Les choses vont bien pour SURVIVOR, qui voit ses singles s'enfiler comme autant de perles au sommet des Billboards. Pour un groupe d'AOR soft rock à tendance Hard, c'est la panacée, ce que tout le monde cherche à accomplir. La venue de Jimi Jamison a comme dopé nos compositeurs. Il faut dire que Rocky – aka Sylvester Stallone – a aussi joué un rôle essentiel plus tôt dans cette réussite… Qui sait comment cela aurait évolué sans "Eye Of The Tiger" ? Et donc puisqu'un tigre averti en vaut deux et que Sly nous refait le coup du Rocky – IV cette fois -, il attend à nouveau du groupe qu'il lui réponde un classique pour illustrer son nouveau film, ou le gentil américain propre combat le vilain russe dopé.

C'est ainsi que naît "Burning Heart" qui exalte à merveille les sentiments patriotiques que tout américain bien né revendique pendant son american life. Ici, le combat symbolise la guerre froide qui oppose depuis 45 l'Union Soviétique et les Etats Unis. La chanson sonne très très américaine – James BROWN signe d'ailleurs pour ce film "Living In America" pour rester dans le jus – et Sly Rocky est parfait pour véhiculer l'image du bien face au méchant russe. Le titre fait un flambard et atteint la 2eme place du Billboard, et les jeunes ados d'alors se sentent tellement « pro US' !!

Pour le reste c'est moins brillant : "Is This Love" est le premier single à écumer les Billboards… La chanson n'est pas désagréable, juste un peu transparente et bâtie comme tous les titres de SURVIVOR avec un joli bridge, mais le refrain sonne trop variété à mon goût. S'ensuit "How Much Love", qui va à peine faire mieux, une 51eme place… Pas de quoi pavoiser, serait-ce le cauchemar qui recommence ? C'est la même analyse en un poil mieux. On continue avec "Man Against The World" - 86eme - , mid slow AOR quasi choisit pour être la fameuse BO en lieu et place de "Burning Heart"... Joli move salvateur du dernier moment, n'est-il pas ?

Quelques morceaux chouettes : "Oceans" se présente comme un morceau typé AOR, avec du lyrisme et des lignes de synthé très pompières. Bref, nous nageons dans le grand courant mainstream des eighties, sans que cela soit naze pour autant, c'est juste daté. Plein de claviers partout sur "Rebel Son", c'est le royaume de Jim Peterik… Bon, cela sonne BO, on croirait presque un Elton JOHN du pauvre. Dieu merci, les gars se réveillent et balancent une sauce assez cool sur la suite, enfin ! Un morceau réussi de cette livraison. Avec un Frankie qui finit par prendre confiance en lui sur ses intervenions en solo.

L'éponyme "When Seconds Count" est assez original pour se signaler, les ingrédients restent les mêmes, mais le chant de Jimi y est de très belle qualité, on n'est pas si loin d'une ambiance Americana. Le reste est moins brillant : un synthé qui joue à l'accordéon, voilà qui devrait être interdit... "Backstreet Love Affair" plonge dans les méandres du mainstream le plus soporifique, voilà le type de titre oscille entre AOR et variété avec un refrain plutôt soutenu heureusement. A nouveau, le piano retentit comme chez MEAT LOAF pour un des instants rois de l'AOR, ça donne "In Good Faith", ça s'écoute poliment mais ne concurrence jamais le cador du genre, Jim Steinman ne craint rien. Enfin, le gros riff de "Can't Let You Go" nous ramène vers des considérations plus rock, mais la simplicité de la compo et les plans entendus mille fois n'aident pas. "Keep It Right Here" est par trop répétitive.

L'album profite incontestablement de la présence du giga hit "Burning Heart" pour atteindre une honorable moyenne. On n'est cependant pas au niveau de l'album précédent. Mais SURVIVOR finit son petit bonhomme de chemin, bénéficiant coup sur coup des deux Rocky pour créer les deux morceaux qui firent sa légende. Frankie Sullivan et Jim Peterik ne parviendront jamais à faire aussi bien. Un album qui reste très écoutable, ainsi que ce style de musique finalement très passe-partout le permet régulièrement... pour des oreilles des années 80... pour les autres c'est certainement un peu kitsch !