Après un très bon premier album, VULCAIN nous revient logiquement avec Desperado qui utilise globalement les mêmes recettes que son prédécesseur, à savoir des rythmes plombés, un chant abrasif et des tempi bien speed. Si l’ensemble pourrait encore paraître assez monolithique, certains titres, comme "Richard" et "Sweet Lorraine", donnent toutefois à l’ensemble un peu de souffle, lui évitant d'être trop indigeste. Mais il ne faut pas penser pour autant que le groupe devient plus sage : même dans le cas de ces morceaux plus calmes, la voix de Daniel Puzio souffle la rage, celui-ci réussissant à faire transpirer sa conviction et sa hargne à chaque phrase.

En toute logique, cet album est d’ailleurs celui avec lequel VULCAIN atteint ses sommets de rugosité et de vélocité. Soutenu par un son excellent pour l’époque, et par l’arrivée du puissant Mark Varez à la batterie, le groupe ne sera plus jamais aussi affuté. En effet, après Big Brothers, le groupe renoncera progressivement à utiliser la recette du coup de boule permanent, optant pour une alternance de petites claques et d’uppercuts. Ne pensez pas pour autant que Desperados soit dénué de feeling ou de finesse. Du feeling, il y en a à foison, à travers la voix, les chorus de guitares ou les mélodies.

Tout au plus peut-on regretter la légère reverb' qui enrobe certaines parties de chant, et les lignes de batteries du alors novice Marc Varez, un peu linéaires. Mais l'écoute de "Blueberry Blues" ou de "Comme des chiens" suffisent à convaincre de l'intensité et de la ferveur que le groupe mettait dans ses morceaux.
Si vous aimez la simplicité et la chaleur d’une musique sans détours, cet album aura sur vous l’effet d’un bain de jouvence. Certes, avec un recul de quarante années au compteur, il est fort probable que la nature et la qualité des textes fassent un peu sourire, quoiqu'ils participent pleinement à faire de ce disque un condensé d’énergie et de passion, domaines qui s’accommodent mal avec la raison et la réflexion. VULCAIN sortira de très bons disques par la suite, mais sans jamais reproduire une telle intensité. Alors foncez et, comme dit feu le leader de PARABELLUM : à quoi ça sert les freins, quand la tête est si dure…

Il est a noter que sous l'impulsion de leur manager Elie Benali, le groupe s'essaya à commettre une version anglaise de Desperados. Mais le résultat fut si déplorable que VULCAIN renonça à finaliser le projet. Seule la version anglaise de "Sur la route", issue de ces cessions, vit le jour dans la compilation Salut les tympans fêlés (1985), sous le nom de "Dreaming".