Quand je vous dis que le temps n'a aucune prise sur Cherilyn Sarkisian, je ne plaisante pas. Vous avez vu la plastique de la grand-maman de 67 ans qui orne la pochette de cet énième opus ? Dingue non ? Et les années qui suivent ne changent rien à l'affaire. C'est tout bonnement incroyable. Résumons-nous car ce n'est pas de la tarte, cette discographie !
CHER a fait la preuve de ses qualités artistiques avec Not.Com.mercial à l'orée du 21ème siècle, puis a replongé dans la dance avec Living Proofcar la qualité finalement, ça ne nourrit pas sa femme. Enfin, vous avez compris le raisonnement. Modernité est donc le maître-mot et on peut attendre de la donzelle qu'elle s'adapte avec l'aide des grands manitous de Warner à ce qui se fait de mieux pour les oreilles des djeuns du moment.

C'est donc à la synth "Woman's World", qui évoque fortement MADONNA ou Katy PERRY, de mener la première charge pour investir les charts. Beats et claviers en avant, les lyrics bien dans l'idée, on évolue dans la dance et la voix de CHER fait le reste avec le talent qu'on lui connait. Comme il se doit, l'artiste la promeut dans The voice US et atteint la première place du chart dance. On continue avec le slow "I Hope You Find It", romantique et proche des thèmes AOR. On la verra la chanter en France dans Vivement dimanche de tonton Drucker, miam, pour des résultats assez décevants en revanche. On repart sur les chapeaux de roue avec "Take It Like A Man", même référence que pour la première, sensiblement le même résultat - 2ème du dance chart -, un petit hymne pour la communauté LGBT. Enfin, "I Walk Alone", toujours dans la même veine – et même place -, tape un brin plus dans la pop et propose enfin un refrain plus pêchu.

CHER pourrait rythmer avec fitness, non ? Alors bien sûr, tout ici rime avec dynamique, le plus souvent axé dancefloor : "My Love" est un beat up-tempo dansant, à grand renfort de beat techno transe. "Dressed To Kill" enfin, dans son cas, est plutôt "Undressed", mais là, pour le coup, les aspects synth techno du titre téléscopent autotune et ambiance quasi épique pour le meilleur de tous les mondes. Bah, le titre portait en lui-même les prémices du succès. Je l'aurais volontiers sorti en single, celui-ci, mais je ne suis pas dans la population cible. L'ambiance reste sensiblement du même niveau avec "Red", en moins originale, mais j'y ressens pas mal l'influence des nouvelles divas d'alors, LADY GAGA ou Katy PERRY. La chevauchée dance synth continue sur les efficaces "Lovers Forever", "Pride" ou "I Don’t Have To Sleep To Dream".

Nous avons aussi quelques slow à nous mettre sous l'oreille. Un peu de technique vocale sur le mid-slow "Sirens", et il faut admettre que l'icone n'a rien perdu de sa superbe avec les années. Une belle composition qui sert au mieux ses intérêts et ceux des Philippins, puisqu'elle sert à la levée des fonds pour les victimes d'un typhon dans le pays. "Lie To Me" est une autre belle compo', un slow pop qui met encore en exergue sa splendide voix de contralto. Un piano solitaire conduit le mid-slow "You Haven’t Seen The Last Of Me", sorti de la B.O du film Burlesque, avec CHER en vedette. C'est efficace et carré. Le ton martial de "Favorite Scar" nous amène ailleurs, ce qui brouille indéniablement les cartes? C'est à nouveau très bien fichu. Je sais, je me fais encore avoir par CHER. mais quelle voix tout de même !

Les singles me semblent mal choisis pour porter la bonne parole de ce disque. Certains titres dynamiques auraient été bien plus efficaces, surtout pour le hot 100 et non pas pour les secondaires dance charts. Il faut admettre que dans certains cas, la musique de production peut atteindre de bons résultats, et ici l'armée de producteurs autour de CHER parvient à capter le talent de la belle blonde, et ces compositions servent bien son art. Il est rare qu'un disque orienté dance puisse avoir mon aval. J'imagine donc que celui-ci est un peu spécial et d'une redoutable efficacité, à défaut d'une réelle originalité.