John Sebastian a quitté les LOVIN' SPOONFULL à la mi 68. Cela n'a pas empêché le groupe de vouloir continuer l'aventure. Le batteur Joe Butler s'est même senti pousser des ailes de leader. D'ailleurs voyez donc cette photo de couverture, étrange au premier regard, vous n'êtes pas sans remarquer la police moderniste et le featuring Joe Butler à coté du nom des petites cuillères. Le mec a vrillé, c'est lui sur la photo, poursuivi par une nana comme lui dans le plus simple appareil. La principale mission consistant à remplacer l'irremplaçable Sebastian, parti sous d'autres cieux. Alors le groupe se met au boulot et chacun des trois membres composent pour l'occasion.

Le duo de compositeurs Bonner/Gordon se met au taf pour pallier l'absence de Sebastian au niveau des singles, on les connaît notamment pour leur fabuleux "Happy Together" des TURTLES et proposent trois titres. "Till I Run With You" était supposé être le nom de l'album, jusqu'à ce qu'il fasse un flop de l'enfer dans les charts, la maison d'édition s'est alors dit qu'il valait mieux changer le nom de l'opus. Le titre n'a pourtant rien de honteux. La douce et martiale "Me About You", très américaine, ne fera guère mieux. "Amazing Air", qui introduit l'album, est assez mignonne et rappelle les élans de JEFFERSON AIRPLANE. Sur ces trois titres, Joe Butler ne démérite pas au chant.

Ce n'est pas toujours le cas et il connaît quelques difficultés derrière le micro, ainsi, sur la médiocre "The Prophet". La belle gratte folk de "Only Yesterday" ne bénéficie ensuite pas d'un chanteur suffisamment bon en la personne de Joe pour réellement briller. "Jug Of Wine" est bien mollassonne et manque de ressort. La longue "War Games" composée par Butler, est une suite de scénettes bruitiste, avec accouchement puis défilé, battement de cœur, récitation de la devise des US par des écoliers, l'armée, la guerre, la bombe atomique bref, tout le toutim lambda de l'américain moyen. On en ressort lessivé et sans avoir compris la démarche.

Il nous reste "Never Going Back", une composition de John STEWART, membre du KINGSTON TRIO et songwriter de talent. Du folk de facture moderne, à l'image des titre rock folk de Bob DYLAN avec un joli solo d'Yester, qui assure le chant, mais le billboard ne cillera pas un instant. "Revelation Revolution 69" déménage carrément, mais on sort carrément du rayon d'action des LOVIN' SPOONFUL sur ce titre bien pêchu. Probablement la meilleure composition de Butler. Enfin, "Words" est d'un style plus moderne, plus ambitieux aussi mais il est sans doute trop tard pour l'apprécier comme il le mérite.

Cela semblait couler de source, le dernier album des LOVIN' SPOONFUL n'a plus grand chose à voir avec le reste de la discographie. On distingue bien certaines qualités chez Joe Butler, mais il est probable que le temps n'a pas joué en faveur de cette dernière mouture du groupe. La plupart des morceaux sont soient moyens, soit faibles. Tout ceci est trop juste pour même conseiller l'écoute. Les fans du groupe voudront connaître la bête afin de compléter la disco, comme il se doit mais on évolue autour des deux étoiles. Et ainsi s'achève les destinées des petites cuillères New Yorkaises. Il nous reste toutefois les deux odes immortelles du groupes : "Daydream" et "Summer In The City".