Ah chers camarades, ne soyez pas tristes de n'entrapercevoir que le chauve tatoué sur la pochette de ce quatrième opus de ROSE TATOO, drapeau de pirate australien en cap sur une comète. Plusieurs têtes pensantes du groupe sont en effet parties, dont le guitariste slide Pete Wells qui n'est pas des moindres. L'historique batteur Royall s'en est aussi allé, de même que Rob Riley à la seconde guitare. Angry et le grand bassiste Geordie Leach ne se regardent pas longtemps en chiens de faïence – pas le genre de la maison - et recrutent de quoi continuer l'aventure, dans un esprit plus professionnel que réellement festif. Oui, il y a de quoi se poser des questions légitimes mais cela dit, la caution Vanda/Young est toujours là.

L'opus débute donc par l'éponyme "Southern Stars". Premier constat, le son est incontestablement moins plein, moins cru aussi. La production semble plus présente, et même Angry sonne sans doute plus clair. Le titre penche vers de l'A.O.R meets Southern roots, ce qui tombe bien, ainsi que l'annonce le disque finalement. Un très joli morceau aux belles harmonies vocales – rare chez les TATS jusqu'à présent ! Le son de Wells et Cocks n'est plus de la partie, c'est l'évidence. On peut être certains que pour quelques fans, ce changement était dur à supporter. Je conseille pourtant vivement ce titre finalement symbolique. Il y a plus d'agression sonique dans "You've Been Told", une slide correcte pour un boogie rock assez crasseux. Enfin, "The Radio Said Rock'n'roll is Dead" nous renvoie à l'idée qu'on se fait des bad boys from Australia, du Hard-rock burné avec des grattes fumantes et un chanteur hurleur de première bourre. Tout de même !

Hélas, le ventre de l'album se dilue dans une certaine mollesse, un comble quand on s'appelle ROSE TATOO ! "I Wish", le single, a obtenu pas mal de succès en terre Australienne. Les paroles et la vidéo plaident pour plus de justice dans notre bas-monde avec un solo de slide du remplaçant Greg Jordan, mais pas de quoi en pondre une montagne. "Saturday's Rage" nous rapproche du gang d'Adelaide les COLD CHISEL car le propos est plus light, avec un refrain quasi pop et des grattes presque new-wave. J'ai du mal à retenir le refrain à nouveau poppy de "Death Or Glory". Le ton martial de "Freedom's Fame", nanti d'une vidéo assez moche, nous plonge dans un abîme de réflexion. Le groupe a l'air de s'ennuyer ferme, je ne le recommande pas. On retourne aux rivages du reggae avec "The Pirate Song", mais la voix d'Angry Anderson n'est pas du tout taillée pour cela. En Ozz land, voyez donc les MEN AT WORK et Colin HAY pour ce genre précis, là c'est juste affreux. La médiocre "No Secrets", qui ne soulève vraiment pas l'enthousiasme, oscille entre slow et mid-tempo.

On a perdu le nord chez les TATS ! Pas étonnant, me direz-vous, avec un titre d'album pareil ! Blagues mises à part, la dislocation du groupe n'a certainement pas été propice à une créativité de tous les instants. Un groupe de potes doit rester soudé ou c'est vite le bordel ! Leach ne s'y trompe pas et rejoint Cocks Wells et Royall au sein des ILLUSTRATED MEN et notre Angry se retrouve tout seul aux commandes du vaisseau astéroïde australien. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, voilà que notre charismatique chanteur haut comme trois pommes se lance dans le cinéma avec Mad Max 3 - "par-delà le dôme du tonnerre" - , ce qui a pour effet immédiat de mettre le groupe entre parenthèses. En 85, on pense vraiment que les TATS ne s'en relèveront jamais !