18 longues années se sont écoulées depuis les dernières aventures discographiques originales du monstre ricain de l'AOR – pléonasme : l'AOR ne concerne que les ricains finalement non ? Il s'est passé bien des choses depuis les années 90. On se souvient que Peterik s'est fait la malle et qu'après bien des vicissitudes, Jimi Jamison a regagné le bercail, après des années à faire l'essuie glace avec son alter ego Dave Bickler. On retrouve d'ailleurs des titres des deux chanteurs sur cet album ! Et... tiens ! Pour une fois la pochette est jolie, il aura fallu attendre tout ce temps pour que SURVIVOR trouve l'esthétique dans cette branche.

La dernière contribution de Jim Peterik pour « son survivant » est le meilleur moment de cet album, en effet "Fire Makes Steel" mixe tous les ingrédients qui séduisent dans le Hard FM, une grosse gratte à la Rocky, un chant mélodique et une mélodie bien catchy. Il y a donc du gros riff, comme sur "Don't Give Up", très révélateur du groupe, AOR en diable avec un refrain bien mélodique et une gratte nucléaire. On peut aussi évoquer le jolie titre qui introduit l'album, l'éponyme "Reach" qui sonne comme un mix entre Americana et Soft rock, très agréable et dynamique, avec de belles grattes abrasives.

Le compositeur guitariste Sullivan se met lui même derrière le micro pour deux titres, quand on se souvient que Peterik chantait lui aussi, ça en fait des chanteurs pour un seul groupe ! Les deux compositions qu'il chante sont mignonnes : "Nevertheless" sonne très eighties avec un petit coté gentillet, ce qui n'a rien de négatif. Puis "Talkin Bout Love" sort exactement du même moule. Frankie se révèle un chanteur acceptable, rien à voir cependant avec les voix de Jamison ou de Bickler.

On est un king de l'AOR ou pas ? Alors ? Et ouais du slow larmoyant avec grattes incisives il y a avec "One More chance" composée avec Bickler dans les nineties, mais avec Jamison au chant. Bickler a aussi produit les textes de "I Don't", qui s'approche plus d'une chanson pop, et un petit esprit Americana avec sa gratte folky traîne de ci de là. Jimi en rajoute pas mal dans "Seconds Away", visiblement écrite pour plaire aux jeunes filles, comme dans les eighties et quelle surprise d'y retrouver mon cher Adrian GURVITZ – The GUN, THREE MAN ARMY, BAKER GURVITZ ARMY - dans les crédits ! On a un slow assez poussif pour conclure l'opus, "Home" propose certes de belles guitares en tierces à la EAGLES, mais c'est tout de même très mou alors que "Half Of My Heart" est un nouveau mid slow assez classique.

Le message est clair, il fallait lancer l'idée de gagner quelques billets verts supplémentaires. Il faut retenir le "Fire Makes Steel" de Peterik comme un excellent moment de cette livraison, tout le reste est très écoutable, très agréable, bien produit et tout à fait recommandable... pour les amateurs de Hard FM/AOR. Cette dernière contribution de SURVIVOR sera probablement la dernière, car le décès de Jimi Jamison en 2013 rend l'espoir d'un nouvel album encore plus lointain, à moins de convaincre Bickler de s'y remettre mais surtout de persuader Jim Peterik d'écrire encore quelques hits avec son ami/ennemi Frankie Sullivan. Un trois équilibré pour terminer la petite disco du survivant.