.

Déjà, il faut reconnaître un certain talent au bonhomme, aujourd’hui âgé de 63 ans, pour avoir réussi à traverser plus de trois décennies, générer autant de passions et avoir des concerts toujours garnis de spectateurs qui ne se lassent pas de ses plans répétés à l’infini (notes sifflées à outrance, gimmicks utilisés jusqu’à l’écœurement comme ce tremolo au mediator que l’intéressé a inventé, d’ailleurs). Et même si celui-ci se fout royalement de son public (refus de le rencontrer à l’issue des concerts, au contraire des grands seigneurs que sont Steve VAI, Steve MORSE ou Patrick RONDAT), ses albums restent de vraies expériences musicales à partager et suscitent toujours autant d’interrogations dont celle-ci : comment fait-il pour se ressembler et malgré tout se renouveler dans un genre somme toute pas mal étroit ?

Shapeshifting peut, en l’espèce, nous apporter quelques réponses. Déjà, son titre qui signifie 'Changement de forme' résume assez bien l’intention de SATRIANI qui, par ce disque, a voulu incarner autant de types de guitaristes qu’il y a de pistes. Au départ, d’ailleurs, 15 titres étaient prévus mais la décision a été prise de réduire l’opus à 13 pour 47 minutes, ce qui semble une recherche d’équilibre afin d’éviter la redite et permettre que l’ennui ne nous envahisse pas. Ensuite, la pochette est un clin d’œil (volontaire ou non ?) à celle de Flying in a Blue Dream. Même attitude, les cheveux en moins, même positionnement de la guitare et une dominante bleue électrique font de cette pochette un must-have parmi celles qu’il nous a proposées depuis ses débuts. Alors, changement de forme ou pas ? Déjà, nous sommes en terrain connu du côté du contenant, il ne reste plus qu’à découvrir le contenu.

Pour ce disque, SATRIANI s’est entouré du batteur Kenny Aronoff (John FOGERTY), du bassiste Chris Chaney (JANE’S ADDICTION, SLASH, Alanis MORRISETTE), du claviériste Eric Caudieux, qui n’avait plus collaboré avec lui depuis 2002, ainsi que de l'ancien claviériste de PRINCE, Lisa COLEMAN, et de Christopher Guest, le guitariste portant le nom de Nigel Tufnel dans le faux rockumentaire Spinal Tap (1984). En production, SATRIANI a fait appel à Jim Scott (FOO FIGHTERS, RED HOT CHILI PEPPERS, Tom PETTY & THE HEARTBREAKERS) associé à son vieux pote de SQUARES et de l’ensemble de sa carrière, John Cuniberti, sur le mastering.

Trois types d’ambiance caractérisent ce disque : les cavalcades à l'ancienne pour headbangers, les morceaux plus introspectifs et les voyages à travers le monde. D'entrée, le morceau éponyme nous entraîne dans une ambiance étrange. Un roulement de batterie d’entrée puis un rythme en 6/4 pour une vitesse de 205 à la noire. Le groove par une basse chaloupée prend son temps avant que la guitare n’entre en jeu à la 12ème seconde sur des accords en 5ème et ce jusqu'à la 40ème seconde, avant que Satch nous gratifie de son solo. C’est assez proche, parfois, du jazz-rock, tout en étant dans un style plus dur sur la partie accompagnement. Pas le titre le plus facile comme entrée en matière. Mis à part la production parfaite et l’accompagnement qui n’a rien à voir, c’est un titre qui fait appel à nos souvenirs lorsque, en 1986, on découvrait cet artiste sur Not Of This Earth.
"Big Distortion" qui suit est une petite bombe faite pour les concerts avec du clapping à la clé. Ambiance rock'n' roll à l’ancienne assurée. Là, ce sont les fantômes de Flying in a Blue Dream que l’on convoque et c’est assez sympa. Continuons de remonter dans le temps avec le single principal "Nineteen Eighty", un hommage à Eddie Van HALEN et à sa propre jeunesse avec les SQUARES, la bande-son instrumentale à haute énergie pour cette année-là, selon SATRIANI. La basse est largement mise en avant pour un titre qui pourrait être un croisement entre "Crushing Day" et "Back to Shalla-Bal". Anecdote : ce titre a été joué avec une Eddie Van Halen MXR Phase 90, pédale à l’origine de cette volonté de créer ce morceau. Le titre est vraiment excellent ! "Spirits, Ghosts and Outlaws" est une invitation à secouer la tête, voire appuyer sur l’accélérateur de votre véhicule, inspirée par l’image de Nicolas Cage poursuivi par des esprits et des hors-la-loi. Quelques belles dynamiques à mi-pause ont permis à la section rythmique de briller avant que la guitare rythmique ne reprenne le contrôle.

