Bordel Inside (1999) avait pu surprendre une partie des fans de PARABELLUM qui avait été surpris par l’évolution du groupe qui se montrait moins direct, moins primaire et peut-être un peu moins fou.
Il en sera de même avec ce Bunker qui donne l’occasion à la bande de Schultz d’explorer de nouveaux univers.

C’est clairement le cas avec "Pire qu’un Gun" qui voit le groupe inviter SAI SAI à partager le micro pour un titre qui agrège le Rock de PARABELLUM avec des couleurs Ragga, et une rythmique qui oscille entre ces deux univers. Surprenant et plutôt réussit, notamment du fait d’un refrain imparable. Il est à noter que ce n’est pas une première pour SAI SAI qui avait déjà collaboré avec Les SATELLITES sur "Les Satellites capturent Saï Saï" en 1993. La suite est plus « classique », on y retrouve le Punk Rock un plaisamment bourrin de PARABELLUM avec "L'image sur l'écran" et "Capsule à Freak".

Au regard du style qu’ils pratiquaient à leurs débuts on ne peut que constater que la fraîcheur et la spontanéité initiale ont un peu laissé place à une puissance massive portée par un gros son. Les fans de l’esprit Scène alternative française en seront certainement un peu déçus, mais il faut reconnaître qu’un immobilisme artistique aurait également soulevé des critiques. Alors il y a plutôt lieu de louer cette volonté de progression, qui s’exprime totalement dans "Transnational Squale" dont la rythmique syncopée lorgnerait presque du côté de RATM. Là, clairement le groupe se montre surprenant et prend des risques.
C’est moins le cas avec "Pas de pitié" et "Ma gueule en photo" qui, tout comme "L'image sur l'écran" et "Capsule à Freak" proposent une musique lourde et puissante, mais guère originale. Le tout étant tout de même rehaussé par des textes sympathiques et bien troussés.

Avec "Anarchie en Chiraquie", PARABELLUM se montre à nouveau bien plus surprenant et convaincant. Il faut dire que la participation des SVINKELS et le côté acerbe des paroles font merveille. Les deux titres suivants, le bien bourrin "J’ai décidé", à la logique de bulldozer, et "Rats Academy" aux tonalités plus Industrielles prouvent une fois de plus que sur cet album le groupe a clairement fait le pari de tenter, d’explorer, et n’entendait pas se limiter à son style d’origine. Il en va de même avec "Les tensions durent", qui reprend un peu le style initié avec "Pire qu’un Gun", mais de manière un peu moins heureuse.

En 2002 PARABELLUM a pris le parti, risqué, d’élargir sa palette d’expression en durcissant son propos et en y ajoutant des influences qui le sortent de la niche Rock alternatif à laquelle il était affilié.
Ce n’est pas toujours génial, mais cela a le don de surprendre et d’éviter que l’auditeur n’ai le sentiment que le groupe ne tourne en rond. Et au-delà des très bons moments que constituent "Pire qu’un Gun", "Anarchie en Chiraquie" et "Centaure Mécanique", le groupe compense ses légères faiblesses de composition par un son puissant qui donne un côté bien jouissif à ses compos. Il faut à cet effet saluer le travail de Xavier Mesa (batterie) qui a mixé cet album de main de maître.

Bunker, n’est clairement pas le meilleur album de PARABELLUM, mais c’est un disque courageux qui possède de réels atouts et qui est le fruit d’un groupe qui ne se repose pas sur ses acquis.