En 1999, à la surprise générale, PARABELLUM, qui s’était séparé en 1991, nous revient avec ce Bordel Inside de très bon niveau. Moins hétéroclite et plus cohérent que ses prédécesseurs, cet album qui se positionne à mi-chemin de MOTORHEAD, des RAMONES et The DICTATORS propose une floppée de titres Punk Rock très solides.

Mais cette homogénéité ne signifie pas pour autant que le groupe reste figé dans un style immuable. Tout au long de ces douze titres, les tempos varient, allant du très rapide avec "Sept ans de malheur" et "Les deux boules de cristal", au plus posé avec notamment "Les fantômes du Pogo" aux délicieux effluves reggae. Si cohérence il y a, elle est en grande partie à mettre à l’actif de la production de très bonne qualité : le son est puissant, clair et dynamique. Certains diront que ce faisant, PARABELLUM y perd un peu de son identité underground, de son essence "garage".
Et en effet, ce qu’il gagne en efficacité, il le perd légèrement en pittoresque et en dérision, en humour également. Enfin, de l’humour il en reste toujours, mais il n’est plus un objectif en soi et est désormais mis au service des sujets traités. C’est ainsi le cas de "Love Factory" qui évoque l’industrie de l’armement, ou bien avec "Sept ans de malheur" qui brocarde la soif de pouvoir de nos élites. Et pour ce qui est de sa marginalité, le groupe conserve bien sa manière si personnelle d’aborder ses morceaux. Pour illustrer cela, on peut constater que la reprise du "A Saint Lazare" d’Aristide Bruant n’a plus grand-chose à voir avec la version pleine de légèreté et de sensibilité de PATACHOU (Patachou chante Bruant, 1962). Ici, nous sommes en mode 'bulldozer'. C’est bien jubilatoire, même s'il faut reconnaitre qu'un peu plus de finesse n’aurait pas nui.

Sans être hyper-démonstratives, les guitares de Sven sont comme toujours bien jouissives, même si on n'aurait pas regretter qu’il se lâche encore un peu plus, comme il affectionne parfois le faire sur scène. Pour ce qui est du chant, il est clair que feu Schultz n’a pas ce que l’on pourrait appeler une 'belle' voix. Au surplus, sa puissance vocale n’est pas réellement impressionnante. Mais si cela peut rebuter certains, il faut reconnaître que son timbre rugueux colle parfaitement à l'ADN du groupe. De plus, son excellente diction permet une parfaite compréhension des paroles qui se montrent tour à tour touchantes, humoristiques, musicales.

Avec Bordel Inside, PARABELLUM entre un peu dans la norme, mais il le fait avec une telle passion qu'on reste conquis. S'il est vrai qu'il perd un peu de son cachet "typique", il est indéniable qu'il le compense par une efficacité et une flamme communicatrices.
Un très bon disque de Punk Rock porté par d'excellentes paroles.