Changement de rythme sur "All For Love" où l’émotion est mise en avant sur à peine 2’30. La mélodie est d’une beauté imparable avec la guitare qui pleure et fait tirer les larmes. Ce titre avait été écrit au début des années 90 et enregistré uniquement sur un clavier Kurzweil K2000 DAW avant d’être revisité pour cet album. Le déluge de notes n’est pas l’apanage de ce titre qui pourrait faire générique dans moult émissions de télé. "Teardrops" propose une interaction entre la guitare de SATRIANI imprégnée de wah-wah et une ligne de basse austère, avec des claquements de mains qui aident à accentuer les rythmes lors du refrain. La piste fait penser, toutes proportions gardées, à "Always With Me, Always With You" dans sa construction. Là encore, une grande réussite. "All My Friends Are Here" est une chanson à chanter. Oui, carrément. Une des plus faciles d’accès, avec un riff de puissance avec écho et, en arrière plan, un banjo. "Falling Stars" s'ouvre avec un groove de ligne de basse qui fait penser à "Goldeneye" chantée par Tina TURNER. Puis un passage funky avant quelques notes d'un piano qui mettent fin au voyage. Le piano, d’ailleurs instrument généralement peu entendu dans la musique de Joe, prend ici une place de choix sur "Waiting", une autre piste introspective qui s'ouvre et se termine sur des rires d’enfants.

"Ali Farka, Dick Dale, an Alien and Me" est le titre le plus étrange du disque. Son couple basse-batterie nous transporte avec son groove d'inspiration orientale. Ali FARKA était une légende de la musique africaine, tandis que Dick DALE était un héros du surf-rock. Ce mélange est réellement un truc qui donne envie d’y revenir. Après avoir voyagé en Orient, l’Occident avec un côté 'country-boogie' tutoyant une pop étincelante dans "Perfect Dust". Inspiré du poème Mexico City Blues de Jack Kerouac, ce pourrait être la version instrumentale et cousine de "Hey Brother" d’AVICCI évoquant ZZ TOP. "Here the Blue River" est un reggae (oui, vous avez bien lu) inspiré du poème de Ralph Waldo Emerson intitulé "The River". Immédiatement, j’ai pensé à Jeff BECK et à son "Behind The Veil" dans "Guitar Shop". Il s’agit du morceau le plus long, s’étirant à plus de 5 minutes alors que la plupart ne dépassent pas les 4 minutes. Enfin, dernier titre, "Yesterday's Yesterday" est une ballade folk joyeuse avec sifflements puis guitare acoustique (une Martin D-28) à laquelle sont ajoutés une mandoline jouée par Christopher GUEST, les notes de piano de Lisa COLEMAN et un banjo sur un rythme tenu à la charleston sur plus de la moitié du titre avant que les clapping ne viennent clore ce disque.

Alors, que dire pour conclure ? Je ne vais pas jouer au fan qui vous dirait le meilleur depuis… ou autres salamalecs. Trois choses à retenir : un, cet album est suffisamment diversifié pour que l’on ne voie pas le temps passer à l’écouter. Ce qui est, en soi, déjà très positif. Deux, les morceaux se suivent et ne se ressemblent pas pour des durées comprises entre 2’30 et 4 minutes. Un certain art de la mélodie imparable et de la concision. Par rapport aux dernières productions du maestro, il s’agit du disque qui m’a procuré le plus de plaisir depuis plusieurs années, et ce n’est pas rien. La plupart du temps, je retenais trois à quatre titres, pas plus, ce qui n’est pas le cas ici. Shapeshifting fait partie des albums que j’ai envie de réécouter au point qu’aucune mélodie ne me soit étrangère, comme dans ses premières productions, disons jusqu'en 1992/1993. Et là, ça devient fortement intéressant. Enfin, trois, Joe SATRIANI a osé sortir de sa zone de confort pour composer un ensemble cohérent malgré l’orientation clairement assumée de vouloir changer de styles. Pour l’ensemble de ces raisons, et parce que c’est quand même vachement bien foutu, 4/5 me paraît être une note largement méritée.

*D’autres guitaristes comme David GILMOUR, Eric CLAPTON ou Gary MOORE font ou faisaient chanter leurs guitares, mais restaient plus ou moins dans leurs domaines d’excellence et, surtout, ne produisaient pas d’albums instrumentaux où la guitare est reine et que l’on pourrait qualifier de 'grand public'. Seul, me semble-t-il, Jeff BECK pourrait se rapprocher du "Satch" par sa technique et ses expérimentations sonores.

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   BRADFLOYD

 
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- Joe Satriani (guitars, banjo, keyboards, whistling, handclaps)
- Chris Chaney (bass guitar, rhythm guitar )
- Eric Caudieux (keyboards, percussion, whistling, handclaps)
- Kenny Aronoff (drums)
- Lisa Coleman (piano )
- Christopher Guest (mandolin )
- Jim Scott (percussion, whistling, handclaps)


1. Shapeshifting
2. Big Distortion
3. All For Love
4. Ali Farka, Dick Dale, An Alien And Me
5. Teardrops
6. Perfect Dust
7. Nineteen Eighty
8. All My Friends Are Here
9. Spirits, Ghosts And Outlaws
10. Falling Stars
11. Waiting
12. Here The Blue River
13. Yesterday’s Yesterday



             



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