Suite à la sortie de leur premier E.P On est gouverné par des imbéciles, le groupe traverse une période de flou durant laquelle le line-up peine à se stabiliser. Le groupe intègre alors un second guitariste en la personne de Kemar, mais celui-ci se fracture la clavicule avant l’enregistrement de Gratuit : 2 titres en moins !, et est alors remplacé par Sven.
Durant cette période, PARABELLUM parvient tout de même à placer deux titres dans des compilations Punk. "Stalag 27" dans France profonde (1984) et "Père Noël" dans Les Héros du peuple sont immortels (1985). Deux compilations sur lesquelles les PORTES MENTAUX sont également présents.

Si le groupe est encore instable, il traverse toutefois une période très créative : plusieurs de ses classiques incontournables voient alors le jour. Ainsi "Papa", "Stalag 27" et surtout les deux tubes "Cayenne" et "Ilôt Amsterdam" sont présents dans ce mini-album composé pourtant de seulement huit morceaux. Autant dire qu’en terme de matières, il y a de quoi plus que se réjouir.
Un petit bémol concerne le son un peu faiblard. Si la production du premier E.P avait plutôt impressionné, ici, il y a de quoi être déçu, d’autant plus quand les compositions sont aussi fortes.
Que ce soit l’hymne "Ilôt Amsterdam", une relecture très libre et noire du "Amsterdam" de Jacques BREL (chanson qui pour la petite histoire est née d’une promenade à "Zeebruges" et du fait que BREL ne trouvait pas assez de rimes avec cette ville…) qui deviendra un incontournable du groupe, le féroce et véloce "Papa" dans lequel on retrouve tout l’humour noir et désabusé de PARABELLUM à travers un texte superbe, porté par une guitare implacable (titre inspiré fortement du "Living On Dreams" des VICE SQUADS pour la musique et du grand-père paternel du Géant vert qui était rentré alcoolique et traumatisé de la guerre de 14 et revivait Verdun lorsqu’il y avait de l’orage), ou bien le plus lourd et rugueux "Cayenne" dont la montée en puissance explose en un final jouissif, le tout accompagné d’un texte assez savoureux, le seul à ne pas avoir pour auteur le Géant vert (contrairement à ce qu'indique la première édition de l’album). En effet, il s’agit d’un chant traditionnel anarchiste du début du siècle dernier, souvent attribué à Aristide BRUANT, et dont le groupe a retiré le dernier couplet :
Sur la tombe on lira
Cette glorieuse phrase
Écrite par des truands
D'une très haute classe
Honneur à la putain
Qui m'a donné sa main
Si je n'étais pas mort
Je te baiserais encore !
Cette adaptation est si réussie que LES AMIS DE TA FEMME et SANSEVERINO en feront une reprise (en y ajoutant, eux, le dernier couplet).
On peut également citer "Stalag 27", "Kozak Surboum" et "Berceau-Néo-Caveau", des bons titres, à la fois puissants, mélodieux et entraînants. Ce dernier morceau donne la vision qu’avait le Géant vert de l’école.
L’album s’achève sur "La bombe et Moa", un titre qui figurait déjà sur leur premier E.P. Pour son auteur, c’est un morceau très simple, une keuponnerie de base. Le texte est d’une facilité… C’est fun, c’est tellement exagéré. Ce n’est pas un grand moment de militantisme anti-ricain….

On le voit, la qualité est clairement au rendez-vous, et le Punk Rock de PARABELLUM a tout pour entraîner et convaincre. Malheureusement, la production, confiée à Christophe Sourice, le batteur des THUGS, manque clairement de puissance et ne place pas ces très bons morceaux dans les meilleures conditions pour briller.
Et c’est bien dommage car sur le fond Gratuit : 2 titres en moins ! est un des sommets artistiques du groupe.
Cette salve de morceaux imparables parvient à concilier puissance, fun et spontanéité.