Non mais vous avez vu l'année ? Ca fait seize ans que les roses se sont fanées et que les tatouages ont disparu ! Les projets et groupes annexes fleurissent sans réellement porter leurs fruits et nous retrouvons dès 1990 notre Angry à Los Angeles, entourés par des fans - les GUNS'N'ROSES ! -, qui entre deux godets et quelques déplacements en train, le tannent de remonter le groupe. Le lutin se dit que le temps a passé et qu'il est effectivement temps de rappeler ses comparses. Tout le monde est enthousiaste, mais c'est hélas le moment ou se déclare le premier crabe dans la fratrie des tatoués, la première victime est Digger Royall, le batteur, emporté en quelques mois. Tout tombe à l'eau jusqu'à cette première tournée avec les GUNners en 93.

Un autre tour s'ensuit en 98, mais rien de définitif, hélas... L'ère des festivals débute avec le nouveau millénaire et cette fois, le groupe prend conscience de son statut culte suite à la performance du wacken et parvient enfin à décrocher un deal sérieux, ainsi sort le fabuleux live 25 To Life. Cela nous conduit à la sortie de Pain en 2002. Geordie et Pete sont là, seul Mick Cocks manque à l'appel.

La courte introduction de "Black Magic" nous rassure de suite ! On est là pour en prendre plein les esgourdes et le gros son rugueux est bien de retour avec une slide dingo. "Hard Rockin' Man"... Voyons voir, serait-ce autobiographique ? Angry la chante comme telle ! Et reprendre ce refrain en choeur avec eux, avec la slide qui en fait des tonnes est purement jouissif. Un classique de hard rock bluesy composé par le grand Rob Riley. Comme ça commence fort ! Et bien sur des Mid tempos classiques de l'Aaustralia rock ? "The Devil Does It Well" et son solo de l'espace ou "House Of Pain", toutes deux bien crasseuses avec la slide de Wells et les rythmiques bien sèches de Riley. Tout ça est bien houblonnée ! "Heat Of The Moment" est une ode amoureuse remplie de riff binaire et de morgue, Angry y est parfait !

Les TATS sont des spécialistes du rock'n'roll en version speed sous amphétamine, "Astra Wally" est un classique du genre ; alors quand on entend "One More Drink With The Boys", on se dit qu'on a bien fait d'attendre tout ce temps pour retrouver l'ambiance du pub a 3 heures du mat un soir d'Aussie rules pour s'en foutre plein la gueule et rigoler avec les potes... C'est toute la finalité de ce titre fort intellectualisé, mais parfois, ya pas besoin de plus pour se sentir cool. Du rock'roll sans concession à tous les étages voyez plutôt la trépidante "Living Outside My Means", "I Can't Help It If I'm Lucky" sort du même tonneau puis le martèlement et les choeurs de "Union Man" nous plongent au cœur de la rude Australie de l'outback avec quelques relents punky !

On rentre dans le domaine de l'épique avec "Satan's Eyes". Quelle ambiance ! Angry déclame une autre tranche d'aventure avec le talent qu'on lui connaît depuis « Butcher and Fast Eddy » une vraie petite merveille ! L'éponyme « Pain » veut en découdre, c'est l'évidence avec un tel riff. Plus moderne, mais aussi en parfaite adéquation avec la légende de ROSE TATOO, on apprécie cette juste inflexion dans le style – On pense presque à une rythmique de Dimebag Darrell de chez PANTERA. La baston est là avec "17 Stitches" - ouais ça signifie 17 points de suture... et ça dépote comme une bagarre de western, on en fout de partout. Toujours dans l'esprit, "No Mercy" dépote, et si la production est moins raw, évolution minimale oblige, "Kisses And Hugs" défonce quand même sa race. "Kisses And Hugs" relance encore la machine à grands renforts de slide, les cow boys chevauchent et l'herbe ne repousse plus ! Enfin, "Illustrated Man", c'est carrément du boogie à la STATUS QUO, sans le coté fun des angliche mais avec l'aspect purement baston des aussies.

Alors certes, les TATS sortent de seize ans d'activité, mais quand on compare le Stiff Upper Lip de la même époque d'un certain AC/DC et ce monstrueux Pain, eh bin, mes aïeux ! Y'a pas photo, et il faut être sourd pour ne pas s'en rendre compte ! Quel groupe tout de même ! Une résurrection magnifique pour tous les amateurs de rock'n'roll, c'est Lemmy qui a du être content en écoutant cette livraison ! Angry Anderson mène ses troupes au combat comme s'il avait 20 ans à nouveau, il est parfait notre lutin chauve hurleur, quel personnage ! L'opus est blindé jusqu'à la gorge et certains titres peuvent paraître dispensable, mais l'ensemble se laisse vivre comme un combat de boxe auditif, à la fin, vous serez ko, vous allez voir !