L'histoire de SURVIVOR ne fait qu'un avec celle d'un seul homme, Jim Peterik, survivant de tous les combats menés par les artistes locaux de la ville de Chicago dans les années soixante-dix. Qui plus est, suite à un crash d'avion, il échappe par miracle à la mort survenue pour tous les membres du groupe de jazz fusion CHASE avec lesquels il devait jouer comme guest – il rate l'avion. Un premier instant de grâce avec le groupe IDES OF MARCH et son one hit wonder "Vehicle", qu'il chante, et qui atteint la 2ème place du Billboard en 70. Un premier album solo avec le JIM PETERIK BAND sans succès, puis le destin le met en présence du guitariste Jim Sullivan. Le groupe naît en deux minutes. Les autres membres du groupe sont des potes et des habitués des circuits de la cité du lac Michigan. Le mythique John Kalodner les signe pour Atco et nous voici en lice pour un premier album qu'on voit prometteur, avec une jeunette Kim Basinger sur la pochette, pour les amateurs de blondes !

Bref, premier constat, le single "Somewhere In America" ne fait pas le buzz espéré, mais connaît un statut quasi culte autour de Chicago dès sa sortie. Pourtant, dans le genre cador de l'Arena rock, Soft rock mix AOR, on ne fait guère mieux : des chœurs pop, des grattes hard, une voix agréable, un digne solo de Sullivan, l'ensemble sonne efficace. Pour les afficionados d'un certain hit un brin connu du groupe, il paraît que "Youngblood" a fait office de brouillon. Le titre bien agréable est effectivement prometteur. On pressent que les compositeurs en ont sous la pédale. On retient notamment le superbe refrain. Mauvais calcul, la compo "Rockin Into The Night", absente ici, jugée trop southern rock par la boite de production, est donnée à 38 SPECIAL qui en fait un mini-hit (43ème au Billboard). On se dit toutefois que le groupe a des possibilités.

C'est parfois carrément hard-Rock comme le prouve "Let It Be Now" au son de gratte si caractéristique. Ceux qui comme moi ont débuté la guitare dans les eighties cherchaient à avoir ce son. Ouais, ça a bien changé, le solo de Jim est d'ailleurs très réussi ! La Statique "Love Has Got Me" - chantée par Jim - annonce d'ailleurs l'arrivée de DEF LEPPARD qui a dû s'inspirer des techniques vocales de SURVIVOR, ça semble évident. Un peu de son à la VAN HALEN sur "Freelance". Si si on jurerait Eddie sur son premier né, logique non ? On repart cependant en AOR land sur "Whole Town's Talking" et "20/20", des compositions sans-doute un brin bateau, mais toujours bien gaulées. Les refrains en mode pop sont souvent cools ainsi "As Soon As Love Finds Me" et son joli riff ou "Can't Getcha You Off My Mind" qui pêche toutefois un peu avec son synthé pompier. On retient le riff sympa de "Rebel Girl" à l'esprit tellement eighties.

Enfin, un slow ! Tout de même, on est sensé faire du soft-rock, il était temps ! Cela dit, on s'endort sec sur le début de "Nothing Can Shake Me" qui, heureusement, se transforme en Hard avec des chœurs puissants. Ce premier opus, bien équilibré et fort symbolique, propose la musique mainstream rock pratiquée alors en terre de l'oncle Sam. SURVIVOR symbolise cette musique à la perfection. L'ensemble sonne bien, mais je ne retiens véritablement de cette livraison que "Youngblood". Aucun réel faux pas cependant, il convient de mettre un 3 costaud tout proche de celui obtenu quelques mois plus tard par leurs potes canadiens de LOVERBOY.